The Night Watch


Je pourrais résumer succintement The Night Watch en disant que c'est le Monde des Ténèbres made in Russia. Mais ça serait caricatural car ce livre possède bien des qualités en plus de se dérouler à Moscou. Depuis toujours, les Ténèbres et la Lumière s'affronte. Le Bien, le Mal : un combat sans fin. Lassés, les deux camps ont signé un traité qui régule scrupuleusement ce qu'a le droit de faire chaque faction. Et pour veiller à ce que le règlement soit appliqué à la lettre, deux organisations ont été créées : le Night Watch (des êtres de Lumière qui surveillent ce que font les êtres des Ténèbres) et le Day Watch (des êtres des Ténèbres qui surveillent ce que font les êtres des Lumières). En cas d'incartades, un rapport est émis, un procès peut être décrété ou bien le contrevenant peut être détruit sur place si l'infraction est trop grave. Mais qui sont ces êtres de Lumières ou des Ténèbres, qui s'appellent entre eux des Autres ? Du côté des Ténèbres on retrouve des démons, des vampires, des loup-garous, de sombres magiciens. Du côté de la Lumière, il y a des magiciens, des soigneurs, des change-formes. Ils possèdent un vaste panel de pouvoirs qui leur permet de mener à bien leur mission de surveillance. Et justement, le livre met en scène Anton, un jeune membre du Night Watch qui vient tout juste d'être affecté sur le terrain.

The Night Watch est bourré d'idées rôlistiques (à un point que je soupçonne Sergei Lukyanenko d'être un fieffé jeteur de dés) qui sont recyclables dans le Monde des Ténèbres. Par exemple, pour chasser un humain et boire son sang, les vampires doivent demander une autorisation au Night Watch qui tire au sort un humain dans la population de Moscou. Mais attention : si le vampire s'amuse à prendre des proies au hasard, il a de grandes chances de finir en tas de cendres. De même, les Autres ne naissent pas Bon ou Mauvais. Au départ, leur alignement est neutre, choisir le côté clair ou obscur de la Force se fait consciemment. Du coup les deux camps cherchent activement les Autres en devenir pour les convaincre (plus ou moins subtilement) de rejoindre leurs rangs. Car Moscou est avant tout un vaste échiquier où le chef du camp de la Lumière (qui n'hésite pas à manipuler son monde sordidement pour faire avancer la cause du Bien) et celui des Ténèbres (qui sait utiliser la vérité pour faire un maximum de dégâts dans le camps d'en face) avancent leurs pions au gré des diverses machinations qui leur permettrait de prendre l'ascendant sur l'adversaire. Et Anton est bringbalé entre ces deux extrèmes et comprend vite qu'il y a peu de différences entre le Bien et le Mal.

Autre détail typiquement White-Wolfien : le Twilight. C'est une sorte d'Umbra décatie, à plusieurs niveau, qui permet aux Autres de faire bien des choses. Les pouvoirs des Autres sont classés par niveau, ce qui est éminament pratique pour le MJ souhaitant adapter le roman. Il se dégage un parfum de fantastique à la vodka, de Vampire en chapka, de Werewolf à deux roubles, de Mage aux blinis qui donnent un vrai coup de fraîcheur à ces thèmes. Et Moscou, qui n'est pas particulièrement mis en avant dans le roman, est un décor qui cadre bien avec cette approche dégradée et faussement manichéenne.


J'avais adoré l'adaptation cinématographique de ce roman mais plus pour son travail sur l'image que pour son scénario. Grosse surprise en lisant le roman : l'intrigue qui sert dans le film ne représente que le premièr tiers du roman. Mais le texte donne beaucoup plus de détails sur la cohérence de l'univers que ne le fait le film. J'imagine que les deux films suivants de la trilogie couvriront les deux tiers restants.

Il y a une VF toute chaude qui vient de sortir chez Albin Michel sous le nom Les Sentinelles de la Nuit. Moi je viens de mettre la main sur le second volume en anglais (The Day Watch), je vous en donne des nouvelles dès que je l'ai avalé.

PS : le trailer du second film est disponible ici. Attention, cette vidéo contient des gros-bills.

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