Attention, ce billet ne contient aucun sens critique et transpire l'admiration béate.
C'est Munin qui a un jour insisté pour que je lise Perdido Street Station de China Miéville. Munin sait que j'ai une relation d'amour/haine avec la fantasy et que je suis très difficile à contenter. Je dois pourtant avouer que Perdido Street Station a été une claque littéraire. Un monde riche, un style puissant, des idées à la pelle. China Miéville est devenu pour moi en un auteur de référence. Pas juste un bon auteur, non, un type dont l'écriture me rend humble quand je joue les plumitifs.
Alors quand a enfin débarqué Les Scarifiés chez mon dealer, j'ai foncé. Déjà, la couverture de Marc Simonetti est magnifique. Celles des deux livres de poche de PSS m'avaient hanté pendant des jours, mais ces deux visages scarifiés m'ont accompagné tout au long des 850 pages de ma traversée des Scarifiés. Je parle volontairement de traversée au long cours car la densité des romans de Miéville est réelle. Il m'arrive de bouffer un polar en une nuit, mais lire la prose de cet auteur me demande beaucoup plus de temps. Ça tient à ses descriptions, très imagées, aux ambiances qu'il arrive à créer. Miéville bombarde le lecteur de références, de noms, de concepts... Son univers est foisonnant, il faudrait presque dédier un Wikipédia à part entière pour documenter les races, les pays, les villes, les quartiers, les pratiques, les guerres de Bas-Lag. Pourtant, on est jamais perdu dans cet univers. Il a beau faire allusion au débarquement ancien d'une race ou à un royaume de femmes-moustiques qui a failli dominer autrefois le monde, il n'y a pas besoin d'explication savante pour savourer ces concepts. De même, la coexistence de la thaumaturgie, de la chymie, de l'électrycité ne donne pas l'impression d'être un mélange commerciale destiné à plaire à un maximum de lecteurs : ça fonctionne.
L'histoire ? Elle est la conséquence directe de Perdido Street Station puisqu'une ancienne petite-amie du héros de PSS fuit Nouvelle Crobruzon en bateau suite au merdier provoqué par les personnages du premier roman. Sauf que son exil se complique fortement quand elle est faite prisonnière par une étrange nation flottante : Armada. Ne comptez pas sur moi pour vous spoiler le scénario, mais à l'instar de PSS, des choses importantes se préparent en coulisse.
Que dire pour vous convaincre de lire China Miéville en général et Les Scarifiés en particulier ? Un inventaire à la Prévert peut être ? Des hommes-cactus aux muscles fibreux, des hommes-moustiques à la bouche en forme d'anus, des vampères qui font payer un impôt de sang, des hommes modifiés corporellement en guise de punition judiciaire, de la magie sordide qui a toujours un prix, des créatures d'un autre plan à l'appétit insatiable, du sexe réellement sado-masochiste...
Difficile d'apposer une étiquette sur les écrits de Miéville. C'est de la SF, oui, mais mâtinée de politique. d'horreur, de fantasy. C'est par moment un joyeux foutoir, une sorte d'auberge espagnole de l'imaginaire. Mais tous ces thèmes s'emboitent adroitement.
Je tiens au passage à tirer mon chapeau à Nathalie Mège, la traductrice de Miéville. Elle fait un travail admirable de création de néologismes et de toponymie en plus de rendre toute la subtilité linguistique du texte original.
Un autre roman est déjà disponible dans l'univers de Bas-Lang : Le Concile de Fer. J'attends sa sortie en poche (fin 2009) pour m'y atteler. Je salive d'avance.
Note de Munin : si le début des Scarifiés est peut-être un peu moins accessible que celui de Perdido Street Station, il faut reconnaître que Miéville est très fort pour poser l'ambiance, dépayser le lecteur, et placer tous ses personnages : la démesure de l'univers ne prend jamais le pas sur les personnalités complexes de ses héros. Le rythme augmente ensuite graduellement, jusqu'au climax apocalyptique. Au final, les flashs visuels nés de la lecture restent en tête longtemps après qu'on l'ait fini, comme des images rémanentes. Quant au Concile de Fer... On en parlera dans un prochain billet !
