Gotrek & Felix : le retour du fils de la vengeance du Tueur


Je vous avais déjà parlé dans un précédent billet du plus célèbre des duos de bourrins de Warhammer : Gotrek & Felix, le Nain armé d'une hache runique et l'Humain poète qui a juré de raconter la mort héroïque de son comparse. Eh bien les revoilà dans trois nouvelles aventures réunies dans un Omnibus de 766 pages pleines à craquer de monstres, de coups de hache et suspense, le tout avec un décor gothico-médiéval-fantasy de gare. Accrochez vos ceintures, tout le bestiaires monstrueux va y passer.

Le style littéraire est toujours aussi léger, mais pour c'est un bon point pour les gens comme moi pour qui l'anglais reste une langue secondaire. William King aligne les clichés du Vieux-Monde consciencieusement, et c'est tant mieux, car c'est ce qu'on lui demande. Les Kislevites sont fiers et valeureux, les Nains rustres et bornés, les Skavens arrivistes et paranoïaques, le Chaos bête et méchant... Comme il est impensable qu'il arrive quoi que se soit de grave à nos deux héros, les combats sont joués d'avance. On imagine mal Gotrek se faire torcher par le premier gobelin venu, dès lors difficile de prétendre qu'on reste haletant en attendant l'issue de chaque baston. Du coup, on s'intéresse un peu plus aux seconds rôles (Ulrika la belle Kislevite farouche au tempérament de braise et Max, le magicien qui prend de l'assurance) et à l'aspect sentimental de la saga. Car oui, si Gotrek n'est bon qu'à tuer du streum entre deux bières, Felix est un homme, un vrai, avec une vie amoureuse de soap medfan :

Felix : Je t'aime, mais tu es Kislevite, je suis de l'Empire, notre amour est impossible.
Ulrika (si c'est pas un pseudo de téléphone rose, ça) : Je n'ai pas le droit d'aimer, je dois penser à mon devoir qui s'impose à moi au plus mauvais moment, comme les flux menstruels.
Felix : Ah, si seulement je n'avais pas fait le serment de suivre ce Tueur au bout du monde...
Ulrika : Qu'importe, prends moi sur cette peau d'ours comme seuls savent le faire les brutes de ton espèce, nous mourrons sans doute demain.

À ce couple qui se déchire, il faut ajouter l'amour jaloux de Max, le magicien, qui voudrait bien se déniaiser dans les bras de la belle Kislevite. C'est pas du Shakespeare, mais entre deux scènes de bataille, ça passe le temps.

Dragonslayer
Alors que les héros reviennent des Wastelands pour prévenir le reste du Vieux-Monde qu'une incroyable invasion chaotique est sur le point de fondre sur Kislev, ils croisent la route et le fer avec un méchant dragon du Chaos qui fait rien qu'à tout casser dans la région. Les héros font donc un arrêt dans la citadelle naine du culte des Tueurs pour mettre au point une expédition visant à visiter l'antre de la bête. C'est l'occasion de mettre en scène une belle bande de Tueurs iconoclastes. Ce volume est intéressant pour un MJ car il donne des détails sur le statut de Tueur et les rites qui entourrent ce chemin de vie (ou plutôt, de mort). La rencontre avec le dragon est bien évidemment tirée par la crête, mais c'est un incontournable du genre.

Beastslayer
Or donc, la plus grosse invasion chaotique jamais vu fonce sur Praag. Les héros sont donc dans la ville et subissent un siège. Si la situation de départ est très intéressante , en revanche l'auteur râte son coup et n'arrive pas à rendre la grandeur de cette invasion. Ce qui est censée être la plus grande menace du monde s'effondre en quelques chapitres comme un mauvais soufflé au fromage, c'est frustrant. Le deus ex machina de service est abusif et permet à l'auteur de ne pas assumer son idée jusqu'au bout. Dommage.

Vampireslayer
Bon, ben tout est dit dans le titre, comme d'habitude. Un méchant vampire kidnappe Ulrika et s'enfuie en Sylvanie avec un objet magique lui permettant de contrôler les autres vampires. Nos héros foncent donc dans l'antre du vampire pour lui casser la gueule avant qu'il ne rassemble la plus grande armée mort-vivant du Vieux-Monde. Évidemment, le plan machiavélique du méchant tombe rapidement à l'eau et ce qui devait être une incroyable réunion de mort-vivants se résume à une vague série de monstres tout juste bon à servir d'échauffement à Gotrek. L'auteur a le mauvais goût de faire intervenir des vampires humanistes dans son histoire ("On boit du sang, mais on est gentil quand même !") ce qui lui permet de transformer Ulrika en vampire sans toutefois en faire une méchante. C'est chiant de le voir constamment protéger ses personnages de la sorte.

Praag est un décor idéal pour faire du gothique russe et la citadelle des Tueurs est un lieu mythique. Des personnages comme Snorri, le Tueur tellement con qu'il parle de lui à la troisième personne du singulier et ne sait pas compter au delà de 5, sont bien trouvés. J'ai un petit faible pour le Tueur laid et obsédé sexuel qui passe son temps à raconter des anecdotes cochonnes le mettant en scène avec une femelle halfling, une fausse elfe, une gobeline ou même une chèvre. De même, en fil rouge, il y a toujours les incroyables aventures de nos amis les skavens, qui rivalisent d'imbécilité et d'incompétence pour fournir une sous-intrigue savoureuse qui est malheureusement sous-utilisé par l'auteur, au point qu'il l'abandonne sans raison dans Vampireslayer. C'est dommage, c'est tellement drôle qu'il aurait pu faire un spin-off rien qu'avec ses héros skavens.

La suite ? William King a signé encore un volume (Giantslayer) qui se déroule en Bretonia, mais je dois avouer que je fais une overdose de Gotrek & Felix pour le moment. J'ai mangé plus de 1500 pages de baston, je vais faire l'impasse sur la suite de la saga, d'autant que la série a récemment changé d'auteur. Lire du William King, c'est marrant, mais lire un mec qui copie William King, c'est du masochisme.

Commentaires

  1. Wahaha, tu devrais proposer ta critique au Le Monde des Livres. C'est tellement fort que ça donne envie de lire l'intégrule de Gotrek & Felix.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire