Je vous ai compris.
Asimov est un père fondateur, il est intouchable.
Je maintiens toutefois que les nouvelles de Fondation ne sont pas d'une grande qualité littéraire. Certes, il défriche des terres nouvelles, mais le verbe est plat comme un rapport scientifique. Bon, Asimov avait 22 ans quand il a débuté le cycle, c'est donc une oeuvre de jeunesse.
Maintenant, je ne suis pas si obtus. Le cycle n'aurait pas cette réputation éclatante si les livres suivants ne s'amélioraient pas sensiblement. J'ai donc poursuivi cette plongée en Asimoverie par Fondation et empire, qui est formé de deux grosses nouvelles. Le style et la narration s'améliorent. Au lieu d'expédier ses idées à la vav-vite, Asimov prend son temps pour poser des personnages, installer des situations et développer la tension dramatique. Encore que, la fin de la première nouvelle (Le général) est trop vite expédiée à mon goût. Non, LA bonne idée, c'est le Mulet, ce mutant imprévisible qui va foutre en l'air toute la psychohistoire. C'est une belle idée théorique et l'histoire qui en découle est bien menée. On tremble devant l'avancée inexorable des armées du Mulet et devant sa légende qui enfle, enfle, enfle. Une très belle montée dramatique, vraiment. Dommage que je me souvenais de la chute.
Je regrette toutefois qu'Asimov n'exploite pas son décor à fond. On retourne à un moment sur Trantor après que la planète-capitale se soit effondrée sur elle-même à cause de sa masse administrative. Je m'attendais à découvrir un tableau complet d'une planète à l'abandon, des ruines infinies, des survivants qui vivent à l'ombre des traverses de béton et d'acier. Une sorte de post-apo urbain. Mais non, Asimov ne s'intéresse pas à ça, il n'est pas là pour raconter un désastre. Et que dire des relations interpersonnelles des protagonistes ? On suit un couple marié pendant des chapitres entiers sans jamais ne serait-ce effleurer leurs sentiments. Alors que justement, la thématique principale de la nouvelle Le Mulet est le jeu des sentiments. J'ai souvent l'impression que les personnages d'Asimov sont des robots.
Ça me conforte dans mon impression première : la narration n'est pas à la hauteur des idées mises en scène. Il y a une froideur atomique dans l'écriture, un manque cruel d'humour. Je n'arrive pas à imaginer que ces personnages aient une vie propre en dehors des nouvelles. Je ne sais rien de leur quotidien, de leurs espoirs, de leur réalité. C'est... artificiel. Une jolie construction mécanique. En fait, Fondation, c'est un test de Turing en soi : je commence à soupçonner que ça a été écrit par un ordinateur qui tente de se faire passer pour un être humain.
Mais malgré cet inconfort, je vais continuer de relire le cycle, Car oui, je le reconnais, il y a une forme de poésie dans cette reprise de la chute de l'empire romain. Même si j'ai l'air de cracher dans la soupe, avec Fondation et empire, j'ai compris pourquoi j'avais accroché à la saga quand j'étais adolescent.
Ce qui manque clairement à cette réédition (qui contient 54 pages supplémentaires par rapport à la précédente traduction. Comment peut-on enlever 54 pages à un bouquin ?), c'est une mise en contexte éditoriale et biographique comme Bragelonne l'a fait pour Conan. Peut être que si on m'expliquait pourquoi et comment Asimov en est arrivé là, j'aurais les yeux moins rivés sur les défauts du texte.
Franchement, je ne comprends pas ce lynchage méthodique du Cycle de Fondation d'Asimov. C'est comme relire Chrétien de Troyes et l'accuser d'être incapable d'écrire un roman correct d'héroïc fantasy. J'exagère à peine.
RépondreSupprimerCertes, tu excuses ta critique à de nombreuse reprise et tu mets de l'eau dans ton vin, mais je ne te suis pas du tout; on ne peut pas accuser Asimov d'avoir fait du "Astounding Science Fiction" avec ces publications débutées dès 1942, en plein âge d'or de la SF ! Il a fait ce qui a l'époque était considéré comme de la très grande SF, et à ce titre, cela reste de la grande SF.