Alors quand a enfin débarqué Les Scarifiés chez mon dealer, j'ai foncé. Déjà, la couverture de Marc Simonetti est magnifique. Celles des deux livres de poche de PSS m'avaient hanté pendant des jours, mais ces deux visages scarifiés m'ont accompagné tout au long des 850 pages de ma traversée des Scarifiés. Je parle volontairement de traversée au long cours car la densité des romans de Miéville est réelle. Il m'arrive de bouffer un polar en une nuit, mais lire la prose de cet auteur me demande beaucoup plus de temps. Ça tient à ses descriptions, très imagées, aux ambiances qu'il arrive à créer. Miéville bombarde le lecteur de références, de noms, de concepts... Son univers est foisonnant, il faudrait presque dédier un Wikipédia à part entière pour documenter les races, les pays, les villes, les quartiers, les pratiques, les guerres de Bas-Lag. Pourtant, on est jamais perdu dans cet univers. Il a beau faire allusion au débarquement ancien d'une race ou à un royaume de femmes-moustiques qui a failli dominer autrefois le monde, il n'y a pas besoin d'explication savante pour savourer ces concepts. De même, la coexistence de la thaumaturgie, de la chymie, de l'électrycité ne donne pas l'impression d'être un mélange commerciale destiné à plaire à un maximum de lecteurs : ça fonctionne.
L'histoire ? Elle est la conséquence directe de Perdido Street Station puisqu'une ancienne petite-amie du héros de PSS fuit Nouvelle Crobruzon en bateau suite au merdier provoqué par les personnages du premier roman. Sauf que son exil se complique fortement quand elle est faite prisonnière par une étrange nation flottante : Armada. Ne comptez pas sur moi pour vous spoiler le scénario, mais à l'instar de PSS, des choses importantes se préparent en coulisse.
Que dire pour vous convaincre de lire China Miéville en général et Les Scarifiés en particulier ? Un inventaire à la Prévert peut être ? Des hommes-cactus aux muscles fibreux, des hommes-moustiques à la bouche en forme d'anus, des vampères qui font payer un impôt de sang, des hommes modifiés corporellement en guise de punition judiciaire, de la magie sordide qui a toujours un prix, des créatures d'un autre plan à l'appétit insatiable, du sexe réellement sado-masochiste...
Difficile d'apposer une étiquette sur les écrits de Miéville. C'est de la SF, oui, mais mâtinée de politique. d'horreur, de fantasy. C'est par moment un joyeux foutoir, une sorte d'auberge espagnole de l'imaginaire. Mais tous ces thèmes s'emboitent adroitement.
Je tiens au passage à tirer mon chapeau à Nathalie Mège, la traductrice de Miéville. Elle fait un travail admirable de création de néologismes et de toponymie en plus de rendre toute la subtilité linguistique du texte original.
Un autre roman est déjà disponible dans l'univers de Bas-Lang : Le Concile de Fer. J'attends sa sortie en poche (fin 2009) pour m'y atteler. Je salive d'avance.
Note de Munin : si le début des Scarifiés est peut-être un peu moins accessible que celui de Perdido Street Station, il faut reconnaître que Miéville est très fort pour poser l'ambiance, dépayser le lecteur, et placer tous ses personnages : la démesure de l'univers ne prend jamais le pas sur les personnalités complexes de ses héros. Le rythme augmente ensuite graduellement, jusqu'au climax apocalyptique. Au final, les flashs visuels nés de la lecture restent en tête longtemps après qu'on l'ait fini, comme des images rémanentes. Quant au Concile de Fer... On en parlera dans un prochain billet !
Rhaaa, tu me fais envie, salaud! Suis en train d'approcher de la fin de Perdido Street Station, et c'est tout bon effectivement. Je glisse celui-ci dans ma wishlist. Et dire que j'ai déjà tout un tas de bouquins en attente de lecture!!!
