Troy: Fall of a City

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Aujourd'hui, je vais vous parler d'une série télévisée qui est notée 3.8/10 sur IMDB. Une note pareille, c'est assez rédhibitoire. Même un mauvais film avec Nicholas Cage ne flirte jamais avec des notes aussi minables. C'est habituellement réservé à des refaisages turcs des Avengers ou à ces tombereaux de séries indiennes aux titres interchangeables dont Netflix gonfle régulièrement son catalogue.

L'image de Troy m'avait fait de l'oeil à son lancement, mais je ne descends jamais en dessous de 6/10 sur IMDB. Même les jours de déprime télévisuelle, j'ai encore assez d'estime de moi pour ne pas m'aventurer plus bas. Les films avec Adam Sandler, c'est haram. Alors j'ai regardé d'autres trucs (ce n'est pas ce qui manque, les titres bien notés) et Troy n'a même pas eu l'honneur de rejoindre ma liste des trucs qui poireaute depuis des années sur mon compte sans être visionnés.

Il faut que je vous prévienne : je ne suis pas helléniste. Vous me dites Troy et je vous réponds "and Abed in the morning!". Je ne savais rien de ce mythe si ce n'est qu'une guerre avait éclaté pour les beaux yeux d'Hélène et qu'il y avait un lapin de Troie à un moment. Achille, Hector, oui, je suis pas con non plus, je savais bien qu'ils étaient dans le décor, mais dans quel camp ? J'avais aussi la certitude que c'était en rentrant de cette guerre qu'Ulysse allait faire un beau voyage, voir cent paysages et puis retrouver (après maintes traversées) le pay des vertes allées. Mais à part ça, je n'aurais même pas été foutu de vous situer Troie sur la carte.

Et donc j'ai attaqué cette histoire archi-connue comme votre tante Simone quand vous lui avez parlé du Trône de Fer avec enthousiasme et qu'elle est tombée sur le premier épisode : j'étais dans l'expectative. Paris, jeune berger, découvre qu'il en fait un princes de Troie. Son père Priam l'envoie en mission diplomatique chez les Grecs, et bam, Paris tombe raide dingue d'Hélène, l'épouse du roi Ménélas. Le couple adultérin s'enfuie main dans la main jusqu'à Troie. Et forcément, les Grecs vont débarquer avec armes et bagages pour faire le siège de la cité pour qu'on leur rende la plus belle femme du monde. Et ça va durer 10 piges.

Et punaise, j'en ai eu pour mon argent : des combats avec des spartiates sur la plage. De l'espionnage. De la politique. De l'amour. De la trahison. Les 8 épisodes de cette série produite par la BBC se bâfrent avec aisance et avidité. Troie n'existe plus, le titre de la série indique clairement que la cité va finir par tomber, mais ça vous prend aux tripes, ces vieux mythes, c'est magique. L'hubris des hommes, la malice des dieux, la passion dans ce qu'elle a de plus entière et aliénante. C'est bien joué, bien tourné, bien réalisé. C'est presque un sans faute. La seule critique que je fais en gros béotien que je suis de la chose homérienne, c'est que le siège ne donne pas l'impression de s'éterniser sur 10 ans. On voit bien une princesse tomber enceinte et accoucher, mais jamais on a l'idée que cette histoire s'est embourbée si longtemps. On a l'impression que tout se passe en un été. Mais c'est peut-être voulu. 10 ans chez  Homère, c'est peut-être comme 40 ans dans la Bible : ce n'est pas à prendre au pied de la lettre, c'est juste pour dire "ça a traîné en longueur".

Et donc, un bon casting, une belle histoire, une réalisation aux petits oignons, un standard de qualité digne de la BBC. Alors, comment expliquer le 3.8/10 sur IMDB ? La série a-t-elle été descendue en flammes par le puissant syndicat des profs de Grec ancien qui n'ont pas apprécié cette adaptation ? Que nenni. Ce sont les connards de la droite alternative (alt-right) qui se sont offusqués de quelques choix artistiques et qui ont mené une campagne de salissage en règle en descendant la série. Car voyez-vous, Zeus est incarné par un acteur noir. Athéna est également jouée par une noire. On croise même une déesse albinos. Et là, les nazis aux petits pieds ont perdu la boule. Alors quand vous allez apprendre qu'Achille est également incarné par un acteur noir, vous comprendrez que les fachos ont été tout tourneboulés à l'intérieur du dedans d'eux. Vous pouvez lire des tonnes de critiques sur la série qui manient de splendides "je ne suis pas raciste, mais..."

Troy: Fall of a City est une putain de bonne série. La 3D sait y rester discrète. Les acteurs sont tous au meilleur de leur art. Le taux de mélanine des interprêtes n'est jamais préjudiciable à la puissante histoire qu'ils portent à bout de bras. Bien au contraire : il renvoie Brad Pitt dans ses 22 tant David Gyasi est puissant dans son incarnation. J'en dis volontairement pas trop sur les retournements de situation de l'histoire pour les incultes comme moi qui vont pouvoir savourer une intrigue viscéralement implantée dans notre imaginaire collectif. Damned, j'envie presque votre tante Simone qui regardait le Trône de Fer, maintenant.

Et maintenant, je dois revoir mon usage d'IMDB. Une mauvaise note n'est pas forcément un consensus critique sur une oeuvre, ça peut aussi être des trolls en goguette qui se sentent menacés dans leur virilité par de bons acteurs qui montrent qu'on peut être noir et incarner le plus subjuguant des héros bisexuels de l'Antiquité.

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