Pirates


Bon, d'abord passons sur la crapulerie qui consiste à intituler Pirates un livre qui met en scène des corsaires. Nous verrons plus tard que ce n'est au final qu'une petite bassesse parmi tant d'autres.

Or donc, dans les Caraïbes au temps des pirates, le corsaire anglais Charles Hunter monte un équipage pour aller attaquer un port espagnol qui protège un navire transportant l'or d'un quelconque trésor inca maya exotique. Il réunit la fine fleur maritime de l'île et se lance à l'assaut de la plus imprenable forteresse, comme ça, par bravade. Ah non, il y a une histoire de vengeance avec un méchant espagnol, mais elle ne sera jamais expliquée correctement. Mais bon, ils attaquent, tchak-tchak-tchak, duel au sabre, explosions et abordage : il y a exactement tout ce qu'on attend de ce type d'histoire. Sauf que l'intrigue principale est bouclée au milieu du livre. Paf. Ah, merde, déjà ? Alors l'auteur brode. Oh, une attaque de kraken. Tiens, et si je mettais une tempête ? Ou non, mieux : quand ils reviennent à Port Royal, l'intriguant du début du livre a pris le pouvoir, mais au final Hunter remet en place le gouverneur qu'il aime bien. Ah oui, c'est bon ça, coco...

L'équipage de Hunter n'est composé que de clichés ambulants avec un nom et une compétence forte (Lazue est une femme pirate, elle montre ses seins pour tuer les autres par surprise. Point barre). La vie a bord n'est surtout pas évoquée : on est pas là pour rendre compte de la réalité maritime mais pour faire de l'histoire de pirate. Les situations sont téléguidées, les retournements grotesques. Ah oui, évidemment, tous les personnages féminins sont des catins (y compris les nobles. Surtout les nobles) qui tombent dans les bras du héros qui n'en a cure. Les Français sont menteurs, les Espagnols fourbes et les pirates droits dans leurs bottes. Le héros n'a aucune épaisseur : il n'a ni pensée, ni motivation, ni encore moins d'épaisseur. Y'a même une scène de magie d'un ridicule consommé.

Bon, mais surtout, le livre est sorti après la mort de Michael Crichton. L'éditeur affirme que c'est son chef d'oeuvre testamentaire, la dernière aventure d'un auteur qui a tant produit. C'est beau comme du storytelling. Car en fait Crichton traîne cette histoire depuis les années 70, et le résultat est affligeant quand on se dit que ce roman mijote depuis 40 ans. Ça ressemble clairement à un livre jamais terminé, un truc dont son auteur ne devait pas être super fier, mais comme il est mort, vite, publions les fonds de tiroir, ça sera toujours ça de pris. Je ne suis pas un grand fan du monsieur, mais ce n'est pas rendre hommage au bonhomme que de publier ce truc ni fait ni à faire. Mais bon, Spielberg a déjà annoncé qu'il allait en faire un film, les corsaires d'Hollywood ont bien senti l'odeur des doublons.

Commentaires

  1. J'ai toujours eu la haine contre le bonhomme. Depuis qu'il a foutu la merde dans le montage du 13ème Guerrier en fait.

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  2. J'ai eu la même impression en lisant ce bouquin: long, ennuyeux, mal foutu, un truc qui n'aurait jamais dû être publié. À la lecture, c'était tellement évident que l'éditeur cherchait à se faire du pognon vite fait avec une «oeuvre» inédite que je me suis presque sentie désolée pour Crichton. Presque.

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  3. Anonyme19/6/12

    Vous voulez un livre de vrai pirate, Tortuga de Valerio Evangelisti âme sensible s'abstenir.

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