Suits



Mike Ross est intelligent et doté d’une mémoire eidétique. Il vivote en passant des examens de droit à la place de candidats qui n’ont pas assez bachoté pour réussir. Quand son coloc l’embarque dans son trafic d’herbe, Mike comprend qu’il est en train de rater sa vie. Or le hasard (enfin, un scénariste) va lui faire croiser la route de Harvey Specter, l’incarnation de l’avocat new-yorkais. Harvey vient de grimper en grade dans son réputé cabinets d’avocats, il se doit de prendre un assistant. Mike lui tape dans l’œil. Mais le gamin n’a pas fait Harvard. En fait, il n’a pas de diplôme de droit. Mais il est tellement doué que Harvey va le prendre sous sa tutelle pour lui apprendre la vie.

Suits (un titre bien trouvé car il évoque à la fois le costume chicos et la poursuite au sens légal) est donc une série télévisée sur le monde merveilleux des riches avocats qui règlent des recours collectifs de plusieurs centaines de millions de $ et s’occupent de fusion entre des grosses compagnies. Et c’est gros. Ça dine dans des restaurants à la mode, ça roule en limousine pour se rendre au tribunal, ça facture des honoraires qui dépassent le PIB du Ghana et ça vie dans des lofts impossibles au cœur de New York. C’est même caricatural à mort : Harvey Specter est imbu de lui-même, il bluffe avec des contrats valant des millions, il emballe tout ce qui bouge et traite ses clients de haut. Évidemment, Mike est lui discret, naïf, il a du mal à conclure avec sa collègue de bureau et commet gaffe sur gaffe. La vieille recette du couple dépareillé.

Les intrigues légales sont à peu près aussi crédibles qu’une enquête dans CSI, c’est du grand n’importe quoi juridique. C’est bien moins cintré qu’Ally McBeal, mais impossible de confondre cette série avec la réalité. On est dans le fantasme. Reste qu’on a envie de savoir si Mike va se faire coincer par l’espèce de dingue qui martyrise tout le monde au bureau. Et malgré la caricature ambulante qu’est Harvey, on a envie de voir s’il réussira à corrompre son protégé pour en faire un double de lui-même. Suits est au final un peu l’équivalent de House M.D. : on se moque un peu de l’énigme médicale/légale qui sert de prétexte à l’épisode (elle se terminera forcément par une épiphanie juste après la dernière pub), c’est la dynamique des personnages qui fait qu’on gobe les 40 minutes d’épate juridique qui se conclue invariablement par la victoire éclatante du héros impeccablement moulé dans son costume à 15 000 $ tandis que son assistant essaye de faire oublier qu’il n’est pas passé par l’étape Harvard tout en draguouillant la jolie fille du service pour qu’elle l’aide sur un pro bono.

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