Je n'ai jamais vu un concert de bande originale de ma vie. Je fais partie de ces gens qui sont insensibles au travail de John Williams, Danny Elfman ou Howard Shore. Je suis capable d'apprécier leur composition pendant le film, je ne suis pas sourd, mais pas au point d'écouter leur musique en boucle. La seule exception à cette règle, c'est la BO de Conan le Barbare par Basil Poledouris qui m'aide depuis quelque temps à passer à travers certaines tâches administratives au bureau. Tout ça pour dire que je suis parti voir Game of Thrones Live Concert Experience en petit puceau mélomane. Je m'étais donc fait des idées toutes faites sur le concert, notamment la mise en scène : j'étais persuadé que des acteurs costumés allaient faire du mauvais GN sur scène afin de reproduire les moments-clés de la saga pendant que dans le fosse, un chef d'orchestre inconnu allait diriger les musiciens. Pas du tout. Déjà, c'est Ramin Djawadi lui-même qui dirige l'orchestre (et qui joue également sur certains solos). Et surtout, l'habillage visuel du concert est en fait une diffusion sur écran géant des meilleurs moments de la série télé. De temps en temps, les musiciens en costume se lèvent pour des solos ou des petites mises en scène (comme la Marche de la Honte de Cersei), mais c'est avant tout un spectacle sur écran.
Parce que oui, le spectacle devrait en fait s'appeler Game of Thrones: The Previously. Le montage des séquences n'est qu'un énorme rappel de tout ce qui s'est passé dans les précédentes saisons en vue de la diffusion de la demi-saison numéro 7 qui se fera cet été. Il y a de nombreuses pub pour cette saison pendant le concert, c'est une campagne de promotion à peine voilée. À chaque fois que l'orchestre entame un thème particulier, on a le droit à un montage sur une famille ou un arc narratif particulier. Les images sont magnifiques, la musique envoie du gros son : difficile de ne pas succomber, émotionnellement. On revoit des personnages mourir, souffrir ou se venger. Et (dans mon cas) on est souvent frappé par le fait qu'on a oublié des passages entiers de la saga, en 6 ans. C'est bourré de "Ah ouais, je m'en souvenais plus, d'elle" Parce que j'ai regardé religieusement la série depuis le début, mais qu'une fois. Du coup ces images ont encore beaucoup de pouvoir sur moi car elles ne se sont pas banalisées. La mort de Ned Stark me fait encore frissonner. L'affrontement des hommes de Jon Snow contre ceux de Ramsey m'est encore étouffante. J'ai une angoisse pratiquement intacte dès que je vois les festivités des noces pourpres. Mais ces images sont si fortes que j'avais souvent les yeux en l'air, fixés sur l'écran géant, ne remarquant pas toujours qu'un musicien se démenait comme un beau diable depuis plusieurs minutes dans un solo de folie. Les images upstageaient souvent la musique, en fait. C'est très étrange, pour un concert.
Le visionnage de Game of Thrones est habituellement pour moi une expérience de couple : nous sommes dans notre lit à regarder l'épisode. Là, c'était au contraire une communion entre les 20 000 personnes qui peuvent s'asseoir dans le Centre Bell. La démographie des spectateurs était assez dingue : je peinais à croire que des gens aussi différents regardent la même série fantasy que moi. Oui, je connais les chiffres de téléchargement de la série : je sais que c'est un hit absolu. Mais c'est en m’asseyant parmi la myriade de fans que j'ai pris conscience de la popularité de cette histoire. 20 000 personnes qui hurlent de joie quand Tyrion apparaît pour la première fois à l'écran. 20 000 personnes qui soupirent dans un même souffle quand Arya voit son père se faire décapiter. 20 000 personnes qui jubilent quand Sansa tourne majestueusement le dos à Ramsey dans son chenil. Oui, j'ai apprécié la puissance évocatrice de la musique, mais pour moi ce Live Concert Experience a avant tout été une expérience émotive basée sur la participation à une grosse messe collective. Sauf qu'on ne vend pas des t-shirts à la sortie de l'église.
J'ai déjà été à un concert de BOF avec ma fille et j'ai trouvé ca très décevant. L'écran capture le regard, on ne regarde pas les musiciens et on n'écoute pas (en tous cas, c'est mon cas). Pourquoi dans ce cas faire de la musique vivante ?
RépondreSupprimerJ'avoue que ça pourrait être du playback que ça ne changerait probablement pas mon expérience. Par contre, je me disais que regarder un épisode inédit dans les mêmes conditions, ça serait quelque chose.
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