MacGyver


Je crois qu'on a les mythologies que l'on mérite.
Celle de ma génération est assez vaste, entre Marc et Sophie et StarWars. Mais dans l'éventail des icônes qui forment les repères d'une vie, il y a un cap inébranlable, une valeur refuge plus sûre que l'or, un mètre-étalon de la cool attitude : MacGyver.
Je me suis donc payé un voyage dans le temps en revisionnant toute la première saison de la série, soit 22 épisodes d'aventure.
Parce que des fois, il faut savoir revenir aux sources.

C'était une époque étrange, ces années 80. La chemise de bucheron était alors légale. Le port de la moustache était tendance. Les femmes portaient d'improbables épaulettes. Brrr.

J'avais le souvenir d'un MacGyver proche de la nature, travaillant pour une fondation Phoenix qui en faisait une sorte d'espion écolo. Il haïssait les armes à feu, voyait toujours le bon côté des choses, trouvait toujours un mot d'encouragement pour redonner le moral aux autres... C'était le grand frère idéalisé, celui dans les pas duquel on cherche à marcher toute sa vie.

J'avais tort.
La mémoire est très sélective.

Dès le pilote de l'émission, MacGyver se trouve en Asie pour secourir un pilote américain en perdition. Et bien quand les méchants Chinois lui tombent dessus, MacGyver n'hésite pas et leur tire dessus à l'arme automatique. Où qu'il est mon héros pacifiste ? Ce ne sera que plus tard que les scénaristes lui trouveront un sombre passé pour justifier une phobie des armes qui n'était pas prévue au départ.

Ok, je suis de mauvaise foi. Alors que dire de cette épisode où, déguisé en ninja, il place des bombes dans une centrale nucléaire au Moyen-Orient et fait exploser toute une installation ? Est-ce digne d'un héros, ce genre de sabotage meurtrier ? Ce qui m'amène à cette autre chose que ma naïveté d'enfant avait occulté : MacGyver n'est qu'un vulgaire agent de la CIA. Bon, un agent spécial, car il peut refuser ses missions. Mais un agent quand même, un qui bosse pour les intérêts US et qui apporte le bonheur dans des pays qui n'ont rien demandé. Au cours des 22 premiers épisodes, c'est un véritable festival des petits totalitarismes étrangers : Chinois aussi communistes que fourbes, les incontournables Russes avec des agents improbables, un régime d'Amérique centrale bien militariste, un seigneur de la drogue asiatique...

Et MacGyver ne se contente pas de sauver les gens : les opprimés, les adorateurs de la démocratie, il leur fait la promesse de les faire venir aux USA pour vivre en liberté. Jamais un pépin avec les services d'immigration, le Mac. "Non, non, c'est bon les gars, c'est une famille d'Afghans que j'ai pris sous mon aile, vous emmerdez pas avec des papiers..." Tiens, au passage, un autre truc que je n'avais pas remarqué, mais tout le monde parle anglais dans MacGyver. Quand il débarque dans une vallée perdue au fin fonds du trou du cul de la Mongolie, tout le village lui cause anglais. Mêmes les infâmes agents d'Allemagne de l'Est, quand ils se parlent entre eux, c'est dans la langue de Chuck Norris, pas moins.

MacGyver et les femmes. Vaste sujet. Quand il y a de la romance dans l'air, c'est toujours avec un morceau de saxophone en arrière fond, comme dans un film érotique italien (enfin, il parait. C'est ce qu'on m'a raconté. Moi, vous savez...) Ça ne va jamais plus loin qu'une scène de baiser et on n'entend plus jamais parlé de la greluche par la suite. Mais il faut voir les mises en plis !

Reste le gros point fort de la série : le système D à Tonton Mac. On caricature souvent en disant qu'avec un trombone et un chewing-gum, il te fabriquait un deltaplane, mais c'est pas faux. Scénaristiquement, ce n'est pas toujours super bien amené. Des fois, il trouve un objet en début d'épisode, sans raison, et pouf, plus tard il s'en sert. Mais la plupart du temps, c'est quand même la classe.