RépondreSupprimerTchernopuss', dis-toi que PSS n'est que la porte d'entrée et qu'il te reste plein de choses à découvrir dans Bas-Lag.
RépondreSupprimerPar contre, je me demande si Les Scarifiés est compréhensible si l'on n'a pas lu PSS. Il faut comprendre la folie de Nouvelle Crobuzon pour bien saisir les motivation de l'héroïne à vouloir absolument fuir cette cité de dingues tout en en étant tragiquement nostalgique...
Par ailleurs, en mai devrait sortir "The City and the City", un polar façon K Dick rencontre Chandler pendant que Kafka était passé prendre l'apéro. Le roman n'est pas lié à Bas-Lag.
Cela fait déjà longtemps que je suis tenté par Miéville. Me voici décidé. D'autant que je viens de terminer L'Epée de Vérité de Goodkind. Enfin, les 62 premières pages. Mais je pense en avoir lu assez. Il me fallait bien me faire un avis. C'est fait. Prochain achat donc : PSS.
RépondreSupprimerJ'y viendrai...
RépondreSupprimerAyant PSS en anglais, je me dis que ça n'a pas dû être facile à traduire.
RépondreSupprimerArf, PSS était bon, et maintenant je bave, là.
RépondreSupprimerPour l'instant, j'ai déjà les deux romans de Jaworski à m'enfiler, et le dernier Bizien. Chaque chose en son temps.
Lire Miéville en VO, ça fait transpirer du cerveau (rime riche). J'avais passé 1/2h sur les 3 premières pages de PSS, avec le panier descendu par la fenêtre et la scène d'amour khepri-humain... On finit par prendre le rythme, mais le début est dur.
RépondreSupprimerIl y a deux auteurs que je refuse de réaborder en VO tant que mon cerveau n'aura pas correctement muté : China Miéville et Mervyn Peake.
RépondreSupprimerCe scrogneugneuh de panier qui descend sur le marché de Nouvelle Crobuzon m'a donné l'impression que je ne savais pas réellement lire l'anglais. D'habitude, un mot inconnu fini par se comprendre avec le contexte, mais là c'est chaque mot du contexte qui me manquait. Le champ lexical de Miéville n'est pas très évident à réutiliser en société (du moins dans le genre de société que je fréquente).
Et puis il me semble que la traduction des Miéville est très correcte, non ?
RépondreSupprimerOui, si elle avait existé à l'époque j'aurais probablement lu en VF.
RépondreSupprimerOui, oui, la traduction est très bonne, c'est ma pingrerie qui m'a fait acheter la VO à 10$ au lieu d'investir dans les 40$ de la VF.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup China Miéville et Les Scarifiés fut une lecture passionnante. Seule note discordante : la fin. Moi, j'ai été déçu. Mais chut, je ne dirai rien.
RépondreSupprimerJe comprends que la fin puisse décevoir, moi le premier, je n'ai pas été transporté par ce final.
RépondreSupprimerMerci pour le coup de chapeau sur la trad, découvert en essayant un nouveau moteur de recherche.
RépondreSupprimerEt ne ratez pas Le Concile de Fer, à mon avis le meilleur des trois excellents romans du cycle de Bas-Lag… Le final est grandiose !
Nathalie Mège, qui part découvrir votre Blog…
De rien Nathalie, je travaille comme relecteur de romans SF à mes moments perdus, et je trouve que le travail des traducteurs est trop souvent ignoré. Quand en plus on croise quelqu'un qui fait ça avec talent, ce n'est que justice.
RépondreSupprimerBonsoir Nathalie,
RépondreSupprimerNous suivons tout ce qu'écrit Miéville, et j'ai effectivement pris beaucoup de plaisir à lire le Concile de Fer. C'est une lecture très riche, à tel point que je repousse sans arrêt la note que je voulais faire à ce sujet... La sortie en VF en novembre aurait pourtant été l'occasion de la faire !