*** Attention : j'ai lu La Voie du cygne en tutoyant les 40 de fièvre,
alternant frissons et surchauffe du bocal. Il se pourrait que j'ai déliré
durant ma lecture et vu des choses qui n'étaient pas écrites ***
Jeophras est un inventeur qui bidouille des ailes volantes
dans la Renaissance
d'à-côté, celle qui aurait pu être italienne mais qui est dvernienne par la
force des choses. Hélas, sa fille adoptive, Carline, se fait très rapidement
accusée du meurtre d'un prince de Dvern. Notre Jeo Trouvetout s'improvise donc
détective pour sauver les miches de sa fille adorée. Il met donc le groin dans
les histoires sordides de la famille régnante tout en essayant de reconstituer
la soirée fatale pour déterminer qui a pu faire le coup. Et comme plusieurs
personnes ont intérêt à le voir échouer, son enquête se fait sur le mode d'une
course-poursuite haletante et dangereuse. C'est l'occasion pour l'auteur
d'alterner entre cette fuite en avant éperdue, les souvenir de l'enfance des
princes de sang et le récit de la nuit fatale. Jeo est secondé par Alexis, un
gamin des rues très dégourdi qui ne rêve que d'une chose : sauter Carline.
Et tout ça est fait avec une élégance… On glisse d'une
ambiance "Club des 5" avec des princes élevés à la dure au récit
d'une nuit dépravée à la
Médicis qui a mené à la mort d'un prince tout en suivant Jeo
et Alexis qui caracolent dans les rues de Dvern pour innocenter Carline. Le
tout tournant autour du jeu de l'oie, sans doute la version la plus primitive
du jeu de rôles qui soit puisque les joueurs jettent les dés et parcourent un
labyrinthe en essayant d'éviter des pièges pour atteindre un trésor. Et
l'allégorie du jeu de l'oie est superbement ciselée car elle n'est pas juste un
prétexte ludique : elle vient soutenir toute la narration.
Alors qu'est-ce ? De la fantasy ? Du polar transhistorique ?
C'est de l'Histoire refaçonnée. Le lecteur est partagé entre certains aspects
qu'il reconnaît et qui le rassurent et cette possibilité constante que le récit
parte totalement ailleurs du fait de sa composante fantasy. Que Laurent
Kloetzer évoque un monstre au détour d'un paragraphe, et l'on est tiraillé
entre l'idée d'une Renaissance vaguement rationnelle et le constat que l'on ne
connait finalement rien ou si peu du monde de Dvern où l'impensable est
peut-être envisageable. Si bien que l'on marche sur des œufs car on est chez
soi sans y être invité. On navigue entre le connu et l'inconnu, l'explicite
rassurant et l'implicite qui nous berne si facilement. Laurent Kloetzer est là,
dans l'ombre de Dvern : sitôt que vous pensez reconnaitre les lieux et les
personnages de son microcosme, il fait faire un petit pas de côté à son univers
pour brouiller vos repères. Comme si, d'une nuit à l'autre, quelqu'un déplaçait
légèrement les étoiles pour empêcher les marins de s'y retrouver.
Je l'ai lu il y a très longtemps, mais j'en garde plutôt un bon souvenir pour ce qui est de l'atmosphère (et je n'ai vu aucune hallucination dans ton compte rendu, à part peut-être l'allusion au club des 5 xD)
RépondreSupprimer"Alors qu'est-ce ? De la fantasy ? Du polar transhistorique ?"
RépondreSupprimerC'est du bon surtout !
Oh la la, ça fait envie ! Je rajoute ça sur ma liste.
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