Le Cauchemar d'Innsmouth


Le Cauchemar d'Innsmouth est un recueil de nouvelles de Lovecraft, mais c'est réellement la nouvelle éponyme qui m'a frappé. Une ville à l'abandon, un mystérieux culte local, des habitants plus congénitaux que les familles royales européennes, la lente découverte d'une indicible réalité par un narrateur dépassé par les évènements... C'est sans doute un récit archétypal de Lovecraft, mais c'est terriblement efficace. Comme Arkham ou Providence, Innsmouth entre immédiatement dans la légende comme un lieu mythologique dans l'horreur. Le monde se divise en deux : ceux qui savent ce qui se tramaient autrefois à Innsmouth avant que le gouvernement éradique le mal, et les autres.

Évidemment, c'est une pierre angulaire du mythe de Cthulhu. Visite Innsmouth en jeu de rôles a toujours été une menace pour nos personnages, même si je ne savais rien de concret sur cette ville. Nous savions juste que c'était une bourgade à part, une communauté où l'irréel prenait directement pied avec le monde de nos investigateurs. Nous craignions Innsmouth comme on se méfie de la cité d'Ys, par une sorte d'atavisme horrifique.

Histoire de prolonger ma virée dans cette communauté étrange, j'ai décidé de m'offrir un programme double en visionnant le film suivant, directement inspiré par la nouvelle :


De nos jours, un professeur gay revient sur l'île de son enfance (près de Seattle) à l'occasion de l'enterrement de sa mère. Ce retour est l'occasion d'affronter plusieurs démons familiaux mais surtout de se rendre compte que la vie sur l'île n'a pas changé et est toujours aussi étrange : rites secrets, disparitions, omerta insulaire...

Pour faire simple, disons que j'ai vu des spectacles de fin d'année plus réussis que ce film. Les acteurs jouent comme des manches de pioche, et l'intrigue, qui se veut une vision moderne de la nouvelle, est vidée de toute sa substance lovecraftienne pour finir sous la forme d'une succession de trucs vaguement étranges qui dénaturent toute la tension dramatique de l'Innsmouth originel. Oh, il y a bien la volonté de se doter d'un personnage principal plus étoffé que celui de la nouvelle en lui greffant un historique familial et sentimental plus fouilé, mais cela se fait au prix d'un abandon total du terrible punch final de la version papier.

J'avais déjà parlé sur ce billet de l'excellente adaptation rétro de la nouvelle L'Appel de Cthulhu. Alors que le projet Beyond the mountain of madness de Guillermo del Toro semble avoir été abandonné, je me pose une question :

Parmi les 87 oeuvres listées par IMDB sur la fiche de Lovecraft, existe-il un film qui arrive à retranscrire à l'écran l'univers de mon auteur névrosé préféré ?

Commentaires

  1. On peut dire tout le mal qu'on veut sur Lovecraft ces écrits n'en reste pas moins terriblement efficace.

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  2. Au fait comment as tu pu jouer à Cthulhu sans avoir lu une des nouvelles les plus emblématiques de l'oeuvre ?

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  3. Après la Bibliothèque verte, il y a eu une longue abstinence littéraire pour moi. Beaucoup de BD, un abonnement à Okapi, des encyclopédies, mais le roman était un animal que je n'arrivais pas à attraper. La petite bilbiothèque municipale où j'étais abonné proposait peu d'ouvrage de SF/Fantasy. C'était l'époque où la lecture était un sujet imposé par les profs de Français, donc c'était forcément tout sauf un plaisir.

    Pour me dédouaner, je pense que plusieurs jeux de rôles s'appuient sur le plaisir de la découverte. À 15 ans, je ne connaissais rien sur les années 20, rien sur le Chicago et Lovecraft était pour moi un nom rigolo qui me faisait penser à Miguelité Loveless dans Les Mystères de l'ouest. C'est en jouant que je me construis ma culture ludique de l'oeuvre de Lovecraft (qui n'a donc presque rien à voir avec les nouvelles du maître).

    Je pense sincèrement que la plus grande qualité d'un joueur est souvent l'ignorance. Si ma table de jeu ne connaissait pas Battlestar Galactica, je pourrais leur faire jouer la série. Mais de nos jours, les joueurs savent tout. Dans ma jeunesse ludique, je me souviens qu'un seul membre de notre club de jeu de rôles regardait X-Files. Du coup, il nous faisait rejouer les épisodes, c'était génial. Quand on a eu tous accès à la série, la magie s'est envolée.

