Porteurs d'âmes


L'action se passe ce soir, à Paris. Il y a Léonie, une jeune africaine déracinées qui enchaîne les passes et les années d'humiliation dans un pavillon. Il y a Cyrian, l'étudiant bourgeois ambitieux qui est sur le point de tout sacrifier pour enfin appartenir à une confrérie très puissante. Et il y a Edmé, inspecteur à la Crim' qui a brûlé toute son humanité à force de touiller la fange de la société. Trois parcours que rien ne relie a priori. Mais une invention permettant de transférer une âme dans un corps d'accueil va venir tisser des liens entre ces trois solitudes. Parce que Porteurs d'âmes, c'est un polar, un roman d'amour et un thriller techno, c'est la 4e de couverture qui le dit.

Sauf qu'il ne suffit pas d'un personnage flic pour faire un polar, même si ce personnage est le sempiternel policier-divorcé-qui-ne-croit-plus-en-l'amour-et-qui-se-méfie-de-sa-hiérarchie. Parce qu'en guise d'enquête, on surtout droit à la découverte d'un charnier et quelques scènes d'angoisse qui font penser aux films gores qui glorifient la torture depuis quelques années. C'est pas folichon.
Roman d'amour. Arf. C'est tellement cousu de fil blanc, ce genre d'histoires. Évidemment, le flic misogyne cache un coeur sensible, et sa partenaire est secrètement amoureuse de lui. Forcément. Et la seconde histoire d'amour du livre est tout aussi capilotractée : gna-gna-gna-gna. Le gars amoureux sacrifie son ex en la droguant avant de la fourguer à un pote pour une séance de viol, mais ça n'empêche pas la gentille fille de service de le trouver sensible, oh non.
Thriller techno. C'est le point le moins faible du roman. L'idée du transfert d'esprit dans un corps n'est certes pas nouvelle, mais au moins elle fait avancer l'histoire. Mais franchement, ça vole au niveau des pâquerettes. Quand on a besoin d'un nécrophile (sic) et d'une bande de sadiques digne d'un snuff movie pour peupler son univers, c'est pas gage d'une grande inspiration.

Le hic, c'est que chaque chapitre est dédié à un personnage, en alternance. Et comme souvent dans ce genre de livres, si un personnage est inintéressant, on s'emmerde un chapitre sur trois (ou deux sur trois quand c'est mauvais). Autant la vie de Léonie la sans-papier est intéressante (même si l'auteur a une vision très angélique des squats et de la vie dans la rue), autant le parcours du fils à papa est insipide et l'enquête du flic très creuse. Bref, quand deux pattes sur trois sont boiteuses, ça a du mal à décoller. Et puis il y a l'incontournable vision pessimiste du futur, avec une droite dure au pouvoir, des charters à gogo et des policiers qui rivalisent de racisme. D'une originalité folle.

Le livre a reçu un quelconque prix des lecteurs, annoncé à grand renfort de bandeau publicitaire. C'est une fois de plus trompeur comme récompense.

C'était mon premier Pierre Bordage, je suis assez échaudé par cette expérience mollassone. L'écriture ne m'a pas non plus transcendé. Pourtant, j'entendais beaucoup de bien sur cet auteur très prolifique. J'imagine que j'ai pioché un roman pas représentatif du bonhomme...

Commentaires

  1. Si je peux donner mon avis de Bordageologue émérit, tente Abzalon et sa suite Orchéron, les fables de L'Humpur, la trilogie des Guerriers du Silence, ou les Derniers hommes. Normalement ça devrait être plus excitant.

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  2. je suis assez d'accord avec le commentaire ci-dessus. Sauf que perso je ne débuterai pas par Abzalon (qui est très bien) puis Orchéron (qui l'est nettement moins) mais plutot par les autres. En sachant qu'il y a en gros "deux Bordages" : le Bordage du Space Op flamboyant (les guerries du Silence ou les Griots Céléstes), le Bordage roman d'anticipation appocalyptique (dans ce domaine les fables de l'Humpur et les Derniers hommes sont probablement les plus interessant).

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  3. Merci pour ces pistes. Je ne suis malheureusement pas attiré par le Bordage space op, les pitchs me paraissent pompeux rien qu'à lire le 4e de couv.
    Je vois aussi que Bordage a signé une série qui se passe pendant la Révolution française, avec de la magie en plus. Est-ce que c'est bien ? Non, parce que mélanger Révolution et magie, je trouve que c'est une idée réellement brillant ;o)

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  4. Puis-je me permettre d'apporter ma modeste contribution en citant Wang et L'ange de l'abîme ?

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  5. Warning !! Warning !! les guerrier du silence c'est tout naz ! le meilleur c'est WANG

    4eme de couv':

    XXIIIe siècle. Un infranchissable rideau protège l'Occident des empires voisins. Wang, jeune chinois de dix-sept ans, vit avec sa grand-mère dans un quartier misérable de Grand-Wroclaw en Silésie, une des sous-provinces de Sino-Russie administrées par les néo-triades.
    Parce qu'il a transgressé la loi d'Assöl le Mongol, un parrain de clan, Wang n'a d'autre choix que de prendre le chemin de l'exil. Car une porte s'ouvre parfois dans le rideau à Most, en Bohême. Mais qu'arrive-t-il aux émigrés en Occident ? On parle d'esclavage ou pire encore; on dit aussi qu'ils sont contraints de s'affronter dans des arènes comme les gladiateurs des jeux du cirque. Nul n'en est revenu pour témoigner...

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  6. C'est vrai que Wang est pas mal et pas space op'

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  7. Je suis pas moi-même un grand fan de Bordage. J'ai lu la trilogie des Guerriers du Silence qui est un grand foutraque space op - mystico - new age digne d'une collaboration Coelho - Jodorowski, et j'ai apprécié sans être transcendé Wang et Abzalon. Je ne compte pas recommencer tout de suite avec cet auteur.

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  8. Dans les meilleurs Bordage il y a Wang, Les Derniers Hommes et Les Guerriers du Silence. Pour ma part j'ai beaucoup aimé sa trilogie initiée par L'ange de l'Abime mais apparemment ça n'a pas plu à tout le monde.
    L'Enjomineur (la trilogie qui se passe durant la révolution française) est un échec commercial.

    Wang ça roxxe !

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  9. Moi j'ai lu sa fraternité du panca, et j'ai adoré, surtout le premier tome. Donc, je te conseille, surtout que dabYo (mon compere d'iiD au cas ou, la mémoire des noms, tout ca) a aussi beaucoup aimé. On n'avait jamais lu de bordage avant, et ce fut une tres bonne surprise.

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  10. Merci aux lecteurs de Bordage, je vais sans doute donner une seconde chance à cet auteur en piochant parmi vos propositions.

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  11. Anonyme30/9/12

    Je reprends les conseils du dessus : c'est Wang et rien d'autre pour devenir accroc de Bordage ! Allez, hop hop, on file à la première bibliothèque municipale, on lit, et on nous raconte l'expérience Bordage !
    Mais je regarde les dates des Post... 2 ans déjà ! donc ça doit être fait, que racontes-tu aujourd'hui?

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    1. J'ai relu du Bordage avec sa série sur la Révolution française, mais je ne suis toujours pas transcendé. Et le pitch de Wang me laisse plus froid que le permafrost.

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