L'avis de Cédric
Une nuit de lecture. De courts paragraphes sans chapitre. Des dialogues sans tiret ni guillemet. Un livre sans intrigue mais pas sans intérêt. Oh non.
Un père et son fils marchent en poussant un caddie de supermarché qui contient tout ce qu'ils possèdent. Le monde n'est plus monde. Des cendres recouvrent tout. Les arbres sont morts. Il faut fouiller pour trouver une vieille boite de conserve ou quelques grains de céréales dans un champ. Les autres survivants sont potentiellement des assassins ou canibales, alors chaque rencontre est tendue, arme à la main. Un père et son fils donc. Un père qui essaye de faire en sorte que son gamin soit fort et apprenne à survivre. Un fils qui est assez grand et assez désenchanté pour comprendre quand son père lui ment.
Quand un auteur aussi "classique" que Cormac McCarthy s'attaque au post-apo, ça ne donne pas un roman de SF. Ça donne plutôt un livre noir débarassé de plein de choses : pas d'explication sur l'origine de la catastrophe, très peu d'éléments biographiques sur les personnages, pas d'enjeu autre que la survie au quotidien des personnages... Et toutes ces choses qui manquent par rapport aux autres bouquins post-apo, ça laisse place au lien entre le père et le fils et à la description méthodique du système D de la survie. On sait dès le départ qu'il ne peut pas y avoir de happy end, la cavalerie ne viendra pas les sauver. C'est juste un instantané dans la vie de deux survivants, tout comme Une journée d'Ivan Denissovitch de Soljenitsyne raconte une journée au goulag et les multiples magouilles que doit faire Ivan pour vivre, tout simplement.
La bande-annonce du film à venir m'enchante et me fait peur. Viggo Mortensen fait des choix intelligents, je sais qu'il va superbement camper le rôle du père. Là où je prends peur, c'est que le livre en lui-même ne contient pas assez de matière pour faire un film commercial. Il faut ajouter encore plus de danger, de pathos et de belles scènes à effets spéciaux pour qu'il soit vendable. Le syndrôme Je suis une légende me fait craindre le pire. En lisant La Route, j'avais en tête les images du film Stalker d'Andrei Tarkovsky, ce noir et blanc oppressant, ce décor hostile. La Route mérite ce genre de réalisation et non celle d'un clip de MTV.
L'avis de Munin
Lire La Route peu de temps après avoir découvert The Walking Dead est une drôle d'expérience : dans les deux œuvres, on suit un père et son fils tentant de survivre dans un monde post-apo. Dans les deux, le traitement est brutal, sans concession, donnant l'occasion aux auteurs d'exposer sous la graisse de la civilisation les viscères écorchées des pulsions humaines. Alors que dans The Walking Dead, la lecture de ce portrait psychologique et sociologique est facilitée par l'élément fantastique et le suspense apporté par le traitement narratif, La Route propose une expérience plus intimiste, d'une beauté austère, et à l'intrigue extrêmement dépouillée. L'écriture est de toute beauté, les phrases courtes et incisives faisant naître à chaque paragraphe ou presque des formules à la poésie sobre et sincère. C'est une expérience de lecture poignante et intense, aux enjeux philosophiques forts, dont on ressort bouleversé.
Comme Cédric, je n'arrive pas bien à imaginer ce que peut donner le film...
Une nuit de lecture. De courts paragraphes sans chapitre. Des dialogues sans tiret ni guillemet. Un livre sans intrigue mais pas sans intérêt. Oh non.
Un père et son fils marchent en poussant un caddie de supermarché qui contient tout ce qu'ils possèdent. Le monde n'est plus monde. Des cendres recouvrent tout. Les arbres sont morts. Il faut fouiller pour trouver une vieille boite de conserve ou quelques grains de céréales dans un champ. Les autres survivants sont potentiellement des assassins ou canibales, alors chaque rencontre est tendue, arme à la main. Un père et son fils donc. Un père qui essaye de faire en sorte que son gamin soit fort et apprenne à survivre. Un fils qui est assez grand et assez désenchanté pour comprendre quand son père lui ment.
Quand un auteur aussi "classique" que Cormac McCarthy s'attaque au post-apo, ça ne donne pas un roman de SF. Ça donne plutôt un livre noir débarassé de plein de choses : pas d'explication sur l'origine de la catastrophe, très peu d'éléments biographiques sur les personnages, pas d'enjeu autre que la survie au quotidien des personnages... Et toutes ces choses qui manquent par rapport aux autres bouquins post-apo, ça laisse place au lien entre le père et le fils et à la description méthodique du système D de la survie. On sait dès le départ qu'il ne peut pas y avoir de happy end, la cavalerie ne viendra pas les sauver. C'est juste un instantané dans la vie de deux survivants, tout comme Une journée d'Ivan Denissovitch de Soljenitsyne raconte une journée au goulag et les multiples magouilles que doit faire Ivan pour vivre, tout simplement.
