J'avais parlé de Les Larmes du Diable dans un précédent billet. C'était en fait le second volume d'une série dont Dissolution est le premier. Dans ma critique, j'avais évoqué la filiation avec Le Nom de la rose d'Umberto Eco. Eh bien c'est encore plus flagrant avec ce roman de C. J. Sansom.
Un avocat bossu travaillant pour Cromwell est envoyé dans un monastère bénédictin afin de mener l'enquête sur un meurtre mystérieux doublé d'une profanation d'église. Et comme c'est la Réforme, Cromwell exige que les moines abandonnent de leur plein gré le monastère afin que le roi Henry (enfin, son administration) puisse en disposer à sa guise. L'avocat est accompagné d'un jeune naïf qui va immanquablement tomber amoureux de la seule donzelle du monastère (aucune comparaison possible avec l'amourette d'Adso de Melk sous la tutelle de Guillaume de Baskerville, hein ?). Comme il neige, on déboule en plein huis clos avec des moines fous, des meurtres horribles, des mensonges en cascade et des mots comme vêpres ou matines.
L'auteur n'est pas dupe : il sait qu'il marche dans les traces d'Umberto Eco. D'ailleurs, il se permet d'y faire allusion au détour d'un paragraphe en plaçant une copie de La Comédie d'Aristote dans le décor et en prétendant que c'est un faux datant du XIIIe. J'aime bien ce genre de clin d'œil. Mais Dissolution est loin d'égaler Le Nom de la rose. C'est bien moins érudit, bien moins écrit, bien moins mené, bien moins narré. Reste une enquête médiévale correcte avec un cadre politique et religieux très riche : la Réforme est l'occasion pour Cromwell de mettre la pression aux papistes et la récente décapitation d'Anne Boleyn fait que tout le monde marchent sur des oeufs avec Henry.
Dissolution parle surtout de religion (ce qui n'est pas une surprise vue la couverture, qui sent bon le collage Photoshop à deux balles). Les moines y sont décrits majoritairement comme des fainéants qui passent leur temps à jouer aux dés entre deux fornications. Ils mangent gras, sont radins et sont presque tous hypocrytes. Que l'on se rassure, les Réformistes ne sont pas mieux dépeints : sous le prétexte de ce refus de l'autorité papale se cache un joug social finalement aussi malfaisant que le catholicisme. C'est d'ailleurs le principal intérêt de ce roman, qui ne brille pas par l'originalité de son récit : comme dans tout bon thriller, les théories des 400 premières pages sont fausses et c'est dans les 100 dernières pages qu'une épiphanie va frapper le héros qui va tout à coup comprendre que c'est le frère Moutarde qui a tué l'abbé Violet dans le jubé en le frappant avec une Bible. Avec juste ce qu'il faut de retournement de situation pour que le lecteur (qui n'avait aucun indice concret) puisse se tromper de coupable.
Le livre était finaliste du prix Elis Peters (et Les Larmes du Diable a obtenu ce même prix). C'est révélateur de son petit côté vanille. Ni raté ni réussi. La course après le feu grégeois était quand même plus palpitante que cette murder-party à tonsure. D'ailleurs, ça me rappelle des souvenirs de jeunesse...
Gromovar en dit du bien.
Un avocat bossu travaillant pour Cromwell est envoyé dans un monastère bénédictin afin de mener l'enquête sur un meurtre mystérieux doublé d'une profanation d'église. Et comme c'est la Réforme, Cromwell exige que les moines abandonnent de leur plein gré le monastère afin que le roi Henry (enfin, son administration) puisse en disposer à sa guise. L'avocat est accompagné d'un jeune naïf qui va immanquablement tomber amoureux de la seule donzelle du monastère (aucune comparaison possible avec l'amourette d'Adso de Melk sous la tutelle de Guillaume de Baskerville, hein ?). Comme il neige, on déboule en plein huis clos avec des moines fous, des meurtres horribles, des mensonges en cascade et des mots comme vêpres ou matines.
L'auteur n'est pas dupe : il sait qu'il marche dans les traces d'Umberto Eco. D'ailleurs, il se permet d'y faire allusion au détour d'un paragraphe en plaçant une copie de La Comédie d'Aristote dans le décor et en prétendant que c'est un faux datant du XIIIe. J'aime bien ce genre de clin d'œil. Mais Dissolution est loin d'égaler Le Nom de la rose. C'est bien moins érudit, bien moins écrit, bien moins mené, bien moins narré. Reste une enquête médiévale correcte avec un cadre politique et religieux très riche : la Réforme est l'occasion pour Cromwell de mettre la pression aux papistes et la récente décapitation d'Anne Boleyn fait que tout le monde marchent sur des oeufs avec Henry.
Dissolution parle surtout de religion (ce qui n'est pas une surprise vue la couverture, qui sent bon le collage Photoshop à deux balles). Les moines y sont décrits majoritairement comme des fainéants qui passent leur temps à jouer aux dés entre deux fornications. Ils mangent gras, sont radins et sont presque tous hypocrytes. Que l'on se rassure, les Réformistes ne sont pas mieux dépeints : sous le prétexte de ce refus de l'autorité papale se cache un joug social finalement aussi malfaisant que le catholicisme. C'est d'ailleurs le principal intérêt de ce roman, qui ne brille pas par l'originalité de son récit : comme dans tout bon thriller, les théories des 400 premières pages sont fausses et c'est dans les 100 dernières pages qu'une épiphanie va frapper le héros qui va tout à coup comprendre que c'est le frère Moutarde qui a tué l'abbé Violet dans le jubé en le frappant avec une Bible. Avec juste ce qu'il faut de retournement de situation pour que le lecteur (qui n'avait aucun indice concret) puisse se tromper de coupable.
Le livre était finaliste du prix Elis Peters (et Les Larmes du Diable a obtenu ce même prix). C'est révélateur de son petit côté vanille. Ni raté ni réussi. La course après le feu grégeois était quand même plus palpitante que cette murder-party à tonsure. D'ailleurs, ça me rappelle des souvenirs de jeunesse...
Gromovar en dit du bien.
Deux commentaires.
RépondreSupprimer"Mais Dissolution est loin d'égaler Le Nom de la rose. C'est bien moins érudit, bien moins écrit, bien moins mené, bien moins narré." C'est vrai. Mais comme tu l'écris ensuite le contexte historique est l'intérêt principal de ce roman plutôt plaisant (j'étais plus élogieux que toi ici : http://quoideneufsurmapile.blogspot.com/2007/07/cromwell-cest-le-truc-en-irlande.html)
Tu as joué à Maléfices ? Le jeu le plus poussiéreux de toute l'histoire de la production française ? Moi aussi, à mon grand regret.
ah oui c'est nul Maléfices ?
RépondreSupprimerBon, c'est certain que mécaniquement, Maléfices n'est pas le JdR le plus à la page, mais l'ambiance les Brigades du Tigre face au mystère est assez géniale. Disons que c'est un Cthulhu à la française. Le club Pythagore est un bon souvenir de jeu.
RépondreSupprimerSinon, pour Dissolution, c'est effectivement le cadre qui fait la force du roman. Si la période te plait, je te conseille la série télévisée Les Tudors que j'avais évoquée sur http://hu-mu.blogspot.com/2008/01/tudors.html.
je note les références pour une future PAL, quand à Maléfices c'ets comme tout jdr, si c'est bien mené c'est un régal. Souvenirs d'une partie de "Les brasiers ne s'éteignent jamais" qui restera dans les annales ;o)
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