Blood ties book one : the Turning

Le docteur Carrie Ames est une jeune diplômée hésitante et solitaire travaillant dans un hôpital. L’arrivée d’un patient dans un état plus que critique la confronte à l’échec médical et au doute sur son sacerdoce. De suture en aiguille, notre bon docteur se retrouve mordu par son patient pourtant décédé. C’est l’occasion pour l’auteur, Jennifer Armintrout, de raconter le tournant que prend la vie de Carrie : la découverte de sa condition de vampire, la faim qui la ronge de l’intérieur, les instincts de prédateur qui remontent à la surface, l’immortalité virtuelle de son corps…

Une fois cette thématique initiatique traitée, l’intrigue se concentre sur un conflit moral simple : Carrie doit-elle suivre son Sire qui est un affreux vampire immoral et sanguinaire vers qui elle se sent irrésistiblement attirée ou bien rejoindre les rangs du Voluntary Vampire Extermination Movement, une bande de vampires tout aussi extrémiste qui prône la destruction des vampires par les vampires. Bien évidemment, Carrie hésite, transige et goûte aux deux styles de vie en passant du temps entre les bras de son Sire Cyrus (archétype du tortionnaire abuseur d’enfants qui veut dominer le monde, mais qui au fond de lui est juste un enfant qui manque d’amour et qui cherche à plaire à son papounet qui se fait appeler le Mangeur d’Âmes) et de Nathan (un véritable cliché ambulant lui aussi puisqu’il est le beau et ténébreux vampire au passé trouble hanté par la mort de sa femme dont il se sent responsable, mon dieux que l’immortalité est un fardeau horrible). Je ne vous raconte pas la fin, mais sachez que ce livre n’est que le début des aventure de Carrie, donc même si ça manque d’épaisseur pour le moment, ça devrait s’arranger par la suite (enfin, je l’espère).

N’y allons pas par 4 chemins : Jennifer Armintrout a joué à Vampire : la Mascarade et ça se sent constamment pendant la lecture de ce livre. On a l’impression de lire un livre de White Wolf tellement sa source d’inspiration est évidente. Elle se permet même de faire allusion au jeu de rôles en parlant des rôlistes comme étant des gens proches par moment des goths qui se la jouent « I wannabe a vampire ». Bref, son livre est bourré de clichés vampiriques puisés dans Vampire, et c’est dommage car son univers manque cruellement d’originalité. Elle se contente de renommer des concepts : The Book of Nod devient le Sanguinarius, les lupins sont des vampires qui ont dégénéré (qui a dit Gangrel ?), la notion de génération est évoquée mais sans chiffre, il y a des mages qui se téléportent, les fantômes existent aussi, le lien du sang permet de lire les penser et d’influer sur sa descendance, le méchant de l'histoire arrache le coeur de l'héroïne pour lui faire du chantage… Bref, elle n’a rien inventé. Le comble est que l’action se passe près dans le Michigan, ce qui rappellera des souvenirs aux joueurs de Vampire qui ont connu Chicago et ses alentours.

En dehors de ça, le personnage de Carrie est sympathique avec ses doutes, mais ses hésitations amoureuses de collégienne (dois-je coucher avec mon Sire qui me viole en utilisant le lien de sang qui nous unit ou bien me faire le ténébreux vampire que je ne connais que depuis 3 nuits ?) lassent très vite. La seule et maigre consolation c’est que le vocabulaire employé n’est pas censuré et est sexuellement explicite (pour une fois). Pas mal d'éléments sont incohérents (par exemple : Carrie est médecin mais ne procède à aucun examen sanguin sur elle quand elle se rend compte de sa transformation. Bonjour la curiosité scientifique) ou ridicules (les vampires ont un deuxière coeur qui pousse et peuvent changer de sire s'ils sont à nouveau vampirisés juste avant de mourir une nouvelle fois). En dehors de ça, c’est du sous-Anne Rice (avec quelques rares flashbacks médiévaux racontant rapidement la transformation de Cyrus il y a 600 ans) qui fait penser à du Blade ou à du Underworld. Bref, c’est parfaitement dispensable, sauf si comme moi on a de temps en temps un faible pour les mauvais romans.

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