    Et quelque part, je suis content de ne pas avoir été un lecteur précoce de Lovecraft qui aurait crié au sacrilège à la moindre entorse au mythe. Parce que la 117ème enquête débutant par un étrange héritage me faisait toujours autant rêver. Et écouter les souvenirs de guerre des vieux joueurs de mon club qui racontaient leurs scénarios de l'AdC était finalement aussi flippant que de lire l'oeuvre de Lovecraft. C'est en les écoutant dire à demi-mots ce qu'ils avaient entraperçu à Innsmouth que j'ai appris à éviter cette bourgade.

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  4. Anonyme24/10/09

    Pour ce qui concerne les adaptations cinématographiques de l'oeuvre de lovecraft, je te conseille je te conseille Dagon, par Stuart Gordon, le monsieur qui a fait l'excellent Re-animator.

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  5. Dans "Miroir et fumée", Neil Gaiman place une de ses nouvelles à Innsmouth, évidemment pour détourner l'histoire et c'est très très drôle !

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  6. Les premiers joueurs de jeux de rôle que j'ai croisé au collège, pratiquaient justement l'Appel. Manque de bol en les écoutant je n'ai jamais vu la moindre différence avec ceux jouant à ADD. ;)
    "J'ai tué deux profonds et du coup j'ai regagné un point de santé mentale".
    Du coup, je n'ai jamais joué à l'Appel... :(

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  7. Le maître-mot, c'est "collège". Je me souviens de ma première partie de l'Appel de Cthulhu, une nuit de retraite spirituelle dans un évéché. Le bâtiment ample et majestueux, ce silence imposant dans les couloirs vide, une nuit blanche dans une bibliothèque débordante d'ouvrage qui sentent bon le vieux cuir où nous nous sommes glissés pour jouer entre membres du catéchisme. Dans cette nuit d'entre les nuits, mon premier contact avec l'indicible réalité de Lovecraft a été bouleversifiante :

    - Quoi, y'a pas de classe dans ton jeu ?
    - Non, tu fais ce que tu veux : ça se passe dans les années 20.
    - Ok, alors je veux jouer un magicien.
    - Ah non, tu peux pas, la magie n'est pas accessible aux joueurs au début...
    - Euh, t'es certain qu'on peut pas faire un Donj', plutôt que ton truc ?

    Disons qu'à 15 ans, tout passait par le prisme de Donj'. De ce point de vue là, Donj' est au jeu de rôles ce que le porno est à l'amour : pas nécessairement représentatif de tout le spectre.

    On a finalement fait cette partie de l'Appel de Cthulhu, une sombre histoire d'héritage d'une maison hantée. Schéma que nous avons finalement reproduit pendant des années, à coups de mitraillette Thomson, dans les rue de Chicago, dans l'arrière-pays écossais ou même à Paris. Ce n'était pas très développé, c'était surtout une chasse au monstre.

    C'est bien plus tard, à l'université, que j'ai croisé Maléfices et une autre approche pour Cthulhu. Du mythe plus ancré dans l'ambiance, mais aussi des parodies (avec Frères de sang) où on jouait un soir à la manière d'un film muet, le soir suivant on incarnait des catcheurs mexicains, puis on enchaînait avec des surfeurs nazis venus de l'espaaaace. Là encore, Lovecraft était totalement absent de nos parties. Et je ne voulais plus entendre parler de Cthulhu.

    Il y a 2 ans, je me suis mis au défi de faire un Cthulhu à l'ancienne. Les Oripeaux du Roi, une campagne qui s'articule autour du Roi en Jaune, de la folie et tout le tintouin. C'était pas encore authentiquement lovecraftien, mais il y avait pour la première fois de ma vie de rôliste un lovecraftisme latent.

    C'était tellement agréable de retrouver un mythe que je ne connaissais finalement pas que je me suis mis à lire les nouvelles du maître. La boucle était bouclée.

