Dieu et nous seuls pouvons


C'est mon premier Michel Folco.
Ses bouquins m'ont toujours fait une drôle d'impression en librairie entre des couvertures et des titres pas très inspirants.
Mais bon, Madame avait acheté ce livre, et en lisant le 4ème de couv', je découvre que c'est une histoire de bourreau. Et j'aime les histoires de bourreau. Le pain qu'on retourne dans la boulangerie. Les hautes et les basses oeuvres... Miam.

Or donc, il y a bien longtemps (XVIIème sicèle), un patelin dirigé par un noble (comme il se doit) est à la recherche d'un bourrel pour tuer proprement un horrible assassin. Et comme personne ne veut faire la sale besogne, on choisit de gracier un pauvre condamné à la galère s'il accepte de massacrer son prochain. Mais ce bourreau d'occasion est un jeune homme un brin incapable qui a le don de se fourrer dans des ennuis pas possibles. Sans le savoir, il va donner naissance à une lignée de bourreaux portant son nom.

Dès le départ, j'ai eu comme une impression de déjà-vu. Le héros a eu le nez croqué et se fabrique donc un faux nez en bois. Ça faisait résonner en moi quelque chose. Et puis quand au bout de 100 pages, il a donné son nom complet (Justinien Trouvé), un déclic c'est fait dans ma petite tête : je connaissais bien cette histoire, puisque c'est celle de Justien Trouvé ou le bâtard de Dieu, un film de 1993 que Michel Folco à co-scénariser. Je me souvenais même des images du film qui étaient parues dans un reportage spécial dans un numéro d'Okapi (aaaaah, souvenir...). Un film qui met en scène le très grand acteur qu'est Bernard-Pierre Donnadieu dans le rôle de papa Martin et Ticky Holgado dans celui du geôlier avaricieux.


L'histoire est délicieusement sordide. C'est une vision du monde médiéval qui pue la boue, le bran et la vilénie. Les personnages sont mesquins, roublards et le destin de Justinien Trouvé est un drôle de drame. Il trouve à la fois le moyen de se perdre et de se retrouver en devenant bourreau, c'est délicieux. Le seul hic, c'est que la vie narrée de Justinien ne dure que 150 pages. Ensuite, on parle de ses descendants au début du XXème siècle. C'est dommage, car le personnage de Justinien Trouvé est tellement intéressant qu'on voudrait que le récit ne se contente pas de raconter sa première journée de bourreau. On a envie de le voir estourbir d'autres brigons, de pendre des voleurs ou d'écarteler des meurtriers tout en abusant de ses privilèges de fonctionnaire pour diminuer la solitude de paria de la vie de bourreau. Mais la lignée des bourreaux est haute en couleurs et très agréable à suivre dans les 150 dernières pages. Un roman par bourreau aurait été une bonne idée, une sorte de fresque historique à travers les yeux des bourreaux.

Une très bonne surprise, donc. Une madeleine de Proust de plus.
Pas par nostalgie de Guillotin, hein.

Commentaires

  1. Je me souviens du film, bien glauque mais manquant de rythme finalement.

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  2. Je te rassure, dans la suite, il y des descendants pas piqués des vers.

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  3. J'ai bien aimé la seconde partie, car les descendants sont très en relief, mais là encore, je suis resté sur ma faim. À peine la table est mise que l'histoire se termine.

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  4. J'avais bien aimé les livres "Dieu et nous seuls pouvons" et "Un loup est un loup" mais je ne connaissais pas le film. Merci pour la référence.

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  5. Nostalgie aussi pour moi !
    J'ai découvert ce roman lors de sa sortie au Festival du Premier Roman de Chambéry, où notre prof de seconde nous avait emmenés après nous avoir fait lire une partie de la sélection... C'était la première fois que j'allais à Chambé, et c'était un des livres que j'avais préférés...

    Par contre, je n'ai jamais eu l'occasion de voir le film en entier...

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