La bande-annonce du film à venir m'enchante et me fait peur. Viggo Mortensen fait des choix intelligents, je sais qu'il va superbement camper le rôle du père. Là où je prends peur, c'est que le livre en lui-même ne contient pas assez de matière pour faire un film commercial. Il faut ajouter encore plus de danger, de pathos et de belles scènes à effets spéciaux pour qu'il soit vendable. Le syndrôme Je suis une légende me fait craindre le pire. En lisant La Route, j'avais en tête les images du film Stalker d'Andrei Tarkovsky, ce noir et blanc oppressant, ce décor hostile. La Route mérite ce genre de réalisation et non celle d'un clip de MTV.
L'avis de Munin
Lire La Route peu de temps après avoir découvert The Walking Dead est une drôle d'expérience : dans les deux œuvres, on suit un père et son fils tentant de survivre dans un monde post-apo. Dans les deux, le traitement est brutal, sans concession, donnant l'occasion aux auteurs d'exposer sous la graisse de la civilisation les viscères écorchées des pulsions humaines. Alors que dans The Walking Dead, la lecture de ce portrait psychologique et sociologique est facilitée par l'élément fantastique et le suspense apporté par le traitement narratif, La Route propose une expérience plus intimiste, d'une beauté austère, et à l'intrigue extrêmement dépouillée. L'écriture est de toute beauté, les phrases courtes et incisives faisant naître à chaque paragraphe ou presque des formules à la poésie sobre et sincère. C'est une expérience de lecture poignante et intense, aux enjeux philosophiques forts, dont on ressort bouleversé.
Comme Cédric, je n'arrive pas bien à imaginer ce que peut donner le film...
Effectivement ! Le livre donne envie, la bande annonce bien moins. La présence de Vigo Mortensen à l'affiche peut laisser un espoir, faible cependant il faut bien se l'avouer...
RépondreSupprimerJ'avais trouvé ça vraiment trop minimal. Dommage.
RépondreSupprimerQue voulais-tu en plus ?
RépondreSupprimerDes détails sur la catastrophe ?
Savoir ce que deviennent les protagonistes ?
Personnellement, la fin m'a beaucoup ému, au point de me tirer une petite larme.
RépondreSupprimerUn de mes très bons moments de lecture 2008.
J'en avais fait un billet à cette adresse :
http://tortue-geniale.over-blog.net/article-18591614.html
J'ai vraiment hâte de voir ce film pour ma part, il paraît qu'il est plutôt réussi !
RépondreSupprimerMessieurs Ferrand et Fenot, je meurs d'envie de m'entretenir avec vous concernant Vermine (dont vos scénarios sont mes préférés, et ce n'est pas pour vous jeter des fleurs), j'ai pas mal de questions à vous poser et ça me ferait le plus grand plaisir d'avoir des réponses (n'ayant pas de nouvelles de Julien Blondel depuis un moment)...
Je vous laisse mon mail: corvuscorax88@hotmail.fr
En espérant recevoir un p'tit courrier :)
Super blog au passage ;)
Tyresiax
Le film n'était finalement pas la trahison que redoutais. Viggo Mortensen se trompe rarement dans ses projets. Un bon compromis entre le livre et les impératifs de la caméra et du spectateur.
RépondreSupprimerJ'ai personnellement trouvé le film très bon, sans avoir lu le livre. Loin des canons hollywoodiens façon "Book of Eli" ou "Je suis une Légende", et avec un rendu réaliste qui devient vite insupportable, psychologiquement parlant.
RépondreSupprimerJe n'ai lu que le livre... et malgré un pitch accrocheur, j'ai trouvé que le rythme était vraiment très lent... Ca ne m'a pas empêché de le finir. Mais mon dieu que c'était long!
RépondreSupprimerJe crois bien que j'ai vu le film avant de lire le livre. L'un comme l'autre ont été des vraies claques. J'ai adoré. Et ça m'a terrifié en même temps. Une histoire profondément humaine, quelque soit le support.
RépondreSupprimerParfois, quand je pense à ce que l'être humain peut faire pour le pire comme pour le meilleur, je pense à "La route".