Ce recueil de nouvelles de Dennis Detwiller présente
en treize nouvelles un panorama chronologique de Delta Green de 1928 au milieu
du XXIe siècle. L’objet fait 230 pages utiles, avec un avant-propos et une
postface de Robin D. Laws barrés à souhait, qui volent presque la vedette au
reste du bouquin.
Un survol du sommaire réserve une première (et pas
très bonne) surprise : on y retrouve Drowning
in Sand et Night and Water.
Ces deux histoires sont très sympas mais apparaissaient déjà dans d’autres anthologies
du même éditeur. Je comprends l’envie de faire des intégrales, mais c’est
toujours pénible, quand on achète un livre, de s’apercevoir qu’on en a déjà lu
le quart.
Ensuite, on déroule le fil du background : le raid sur
Innsmouth et ses conséquences, la Seconde Guerre mondiale, l’incident de
Roswell, la guerre froide, le Vietnam, le présent et le tout proche avenir… Pour
l’habitué de Delta Green, tout cela
est limpide, les angles d’attaque sont bien choisis et certaines histoires
ouvrent des perspectives intéressante, notamment la dernière. Le fan de base de Lovecraft ou de L’Appel de Cthulhu aura un peu plus de
mal à y retrouver ses petits, même avec l’aide de la courte présentation de
Delta Green qui clôt le bouquin.
À part ça, Detwiller sait écrire, assez pour que son
style masque ses défauts. Le principal est que ses personnages ont tous un air
de famille. Pour une part, c’est sans doute voulu – le petit bureaucrate de
1928 ressemble à l’ancien combattant gériatrique de 2050 ou par là, qui
ressemble au survivant du Vietnam qui ressemble à tous les autres, parce qu’ils
vont mourir et le savent, ou sont déjà morts parce qu’ils en ont trop vu, ou
simplement parce que c’est dans leurs gènes. Alors, oui, je sais, c’est Delta
Green et pas le pays de Candy, mais ça manque singulièrement de contraste. À force de peindre en gris
sombre sur noir, on finit par oublier que d’autres nuances existent. Et il est
intéressant de voir que la très courte (et très bonne) The Secrets No One Know, qui fait trois pages et n’a pas de
personnage central, se lit exactement comme toutes les autres. En définitive,
l’horreur façon Detwiller se passe de protagoniste.
La plupart des nouvelles oscillent entre dix et vingt
pages. Toutes se lisent avec intérêt, voire avec plaisir, ce qui est déjà un
succès en soi. Si je devais choisir, je mettrai en avant The Thing in the Pit et Contingencies,
parce qu’elles sortent un peu du Delta Green « classique », mais
aucune n’est loupée.
Au bout du compte, un recueil vite lu, très homogène,
plutôt bien écrit, que j’apprécie mais pour lequel je n’arrive pas à
m’enthousiasmer… comme pour les Detwiller précédents, en fait. J’attends
davantage de l’anthologie Extraordinary
Renditions, qui ne devrait plus tarder, et qui doit lâcher plein d’auteurs
différents dans l’univers de Delta Green.
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