Altéré carbone

On va pas le cacher, on est nombreux dans le coin à avoir un abonnement ToileToile (Netflix*). Ce site nous fournit régulièrement en production de qualité propres à caresser le poil du geek dans le bon sens. Le très bon Stranger Things, l'excellentissime Dirk Gently (si je ne devais en sauver qu'une seule), le discutable The Dark, etc. Et donc, récemment, Altered Carbon, adaptation de l'excellent roman cyberpunk éponyme (cyberpunk-pour-de-vrai, cyberpunk-old-school, pas post-cyberpunk ou machin-punk) de Richard Morgan, dont on a sûrement parlé dans le coin mais j'ai la cagne de chercher et vous savez chercher.
En bon fan de cyberpunk, je me suis jeté dessus et un arrêt maladie de deux jours m'a permis de binge-watcher la chose comme seule l'obligation de se réfugier sous une grosse couette sans avoir rien à faire de plus que d'ouvrir les yeux le permet.


Altered Carbon


Pour ceux qui n'ont pas lu le roman, résumons un peu l'histoire sans spolier.
D'abord, l'univers. L'humanité du futur a trouvé le moyen d'installer une puce dans la nuque de tous les humains qui enregistre la personnalité de chacun, en permanence. Si vous venez à mourir, et que vous en avez les moyens, on retire la puce du cadavre et on réinjecte la personnalité dans un nouveau corps. Si vous avez vraiment du blé, on vous réinjecte dans un clone identique. Et si vous avez vraiment vraiment du pez, alors vous êtes immortel de fait. Cette situation a donc créé une classe aristocrate capitaliste au-dessus des lois et des hommes (et vivant au sommet de tours qui dépassent les nuages de pollution au-dessus des villes), les mathusalems. Ils ont tout.
Grâce à cette technologie, l'homme a aussi pu conquérir les étoiles : envoyez la conscience de vos soldats dans des corps que vous avez fait croître sur place, réinjectez vos soldats tombés au front pour ne pas perdre leur entraînement et expérience, ...
Il y a, bien sûr, des mécontents : les religieux qui pensent que la réinjection est un blasphème. Ceux qui pensent qu'on devrait laisser les victimes d'assassinat où elles sont plutôt que de leur demander de nommer leur assassin. Les révoltes contre les mathusalems. Etc.

Maintenant, l'histoire. Un riche mathusalem a fait sortir Takeshi Kovacs de son incarcération, qui devait être à perpétuité (garder une puce dans un coffre, c'est simple) et le fait réinjecter dans son corps. Kovacs est un ancien soldat d'élite d'une guerilla anti-mathusalem qui a failli mettre fin au système des piles. Autant dire qu'il était rangé dans les tréfonds de la poubelle sous bonne garde. La raison de cette libération : essayer de comprendre qui et pouquoi a collé une balle dans la tête du math' juste avant sa sauvegarde, lui faisant perdre les dernières 24h de mémoire dans l'affaire.

High-tech & low life
Altered Carbon a bien digéré toutes les sources visuelles de Cyberpunk des 30 dernières années. On reconnaît l'influence majeure de Blade Runner of course, mais aussi The Matrix et toutes les oeuvres du genre. D'ailleurs, on notera la présence de monsieur Max Headroom au casting. L'esthétique est particulièrement réussie même si je reste (moi aussi) troublé par la fascination pour des écrans transparents... Comment tu veux voir un truc dessus quand tu vois aussi au-travers ? Bon, c'est un détail, hein. J'ai retrouvé ce concept high-tech & low life qui fait pour moi toute l'attraction du genre. J'ai adoré. Aussi, il y a vraiment un effort fait sur les anecdotes au cours de la série pour présenter toutes les possibilités du "réenveloppement" (re-sleeving), permettant de changer de corps.
Il faut aussi mentionner toute l'esthétique de l'hôtel Poe, superbe, appuyée par un acteur chouette soutenu par un rôle bien pensé et bien écrit.


Il faut d'ailleurs revenir sur un point. La nudité omniprésente dans la série. Nudité qui devient petit à petit de plus en plus bizarre à mesure qu'on avance dans les épisodes. La nudité ne me dérange pas (alors que la violence, elle...) mais je me suis demandé si l'effet produit avait été voulu. C'est bien le cas. La créatrice de la série explique que la nudité présentée est là pour montrer que dans ce futur le corps n'est plus guère qu'un vêtement qu'on endosse et que la pudeur ne se trouve plus dans le fait de cacher son kiki. Eh bien c'est réussi.

Au niveau des acteurs, je trouve l'acteur principal mollasson. Il essaie de faire le cynique détaché mais, à la longue, ça fait plutôt dans le mou et le passif. C'est dommage. Et l'actrice principale (l'inspectrice Ortega) un peu trop dans le too-much de la kinenveu-en-colère, mais ça va encore.
Par contre, j'ai beaucoup apprécié pas mal de nombre des acteurs secondaires. Une note particulière aux acteurs qui devaient endosser le même personnage (du fait du changement de corps) et conserver, donc, le même jeu à plusieurs. Balaise. Idem pour l'acteur qui joue une femme "cross-sleeved", c'est à dire injectée dans le corps d'un homme contre son gré.

Vous me reconnaissez ? Oui ? Alors vous êtes vieux. ;)
Pour la petite note des changements par rapport au livre : j'avoue, je l'ai lu il y a longtemps et ils ne m'ont pas sauté aux yeux. Je suppose qu'il y en a, mais je ne vois pas l'intérêt d'aller googler une liste. Si ça ne m'a pas marqué, c'est que ça va, et/ou que la série se tient très bien toute seule et n'a pas besoin d'être comparée au livre. Je me rappelle vaguement que l'hôtel était basé sur Hendrix et non Poe mais c'est bien tout.

En conclusion, mais vu l'enthousiasme de ce que j'ai écrit auparavant, je vous dirais de foncer. Il y a des longueurs mais j'ai surtout pensé qu'elles étaient dues au fait que j'ai maté la quasi totalité de la saison en deux jours : comme il y a certaines complexités, la série donne de brefs résumés de temps à autres qui semblent des longueurs quand ont vient de voir ce qui est raconté deux épisodes plus tôt. Tous les afficionados du cyberpunk peuvent y aller, peu de chance qu'ils soient déçus.

Netflix a annoncé une saison 2. Le problème c'est que mon souvenir du second roman de la trilogie est vraiment négatif. Si la série se base dessus, j'espère que la créatrice arrivera à dépasser le matériau de base.

* : flix = toile, de "se faire une toile" pour aller au ciné. Oui, bon, mes excuses aux familles, tout ça.

Commentaires

  1. Bonjour.
    Juste pour vous prévenir: 3 images sur 4 dans la colonne "Nos lectures du moment" n'apparaissent plus.
    Cordialement

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    Réponses
    1. Bonjour.
      Oui.
      En fait, c'est dû, je crois, à la fermeture du Sharing de DropBox. La seule image visible n'utilise pas ce système (mais il faudrait la mettre à jour).

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