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  8. Major Threat25/10/09

    Je me retrouve dans ton récit de jeunesse en changeant donj' par med-fan bourrin. Par contre, au contraire, je connaissais plus Lovecraft que Tolkien en littérature sci-fi. Quant à Dagon de Stuart Gordon, c'est effectivement, ce qui ressemble le plus à une adaptation filmesque réussi de Lovecraft.

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  9. En ce qui concerne une adaptation assez fidèle de l'Affaire Charles Dexter Ward, - quoique grandement inspirée des ses premiers travaux sur Poe -, je peux proposer "La Malédiction d'Arkham" (The Haunted Palace) de Roger Corman, avec Vincent Price.

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  10. @Cédric : Ca sens le vécu en effet. ;)

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  11. Anonyme25/10/09

    "Parmi les 87 oeuvres listées par IMDB sur la fiche de Lovecraft, existe-il un film qui arrive à retranscrire à l'écran l'univers de mon auteur névrosé préféré ?"

    Non. Il existe de très bons films basés sur l'oeuvre de Lovecraft mais ils sont rarement fidèles.

    Je plusoie pour La Malédiction d'Arkham. Corman mêle Poe et Lovecraft mais c'est très bon comme toutes les collaborations Poe/Corman/Price.

    J'aime beaucoup Necronomicon, un film à sketchs de Christophe Gans, Brian Yuzna et Shu Kaneko, avec Jeffrey Combs dans le rôle de Lovecraft.

    Deux conseils pour le fun. Les aventures du p'tit Cthulhu, une vidéo fort amusante, et Les nombreuses vies de Cthulhu, un ouvrage réalisant la synthèse de nos connaissances sur Cthulhu, délicieusement délirant et très documenté.

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  12. "The mist" est un film fantastique récent de très bonne facture qui n'adapte pas directement Lovecraft mais qui y fait immanquablement penser. Je te le conseille très vivement.

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  13. Une des oeuvres phare du maître de Providence. Je suis toujours sous le charme, 25 après avoir découvert ces premiers écrits...

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  14. Major Threat26/10/09

    Non, the mist est une adaptation voulue (ou non) d'une nouvelle de Stephen King.

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  15. Des adaptations de Lovecraft valables au ciné ?
    Arf, pas facile, tant l'oeuvre du Maître de Providence a été adapté et surtout dénaturé.

    A mon avis, l'une des meilleurs adaptations reste L'Antre de la Folie de john Carpenter. Ce n'est pas une adaptation d'une histoire en particulier, ce n'est pas vraiment fidèle, mais l'ambiance est là, à mon sens. Une valeur sûre.

    Il existe un téléfilm intitulé Détective Lovecraft qui semble-t-il est pas mal, mais je ne l'ai pas vu.

    Dans le genre gaudriole et grotesque, Re-animator I, II et III le font bien, mais ça n'est pas vraiment l'ambiance que tu recherches, je pense.

    Necronomicon est une compilation de courts métrages pas vraiment réussie, à part peut-être le segment réalisé par le français C. Gans.

    Et comme beaucoup, je fondais beaucoup d'espoir sur le projet de Del Toro.

    Pour résumer : procure-toi l'Antre de la Folie.

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  16. Anonyme29/10/09

    The Thing, encore de John Carpenter, rend aussi assez bien l'ambiance de Lovecraft à mon avis.

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  17. C'est rigolo, car The Thing est repassé sur le câble hier soir à l'occassion de l'Halloween.

    J'aime beaucoup ce film, mais la présence d'un vaisseau spatial et le fait que la créature est bien trop montrée à l'écran l'éloigne pour moi du lovecraftisme.

    Par contre, X-Files avait fait un épisode hommage à The Thing avec un épisode dans une base arctique, et j'ai pour le coup c'était réellement lovecraftien avec un Ancien sous la glace et des vers envahissants...

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  18. Anonyme17/2/10

    Demain j'ai une interrogation sur le livre de hp lovecraft. "le cauchemar d'innsmouth' et il se trouve que e n'ai pas lu le livre. . . depuis qinze h je le lis . MAIS les mots sont TRos dur .. Avez vs un site ou je pex trouver les résumés ? merci bye

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  19. Anonyme20/9/10

    "L'antre de la folie" de Carpenter ne retranscrit pas une œuvre de Lovecraft en particulier (du moins pas à ma connaissance) mais il me semble que c'est une belle mise à l'écran de son univers purement heu lovecraftien...

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