Cette fois, c'est moi qui fais remonter un billet de Cédric, pour glisser mon avis en dessous du sien.
L'avis de Cédric
J'ai déjà fait état ici de mon admiration pour le capitaine Alatriste.
La sortie au format poche du dernier volume en date a été l'occasion pour moi de replonger dans les aventures du plus sanguin des hidalgos. Allez savoir pourquoi, je ne cessais d'imaginer Viggo Mortensen en train de passer deux doigts sur sa moustache.
Or donc, Alatriste et son fidèle Inigo s'embarquent sur une galère pour voguer sur la Méditérranée et vivre par l'épée, comme toujours. Au menu : pirates, sacs et abordages. Quand je dis pirates, n'imaginez pas Alatriste incarné par Errol Flynn, oh que non. Comme d'habitude avec Arturo Pérez-Reverte, c'est crade, c'est moche, c'est sanglant. L'écriture est bourrée d'un vocabulaire marin qui sent bon l'embrun (une fois de plus, chapeau bas au traducteur, François Maspero, qui a fait un travail admirable), c'est passionnant de plonger dans cette époque historique à travers la vie d'Alatriste. D'ailleurs, la couverture incarne à la perfection cette ambiance sanglante.
Mon seul regret, c'est l'absence d'une réelle intrigue. Alatriste se laisse pousser par le vent (ou du moins par la solde), mais il n'y a pas de réelle histoire derrière ce périple en mer. C'est très réaliste, c'est logique avec la vie de notre hidalgo, mais ça manque d'une certaine tension scénaristique. Surtout que le final m'a déçu.
J'ai une furieuse envie de revoir Master & Commander et le Pirates de Polanski. C'est peu être pas très méditerranéen, mais va y avoir de la mitraille qui va voler.
L'avis de Munin
Je commençais d'être un peu lassé par la série des Alatriste : le précédent, le Gentilhomme au pourpoint jaune, en particulier, réutilisait des ficelles usées jusqu'à la corde (ah ah) : l'intrigue de cour, les Nemesis increvables, les duels, la poèsie, les sicaires... Cela donnait l'impression de relire un livre qu'on aurait déjà lu plusieurs fois mais dont on aurait oublié les détails. J'ai presque hésité à me plonger dans Corsaires du Levant, du coup. J'ai bien fait de céder, car quel beau roman ! Je n'aurais pas eu besoin de rajouter mon avis en-dessous de celui de Cédric, si je l'avais partagé en tous points. Contrairement à lui et à la plupart de nos commentateurs, j'ai été subjugué par ce récit maritime, tout entier dédié à la Méditerranée, cette grande flaque sur laquelle toutes les civilisations voisines se croisent, se mélangent et se battent depuis des temps immémoriaux.
J'ai eu l'impression de vivre avec Alatriste et son jeune compagnon, le narrateur, sur la galère. De dormir dans la crasse, mangé par les poux et le sel marin, de sentir les odeurs rances montant des bancs des galériens, d'entendre le fouet claquer sur le dos de la chiourme, tout en guettant l'apparition sur l'horizon de voiles turques et mauresques. Les passages de bataille sont d'une violence épique à nouer les tripes, tout autant que la description de la vie en garnison sur la côte africaine en fait ressortir le côté solitaire et désespéré. Certes, Alatriste passe au second plan, mais c'est bien normal car en plus d'être un récit d'aventures maritimes, une peinture de l'âme espagnole, un constat désabusé des facteurs intemporels de décadence des civilisations occidentales, et une ode aux lettres classiques espagnole, les Corsaires du Levant, à travers le personnage d'Inigo, est en plus un roman d'apprentissage et du passage à l'age adulte. Finalement, si ce roman se démarque de la série, c'est en bien, car il lui permet de se renouveler, dans le style comme dans les personnages (leur caractère, leurs relations).
Or donc, Alatriste et son fidèle Inigo s'embarquent sur une galère pour voguer sur la Méditérranée et vivre par l'épée, comme toujours. Au menu : pirates, sacs et abordages. Quand je dis pirates, n'imaginez pas Alatriste incarné par Errol Flynn, oh que non. Comme d'habitude avec Arturo Pérez-Reverte, c'est crade, c'est moche, c'est sanglant. L'écriture est bourrée d'un vocabulaire marin qui sent bon l'embrun (une fois de plus, chapeau bas au traducteur, François Maspero, qui a fait un travail admirable), c'est passionnant de plonger dans cette époque historique à travers la vie d'Alatriste. D'ailleurs, la couverture incarne à la perfection cette ambiance sanglante.
Mon seul regret, c'est l'absence d'une réelle intrigue. Alatriste se laisse pousser par le vent (ou du moins par la solde), mais il n'y a pas de réelle histoire derrière ce périple en mer. C'est très réaliste, c'est logique avec la vie de notre hidalgo, mais ça manque d'une certaine tension scénaristique. Surtout que le final m'a déçu.
