Je me retrouve chez Joann Sfar. Il joue à Skyrim jusqu’à point d’heure,
allant même jusqu’à prendre en photo sa télévision tant les graphismes sont
beaux. Il écrit du roman, mais pas que. Il trouve toujours le moyen de mettre
des bouts de judaïcité dans ses créations. C’est un amoureux de la SFFF qui
voudrait réaliser des films comme ceux de Benicio del Toro ou Joss Wheddon.
Malheureusement pour lui, il doit composer avec le référentiel créatif français,
ce qui veut dire qu’on est prêt à le financer pour produire un biopic sur
Brassens, pas pour raconter des histoires avec des effets spéciaux.
Son Journal de merde, ce
sont ces pages parues dans Télérama et rassemblées en un gros pavé. Il y
dessine des trucs, étale son humeur, raconte des rencontres, ment parfois avec
talent. C’est un défouloir. Il y a raconte, pêle-mêle son éternel agacements à
devoir collaborer avec des pubards, sa frustration de ne pas pouvoir monter son
film ridiculisant les philosophes français à travers une satire des Lumières (son casting est parfait, avec Jean-Paul Rouve en BHL du 18e),
ses réactions à l’actualité du moment, ses colères et tout. Il s’épanche,
dessinant autant qu’écrivant. Vous le verrez ne pas arriver à apprendre à jouer
de la guitare et ne presque pas parler de sa femme et de sa fille.
Ce n’est pas forcément le point d’entrée idéal dans l’univers de Sfar,
mais entre la série BD à rallonge Donjon, son magnifique Chat du rabbin et la
pléthore de trucs qu’il a édité, il existe bien des manières d’aborder sa
création. Le lire expliquer qu’il n’a pas pu continuer à collaborer à Charlie
Hebdo après que l’ouragan Katrina ait détruit la Nouvelle-Orléans fait un petit
quelque chose au creux du ventre (la série Treme de David Simon va toutefois
lui prouver qu’il y a quelque chose à faire à partir de ce drame).
Bref, vous lirez le journal pas très intime d’un type qui regarde les mêmes
séries télévisées que vous, qui regrette d’avoir cédé aux décideurs en
retouchant son script sur la vie de Gainsbourg, qui enrage d’avoir obtenu 2
Césars mais de ne pas pouvoir financer des trucs nouveaux. En bout de course, c’est
une proximité très agréable. Sfar donne l’impression d’être un type avec qui
vous pourriez facilement jouer à un jeu de plateau, boire une binouze ou
pinailler à l’envie sur la phase 3 de Marvel. Sauf que lui, en plus de ça, il
produit des BD à la pelle avec son trait bizarre qui fait dire aux imbéciles qu’il
ne sait pas dessiner.
Commentaires
Enregistrer un commentaire