Le problème des bonnes adaptations ciné de romans, c'est que quand on commence par elles, cela tue l'envie de lire le livre. Cela m'avait fait le coup longtemps avec Fight Club, et, plus récemment, avec Le Prestige. Cela aurait pourtant été dommage de s'arrêter au film superficiellement brillant de Nolan, qui met en scène la rivalité, ou plutôt la guerre, de deux prestidigitateurs anglais de l'époque victorienne.
Au-delà du suspense mis en scène par le forme en "thriller" du film, le livre est tout entier consacré à la notion du double, à l'altérité. Le roman est construit en miroirs imbriqués les uns dans les autres : chaque portion du récit est un journal intime auquel correspond celui de son "double", et on alterne ainsi les points de vue entre les différents composants de relations binomales : le magicien et son rival, le magicien et son descendant... L'écriture n'a rien à envier à la construction savante du livre, Priest réussissant le tour de force d'accrocher le lecteur malgré les styles très différents des journaux intimes qui composent le livre.
Le thème se retrouve aussi dans l'histoire elle-même, chaque protagoniste faisant le récit d'une gémellité, réelle, métaphorique, fantasmée ou pervertie. Les points de symétrie du livre sont nombreux, mais comme dans les problèmes de géométrie, c'est au lecteur de dessiner la figure complète. L'histoire sophistiquée, la construction savante, le style soigné, la thématique nourrie, sont cependant avant tout au service de très beaux portraits de personnages, dont la force de caractère et la détermination sont les vrais moteurs de l'intrigue.
Un très bon livre, et un très bon moyen d'accéder à Christopher Priest pour qui souhaiterait le découvrir.
Welcome back :)
RépondreSupprimerJe crois que la vignette de ce livre avait battu le record de longévité sur la homepage... Il était temps que je m'y remette. :)
SupprimerTiens, à cause de toi, je vais bientôt lire du Jean d'Aillon.