Déraillé de feu Sir Terry Pratchett

C'est dans le contexte très particulier de son décès que je lis ce dernier roman du génial Terry Pratchett. Je l'avais à peine commencé lorsqu'il est mort, et j'ai tenu à laisser passer un peu de temps avant de poursuivre ma lecture. Car cet auteur m'accompagne depuis presque 20 ans, à raison de deux livres des Annales du Disque-Monde par an, plus quelques trucs annexes. Depuis sa mort, le monde est un poil plus gris, un chouïa plus triste. Heureusement, je peux me relire mes deux mètres linéaires de Disque-Monde (les joulis livres publiés par L'Atalante). Je caresse aussi l'espoir que le génial Patrick Couton traduise les pièces de théâtres qui, même si c'est la même histoire que le roman d'où elles sont tirées, donnent un éclairage nouveau par une narration différente, centrée sur l'essentiel.


Mais revenons à Déraillé, suite directe de Timbré et Monnayé, ainsi que de Jeu de Nains. Un type réussit à dompter la vapeur et invente la locomotive. Le patricien d'Ankh-Morpork demande donc au toujours utile Moite von Lipwig de soutenir la création d'une compagnie ferroviaire et de développer le train, comme ça été le cas pour le "clac" (le réseau de communication par sémaphores), la poste et la banque. Le schéma est un peu répétitif même si cela reste plaisant à lire : des difficultés que Moite surmonte sans trop de mal, aidé par ses Super Copains. Je me moque mais la ficelle s'use et se voit franchement.
Par contre, comme toujours, Pratchett en profite pour traiter de problèmes modernes plus graves. Ici, le fanatisme obscurantiste. En effet, une faction du peuple nain, les "grags" veut revenir à ce qui fait Vraiment La Civilisation Naine et rejette donc toute modernité ou idée nouvelle. Pratchett aborde là encore son idéal sociétal et c'est toujours un sacré remonteur de moral. L'analyse reste cependant très légère et le happy-end relativement simpliste mais, en ce moment, j'ai un besoin fort de livres qui se terminent bien parce que, dès que je sors du domaine fictionnel, j'ai bien trop souvent envie de pleurer.
S'ajoute à cela comment a été écrit le roman. Pratchett luttait contre les dernières phases de sa maladie et le dictait à ses assistant(e)s. Arriver à écrire quelque chose de drôle, de touchant et d'humoristique dans la difficulté qui devait être la sienne, j'en reste estomaqué (mais moins que les tweets qu'il a envoyés quelques secondes avant de mourir... quel courage).

Purée, Rincevent, Vétérini, Vimaire et tous les autres vont me manquer. Une relecture est déjà programmée : je les ai lus qu'une seule fois chacun, lors de leur sortie en français. Ainsi, j'ai eu tout le temps d'oublier tous les gags de Pyramides ou de Mortimer ! Je pourrais très bien les lire en anglais mais la traduction est de grande qualité, ce qui mérite d'être souligné.

Déraillé, 35è livre des Annales du Disque-Monde de Sir Terry Pratchett, chez l'Atalante.

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