Avant les Piliers de la Terre, je n'avais pas lu de Ken Follett. Ou à peine : je crois avoir essayé de lire le Code Rebecca il y a une bonne décennie, sans avoir accroché. Mais tout le monde autour de moi a lu les Piliers de la Terre, et les mêmes se plongent à présent dans la "suite", Un Monde sans fin. Du coup, j'ai fini par attraper le bouquin pour me faire ma propre idée.
J'imagine qu'à peu près tous les visiteurs qui passent par ce blog doivent l'avoir lu, ou au moins en avoir entendu parler ? Voilà quand même le pitch : en Angleterre, au XIIe sièce, le prieur d'un monastère dans le bourg de Kingsbridge se lance dans la construction d'une cathédrale, dont le chantier durera deux générations. L'histoire s'attache aux personnages impliqués dans ce pari, et l'édifice sera achevé au terme d'un nombre incroyable de turpitudes et de rebondissements en tous genres.
Disons-le tout net : je n'ai jamais accroché au livre, et ai lu à peu près la moitié d'un oeil distrait, en diagonale. Loin d'être le récit immersif et documenté que j'attendais, les Piliers de la Terre est un page turner artificiel, qui joue sur la surenchère dramatique pour accrocher le lecteur : les "gentils" (tous beaux) sont en proie aux vicissitudes d'être ignobles (et laids), dont la méchanceté a peu près les mêmes fondements psychologiques que Orangina Rouge (paaaarce que). Chaque fois que les héros réussissent à mettre une pierre sur l'autre, les méchants leur tombent dessus avec un nouveau plan diabolique. Mais heureusement, grâce au bon droit, de l'astuce, beaucoup de chance et des plot devices pas très bien camouflés, les gentils triomphent... Pour quelques pages, avant que les méchants ne reviennent à la charge !
Je pensais lire un roman historique mieux documenté, s'attachant plus à la cathédrale que des personnages qui seraient des témoins de son élévation : mais la cathédrale ne sert que de but aux visées des protagonistes, et de sa construction, on voit seulement des pans surgir de terre à chaque ellipse narrative, quand l'auteur fait faire un bond de quelques années à son récit.
Finalement, les Piliers de la Terre est un roman d'aventures médiévales autour du chantier d'une cathédrale, ni plus ni moins. Le contenu historique est le fruit du même genre de recherche que celle que fait un écrivain de fantasy pour créer un monde "vraisemblable", et je n'aurais été qu'à moitié surpris de voir une bande de trolls attaquer le chantier (un rebondissement de plus). Si on ajoute à ça des personnages stéréotypés (beau = gentil, laid = méchant), une écriture terne et des scènes de violence et de sexe assez complaisantes, on comprend pourquoi je n'ai pas aimé. Je ne risque pas de lire un autre Ken Follett, et la suite des Piliers de la Terre moins que tout autre.
L'avis de Cédric
Je n'ai pas l'impression d'avoir lu le même livre que Philippe. Moi, je m'étais laissé embarquer par le récit, je trouvais que la construction d'une cathédrale était une excellente base pour cette saga. Le cliché beau=gentil et laid=méchant ne m'était pas apparu, je dois l'avouer. Dans mon souvenir, il reignait sur le livre un petit goût de Malicorne façon L'Extraordinaire Tour de France d'Adélard Rousseau. Je pense que l'attente créée par le ramdam autour du livre est supérieure à ses qualités. Pour moi, les Piliers de la terre valent bien une enquête de frère Cadfael.
L'avis de Cédric
Je n'ai pas l'impression d'avoir lu le même livre que Philippe. Moi, je m'étais laissé embarquer par le récit, je trouvais que la construction d'une cathédrale était une excellente base pour cette saga. Le cliché beau=gentil et laid=méchant ne m'était pas apparu, je dois l'avouer. Dans mon souvenir, il reignait sur le livre un petit goût de Malicorne façon L'Extraordinaire Tour de France d'Adélard Rousseau. Je pense que l'attente créée par le ramdam autour du livre est supérieure à ses qualités. Pour moi, les Piliers de la terre valent bien une enquête de frère Cadfael.
Disons que c'est un bon Ken Follet car il a pondu des romans beaucoup plus caricatural et complaisant, si si c'est possible (Le pays de la liberté).
RépondreSupprimerCa se laisse lire sans marquer vraiment.
Je rejoins l'avis de Cédric sur ce roman lu il y a une dizaine d'année c'est vrai. Il faudrait donc que je le relise pour être sûr.
RépondreSupprimer"Pour moi, les Piliers de la terre valent bien une enquête de frère Cadfael" -> ça ne place pas la barre très haut, non ?
RépondreSupprimerFranchement, ça fait au moins 15 ans que je n'ai pas lu un roman d'Ellis Peters. J'en garde un souvenir lointain et agréable, sans doute parce que mes standards de lecture de l'époque étaient médiocres. C'était du Nom de la Rose extra light, non ?
RépondreSupprimerOui, c'est aussi mon souvenir.
RépondreSupprimerTrès bon billet ! Je plussoie absolument...
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