D'abord, je ne suis pas le fan ultime de la série télévisée de 1967, j'en garde toutefois le souvenir d'une mini-série en avance sur son temps, avec un décor balnéaire, une série de numéros Deux inquiétants, des plans d'évasion voués à l'échec et le leitmotiv "Who is number One ?" suivi de l'implacable réponse, évidente : "You are, number Six." C'était très fort, ça se suffisait à soi-même, c'était culte, alors pourquoi vouloir absolument en faire un remake ?
6 épisodes de 40 minutes plus tard, le verdict est douloureux : faire du neuf avec de l'ancien n'est pas un gage de succès. Plusieurs choix scénaristiques sont venus foutre en l'air ce refaisage (je respecte la loi Toubon, moi) :
- l'île est remplacée par un oasis dans le désert. Au lieu de filmer dans un vrai village, on a le droit à des maisons dont on voit clairement qu'elles ne sont qu'une façade, comme dans les mauvais westerns. L'avantage, c'est que le désert, ça coûte pas cher à louer, comme décor.
- il y a un seul numéro Deux, Ian McKellen, qui est nickel dans son interprétation.
- numéro Six est un personnage stupide qui n'a rien à voir avec l'agent secret originel.
- il ne se passe rien pendant les épisodes (ou si peu).
- numéro Deux a un fiston qui ressemble à un fils Sarkozy.
Mais le gros changement, c'est la superposition de deux narrations : celle du Village, dont le héros ne cherche pas tant que ça à s'échapper, et celle du monde réel, où s'esquisse progressivement les raisons de son internement dans un village paumé au milieu du désert. Et c'est cette seconde narration, aussi intéressante qu'une pub pour un yaourt, qui très vite fait craindre le pire sur l'explication finale de la série. Craintes qui, hélas, ne font que se confirmer tandis que l'histoire avance : c'est bel et bien une resucée de La méthode du docteur Chestel.
Le Village n'est pas crédible, son assise est branlante dès le départ, son économie intangible, sa sociologie vaporeuse... Et l'explication finale n'explique en rien les trous scénaristiques, les incohérences et le mystère : le Village est aussi beau et aussi utile qu'une boule à neige.
Reste un complot bigbrotherien très moyen, des dialogues à double sens mais qui n'en ont aucun, des mystères jamais expliqués, quelques clins d'oeil à la série originale, et surtout, un ennui profond devant ces 240 minutes où l'on a aucune sympathie pour le personnage principal. On se rêve plutôt en numéro Deux pour lui faire subir des sévices tellement on a envie de lui claquer le beignet.
Dans le même genre d'histoire, le film avec Jennifer Lopez, The Cell, avait au moins une esthétique intéressante.
Une grande force de la série originelle, c'est qu'elle n'a pas de trous scénaristiques à la con, puisqu'elle n'explique JAMAIS.
RépondreSupprimerAutant la bande annonce de ce remake américain m'intriguait, autant ta chronique me fait comprendre que jamais aucune autre série n'aura les couilles de faire ça : "non, on n'expliquera pas ; non, y'a pas de justifications ; etc."
The Lost Room avait eu le bon goût de laisser des choses dans l'ombre mais 1/très peu de choses sont laissées dans l'ombre 2/c'était un triparter test pour une série plus longue qui, n'en doutons pas, aurait tout expliqué.
Lost n'explique pas grand chose mais se perd dans le désir d'une storyline et n'a pas la force de l'impact du Prisonnier qui, outre sa qualité et la force suggestive de l'univers qu'elle présente (tu devrais lire "Mémoires trouvés dans une baignoire" de S. Lem qui sera sous peu chroniqué par wam), était sorti en pleine guerre froide, quelques années seulement après la Baie des Cochons, l'assassinat de Kennedy, Dr Folamour, etc.
Autant dire que c'était mort dès le départ (et ce sans aucune critique sur le contenu même de la série, juste à cause du fonctionnement des boîtes de prod et de l'état d'esprit actuel des spectateurs à laquelle la série s'adresse).
Y a pas à dire Cédric, tu sais vendre une série ! Rappelle-moi de ne pas t'appeler le jour où j'aurais besoin d'un agent !
RépondreSupprimer@ Un lecteur : je suis tout à fait d'accord avec toi.
RépondreSupprimer@ Michaël C. : un jour, je dirai du bien d'un livre medfan. Faut juste que je le trouve.
Si même Philippe trouve le moyen d'être déçu par sa série fétiche, je pense qu'il ne faut pas trop rêver Cédric. Tu ne diras jamais de bien d'un livre medfan.
RépondreSupprimerj'ai bcp aimé le tout premier episode, mais je me suis vite lassée.enormement de scenes qui ne servent à rien
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