Elle s’appelle Morwenna Phelps, mais Mori lui va comme un
gant. Elle a grandi au Pays de Galles, avec sa jumelle. Sauf que cette rentrée
scolaire de 1979 est décidément bien compliquée : non seulement sa sœur
est morte, mais en plus Mori doit intégrer une école anglaise :
Arlinghust. Un horrible pensionnat où les rêves se désagrègent et l’où des
élèves se résignent à leur destin de chef de rayon ou de comptable. Isolée,
déracinée, Mori se morfond. Il faut dire qu’elle boite, ce qui l’empêche de
s’intégrer au pensionnat. Alors elle passe beaucoup de temps dans ses livres.
Et pas n’importe lesquels : des bouquins de SF. Le Guin, Heinlein,
Zelazny, Tolkien et des tas d’autres que je connaissais même pas…
Et ce qu’on lit, c’est le journal intime de Mori, qu’elle
écrit à l’envers pour que ses camarades ne puissent pas lire ses confessions. Morin
traine son ennui d’adolescente de 15 ans qui regrette son Pays de Galles natal
et qui essaye de ne plus trop faire de magie. Ah oui : parce que Mori parle
aux fées et connaît certains sortilèges. Mais ce n’est pas comme dans les
livres de fantasy qu’elle lit. C’est de la magie coïncidentale. Et l’on
comprend assez vite que le décès de sa sœur est la conséquence d’un rituel
visant à empêcheur leur mère de devenir quelqu’un de trop puissant.
Bref, c’est un bouquin sur les états d’âme d’une ado qui
intègre une école morne tout en regrettant le bon vieux temps. Il y a là tous
les ingrédients pour un bouquin chiant comme Le Jour du Seigneur. Et bien
pas du tout. Jo Walton fait vivre une Mori très touchante dans sa découverte de
cet univers hostile qu’est Arlinghust. Chaque visite dans sa famille pendant
les vacances permet de découvrir de nouveaux pans de la vie des Phelps, qui
sont des gens compliqués. On la regarde percevoir son monde par le truchement
de ses lectures SF. Elle tombe amoureuse, elle fait de la magie qui ne voit pas,
s’empiffre de gâteaux au miel… Oh, bien évidemment, tout au long du livre, on
se demande si sa magie n’est pas une vue de l’esprit, un moyen qu’elle a trouvé
pour gérer la mort accidentelle de sa sœur. Forcément.
J’ai aimé m’ennuyer avec Mori. J’ai vraiment eu l’impression
de vivre une année scolaire à Arlinghust. Parce que je ne suis tout à fait une
adolescente galloise de 15 ans, mais ça m’a bien évidemment fait voyager dans
le temps, quand moi-aussi j’essayais de faire coïncider mes lectures SF avec la
banalité de ma vie. C’est un truc qu’ont en commun tous les lecteurs
d’imaginaire. Et Jo Walton a su prendre ce point commun pour m’emporter dans
une histoire qui n’aurait pas dû me plaire. Je me suis fais avoir en beauté.
Et autre bonne surprise : Jo Walton a quitté le Pays de
Galles pour venir vivre à Montréal.
Une très bonne lecture pour ma part également.
RépondreSupprimerc'est un peu punchy quand même ?
RépondreSupprimerTiens, voilà qu'on fait un billet sur Morwenna le même jour. Dommage qu'on n'ait pas été aussi parfaitement synchrones quand tu es venu à Marseille! Bon, tant pis, si tu vois Jo Walton fais-lui la bise de ma part.
RépondreSupprimerUn bon moment lecture pour moi aussi. Il est si rare que les livres mettent en vedette une livrovore et mieux, une livrovore de SF.
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