Quant aux pages rajoutées, oui. Il fut un temps où les traducteurs français tronquaient les romans de SF en supprimant les pages qu'ils ne comprenaient pas ou qui les dérangeaient.
Honnêtement, s'il fallait attaquer le Cycle de Fondation, il faudrait plutôt se focaliser sur les deux suites commerciales des années 80.
Hein, quoi ? Il manque cinquante-quatre page à mon édition Présence du Futur ? C'est pas vrai ?
RépondreSupprimerSinon, pareil que Guillaume, on ne peut pas reprocher au Bon Docteur d'écrire ce que, et comme, les écrivains le faisaient dans les années 40. Ou alors, autant reprocher tout de suite à Balzac d'avoir passé toute sa carrière à raconter des histoires de coucheries minables mal habillées de sentiments mièvres au kilomètre. Chose que je ne suis pas loin de faire, en fait...
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RépondreSupprimerMalheureux! Tu as appelé sur ta personne le Djihad Asimovien de Couleur Indéterminée! :)
RépondreSupprimerOK, Asimov écrivait pour Astounding SF, mais son absence de talent littéraire n'était pas imposé par l'époque : exemple Un cantique pour Leibowitz, Demain les Chiens, les Chroniques Martiennes, qui eux n'ont pas pris une ride. Et il est aussi légitime de repositionner un livre dans son contexte, que d'analyser comment il peut être lu aujourd'hui. Et globalement cette critique est meilleure que la précédente, donc les Asimoviens devraient être heureux, non ? :)
RépondreSupprimerJe rejoins ce que pense Guillaume44. C'est un livre qui marque une époque et donc un style d'une certaine époque. On aime ou pas, c'est une question de goût et de point de vue sur le sujet. Après, une bonne entrée en matière aurait été un sérieux plus qui mettrait le livre comme "pierre à l'édifice" et non comme une vulgaire série de SF distrayante.
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RépondreSupprimerWaouh ça chauffe ici!
RépondreSupprimerBon, sur un point plus consensuel, je voulais juste dire que j'étais plutôt d'accord avec toi sur le passage avec le Mulet, pour moi ça a toujours été le climax de la série. Du coup ce qui vient après m'a un peu ennuyé (en tous cas paru moins intense), mais j'aurais surement l'occasion d'en reparler si tu arrives jusque là dans ta chronique.
J'ai effacé quelques messages de Guillaume44 et moi (avec son accord) car je ne suis pas persuadé que cette montée de lait ait besoin de rester à jamais lisible.
RépondreSupprimerOo' ça a chauffé ici ...
RépondreSupprimeret bien pour parler de température, cette froide dont tu parles m'a plût à titre personnel. J'y ai trouvé une sorte de "pureté" (ne pas sauter au plafond, risque de se cogner avec le manque de hauteur de ta navette spatiale), d'âpreté propre à la fausse rigueur scientifique qui caractérise ce cycle. Tout est basé sur le raisonnement, l'analyse et les sentiments, les émotions n'ont que peu de place ... l'écriture s'en fait miroir en mon sens. Asimov était-il incapable d'écrire autrement ? C'est une autre question, mais je suis content qu'il n'ait pas mêler trop d'humour ou de cynisme comme cela se fait beaucoup maintenant dans Fondation.
J'ai tenté de d'argumenter un peu, mais sans me lancer dans une seconde critique ( http://mealin.fr.cr/litterature/fondation-isaac-asimov/ ) je peux comprendre que cela ne plaise pas niveau qualité d'écriture pure !
1000 % d'accord avec ce que tu dis de la saga. ça fait plaisir à lire.
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RépondreSupprimerCeci dit déterrer des polémiques ce n'est pas très courtois.
RépondreSupprimerOK, désolé.
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