Boulevard des banquises


C'est l'histoire d'une romancière qui se fait refuser son dernier roman mais dont l'éditeur a un prix de consolation : écrire un guide touristique sur la ville de Gotterdhäl, l'équivalent polaire de Venise. Sauf que cette ville est tout sauf une destination de villégiature. Coincée dans la glace, cette grosse bourgade remplie de pêcheurs devenus notables sans se départir de leur tenace odeur de poisson pourri est un lieu éminemment perturbant. Habitants inquiétants, coutumes étranges, passé sulfureux, la jeune romancière va tomber dans un vrai panier de crabes. D'autant qu'elle trimbale avec elle quelques démons personnels qui vont trouver un écho dans la folie ambiante.

Brussolo, comme très souvent, décrit un superbe cauchemar. C'est une espèce d'Innsmouth nordique, avec une ambiance délétère. Boulevard des banquises offre un voyage à Gotterdhäl avec une belle économie de mots : 250 pages. Pendant la lecture, le froid nous fait frissonner tandis que l'ambiance lourde de cette cité fictive s'impose comme une chape de plomb. À l'heure où un imprononçable volcan islandais nous rappelle notre petitesse à l'échelle des phénomènes naturels, ce roman trouve en plus un écho particulier dans la crise financière qui a mené l'Islande au bord du gouffre dans les mois précédents. Gotterdhäl est étrangement possible à bien des égards.

Je suis loin d'être un inconditionnel de Brussolo, qui écrit parfois trop vite, mais mazette qu'il est impressionnant. J'avais adoré ses romans médiévaux (Hurlemort, Le château des poisons, L'armure de vengeance...), mais il faudrait à l'avenir que je pioche plus souvent dans sa foisonnante bibliographie. Et surtout, pourquoi le cinéma n'utilise pas l'imaginaire bien barré de cet homme ? Il y aurait de quoi faire des films hallucinants avec ces histoires délicieusement dingues.

Commentaires

  1. De Brussolo, je n'avais lu que La nuit du bombardier mais je m'étais promis de lire autre chose. Voilà sans doute l'occasion. Merci Cédric.

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  2. Pour avoir dévoré une bonne partie de son oeuvre, il faut avouer qu'il a des postulats de départ souvent excellents mais que B. a tendance à foirer ses fins ... ou à laisser ouvert, comme s'il s'essoufflait. Un point assez récurrent : ses "héros" s'en prennent plein la tête et ne font que subir les événements. Mais je recommande chaudement ... avec parcimonie.

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  3. Jamais rien lu de lui (il faut dire que j'ai une méfiance de sioux à l'endroit des auteurs français), mais tu me donnes envie, là. J'irai voir.

    @Sylvain : Masterton fait pareil et ça me gonfle, voila qui me refroidit un peu mais j'irai me rendre compte par moi-même quand même :-)

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  4. Je l'avais repéré, tu confirmes qu'il faudra que je m'y attelle à l'occasion.

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  5. C'est de Brussolo dont je me méfie personnellement mais je note celui ci.

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  6. Jamais lu Brussolo... faudra faire ça un jour. Puis si cela rappelle Insmouth alors, je prends.

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  7. Boulevard des banquises m'avait tellement impressionné que j'ai recyclé certaines de ses idées dans mon contexte med-fan perso :D Mais c'est vrai que s'il est parfois brouillon dans ses fins et ses intrigues, c'est un monstre visionnaire dans les décors qu'il déploie !

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  8. Je viens de l'acheter. Maintenant il va devoir attendre son tour.

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