Certains épisodes commencent par ce qu'ils appellaient un "opening gambit", une sorte de mini-aventure qui n'avait aucun rapport avec l'épisode mais qui mettait MacGyver à son avantage dans une situation exotique à souhait. C'est rigolo, car c'était sensé se passer à l'autre bout du monde, mais c'était toujours tourné dans le même studio de Los Angeles. Que ça soit la jungle birmane ou le pays basque, c'était toujours pareil. Et les figurants aussi. C'est dingue comme les dangereux terroristes basques (sic) ressemblent étrangement à des mexicains mal déguisés. Pour ce qui est des décors, quelques clichés suffisent à poser une ambiance. Un train indien ? On prend un wagon et on fout une mauvaise peinture de Vishnu pour faire genre. Un QG russe ? Hop, un tableau de Lénine (qu'on prendra le soin de filmer en gros plan trois ou quatre fois dans l'épisode) et c'est bouclé.

Et les scénarios. Il y a des bonnes trouvailles, mais la plupart du temps, c'est capilotracté comme ce n'est pas permis. Le pire est cette épisode où MacGyver doit sauver un intellectuel russe prisonnier dans un hôpital psychiatrique de Moscou. Il débarque donc avec son pote Pete et se font passer pour un couple de médecin/patient. Et ça fonctionne, puisque, rappelez-vous, dans MacGyver, tout le monde parle anglais. Et que dire de cet épisode où Mac traverse la frontière allemande dans un cercueil. Ce dernier est jeté à l'eau et... se transforme en jet-ski en bois (si, si !). Les scénaristes n'avaient pas honte, à l'époque. Et je ne vous raconte pas les séquences de hacking sur des ordinateurs à écran bicolore, c'est le summum du kitsch.

Vais-je aller au-delà de cette première saison ? Certainement pas. C'était rigolo de se replonger dans la douce ambiance de l'enfance, mais je n'ai plus la patience d'antan. Il me faut plus qu'une mauvaise moustache posée sur un figurant pour me faire croire que c'est un chef de tribu arabe. Mais malgré tous les défauts de la série, je dois avouer que le concept de base était fortiche. Un type positif, qui ne réglait pas ses problèmes à coup de pistolet, c'était quand même une maudite bonne idée.

Je crois qu'on a les mythologies que l'on mérite.
Et les 22 travaux de MacGyver, tout compte fait, c'était pas si mal.

Mention spéciale à ma femme qui se souvenait de tous les détails. Elle se rappelait même de trucs triviaux comme le mot de passe d'un ordinateur, le nom de la nana de l'épisode ou comment tel accessoire allait servir plus tard... Elle m'énerve, ma femme.

Commentaires

  1. Satan, sors du corps de Cédric !!!

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  2. Yeah ! Cela ne donne vraiment pas envie de les revoir d'autant que, comme de nombreuses séries, les couleurs ont l'air passé.

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  3. Je craignais moi aussi d'assister à un désastre de couleurs délavées comme quand tu regardes une série allemande qui coule à l'écran, mais en toute franchise, ce n'est pas ce qui choque le plus quand tu fais ce genre de revival.

    Ce qui m'a le plus marqué, c'est comment ils tenaient 45 minutes avec si peu de contenu. Il y a des séquences de remplissage qui sont assez savoureuses.

    Il faut noter également l'utilisation d'images d'archives quand le sujet abordé est trop pointu. Dans le fantastique épisode mettant en scène une marabunta qui menace une plantation, tu vois clairement que c'est tourné à LA, mais de temps en temps on te balance des images de l'Amazonie avec un autre grain et un autre éclairage. Pareil quand l'action se passe en Russie : un ou deux plans de coupe tirés d'un documentaire pour te mettre dans l'ambiance, et tout le reste est tournée en studio.

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  4. Mac Gyver n'est rien sans Murdock !! l'ennemi ancestrale !! j'ai maté tous les épisodes quand j'étais môme juste pour voir les épisodes avec Murdock Vs Gyver !!

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  5. + 1 avec Gromovar.
    Je me permet une suggestion : Supercopter ! :o)

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  6. Non, Tonnerre Mécanique !

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  7. Je me disais que Mariés 2 Enfants change beaucoup entre la saison 1 et toutes les autres saisons. Dans la première, Al aime encore sa femme (ce qui n'est plus le cas après).

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