J'ai une furieuse envie de revoir Master & Commander et le Pirates de Polanski. C'est peu être pas très méditerranéen, mais va y avoir de la mitraille qui va voler.
L'avis de Munin
Je commençais d'être un peu lassé par la série des Alatriste : le précédent, le Gentilhomme au pourpoint jaune, en particulier, réutilisait des ficelles usées jusqu'à la corde (ah ah) : l'intrigue de cour, les Nemesis increvables, les duels, la poèsie, les sicaires... Cela donnait l'impression de relire un livre qu'on aurait déjà lu plusieurs fois mais dont on aurait oublié les détails. J'ai presque hésité à me plonger dans Corsaires du Levant, du coup. J'ai bien fait de céder, car quel beau roman ! Je n'aurais pas eu besoin de rajouter mon avis en-dessous de celui de Cédric, si je l'avais partagé en tous points. Contrairement à lui et à la plupart de nos commentateurs, j'ai été subjugué par ce récit maritime, tout entier dédié à la Méditerranée, cette grande flaque sur laquelle toutes les civilisations voisines se croisent, se mélangent et se battent depuis des temps immémoriaux.
J'ai eu l'impression de vivre avec Alatriste et son jeune compagnon, le narrateur, sur la galère. De dormir dans la crasse, mangé par les poux et le sel marin, de sentir les odeurs rances montant des bancs des galériens, d'entendre le fouet claquer sur le dos de la chiourme, tout en guettant l'apparition sur l'horizon de voiles turques et mauresques. Les passages de bataille sont d'une violence épique à nouer les tripes, tout autant que la description de la vie en garnison sur la côte africaine en fait ressortir le côté solitaire et désespéré. Certes, Alatriste passe au second plan, mais c'est bien normal car en plus d'être un récit d'aventures maritimes, une peinture de l'âme espagnole, un constat désabusé des facteurs intemporels de décadence des civilisations occidentales, et une ode aux lettres classiques espagnole, les Corsaires du Levant, à travers le personnage d'Inigo, est en plus un roman d'apprentissage et du passage à l'age adulte. Finalement, si ce roman se démarque de la série, c'est en bien, car il lui permet de se renouveler, dans le style comme dans les personnages (leur caractère, leurs relations).
Un hidalgo sanguin, le flegmatique même-pas-vraiment-capitaine Alatriste ? Tsss ;)
RépondreSupprimerNonobstant, v'là qui me donne envie de rattraper mon retard dans la série. J'y vais pas de ce pas, mais presque.
La question ne se pose pas, il aura une bonne place dans une prochaine PAL ce nouvel opus des épisodes d'Alatriste. J'avais particulièrment aimé les trois premiers épisodes de ces aventures.
RépondreSupprimerJe qualifie Alatriste de sanguin car il a quand même la rapière facile. Que quelqu'un le tutoie et l'importun prend 3 pieds de lame de Tolède dans l'estomac.
RépondreSupprimerJe suis assez d'accord avec toi Cédric, cet Alatriste-là m'a également laissé sur ma fin, du fait de son absence d'intrigue. Au point même que je me suis arrêté avant la fin. Quel dommage franchement car, jusqu'ici, c'était un sans- faute ! Espérons que le suivant nous replongera dans les intrigues politiques, les femmes et les combats de ruelle...
RépondreSupprimerPour ma part, j'avais pas été super enchanté par le précédent, le gentilhomme au pourpoint jaune. Je trouvais que Perez-Reverte commençait un peu à se répéter.
RépondreSupprimerCes "Corsaires du Levant" sont dépaysants, notamment grâce à la première partie qui fait découvrir au lecteur les soldats espagnols basés en Afrique du Nord, quasiment livrés à eux-mêmes, oubliés là-bas par un roi et des ministres qui se préoccupent surtout des Flandres.
RépondreSupprimerLa deuxième partie, en mer sur les galères, sera peut-être moins accrocheuse pour les lecteurs qui ne goûtent pas les espaces confinés et les combats navals.
Ce roman-là tend à confirmer ce que j'ai ressenti à la lecture de pas mal d'autres romans d'Arturo Pérez Reverte : souvent, il ne sait pas donner une fin consistante à ses romans. On dirait que ça s'étiole tout seul.
(Parfois, c'est même tout le roman qui est mou, comme "La carta esférica / Le cimetière des bateaux sans nom").
En tant que fan d'Alatriste, je réclame mieux pour le prochain tome !
En ce qui me concerne je n' ai pas lu autre chose d'Arturo Perez Reverte que le tableau du maitre flamand. Cette serie maritime a l 'air interresante mais va telle soutenir la comparaison avec ma préférée, la trilogie de Garneray qui est une biographie*:
RépondreSupprimerhttp://fr.wikipedia.org/wiki/Ambroise_Louis_Garneray
* un poil exagérée faut le reconnaitre
Didier, les aventures d'Alatriste ne forment pas une série maritime. Ce volume traite du monde de la mer, mais le reste de la saga se déroule majoritairement sur la terre ferme.
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