Yeah, un assassin tout de noir vêtu, une arbalète à deux arcs : enfin du medfan urbain avec des contrats sur des notables, des stratagèmes pour s'approcher de sa cible, des mises à mort originales, des trahisons, de la magouille... Ça me changera les idées.
Sauf que, 440 pages plus tard, ce n'est pas ça que j'ai lu. Du tout. Waylander est l'Assassin. Surnommé aussi le Voleur d'Âmes (avec les majuscules qui vont bien), c'est un vrai bâtard qui n'accorde aucune valeur à la vie humaine, à part si on le paye pour tuer. Un salopard, mais qui ne tue pas les femmes et les enfants. Non, faut pas pousser. Après avoir tué un roi, Waylander porte secours par faiblesse à un prêtre mystique qui est capable de voyager dans le monde astral. Un peu de bonté du prêtre touche l'Assassin tandis que le prêtre apprend le goût du sang au contact du criminel. Et comme ça ne suffisait pas, Waylander se retrouve plus ou moins obligé de compléter une quête : retrouver l'Armure de Bronze, une protection magique qui est cachée dans une grotte remplie de loups-garous. Parce que l'homme qui possédera l'armure magique pourra gagner la guerre. Ah oui, je vous l'ai pas dit, mais le coin de pays où tout ça se passe est envahi par des méchants appelés les Chiens du Chaos (là encore, les majuscules sont importantes) qui pillent, tuent et violent (oui, dans cet ordre là) à gogo.
David Gemmell a (enfin, avait, car il est mort) un don assez incroyable pour décrire la guerre en la vidant totalement d'intérêt. Les deux armées se foutent sur la gueule, se battent pour contrôler un convoi de ravitaillement, montent un siège... le tout avec un rare manque d'enthousiasme dans l'écriture. Les guerriers se ressemblent tous et ont autant d'épaisseur qu'un timbre. Gemmell ne décrit absolument pas son décor, du coup on a l'impression que les personnages évoluent dans une structure en carton-pâte ou devant un écran vert.
Le héros est intraitable-mais-avec-un-sombre-passé-qui-le-rend-humain et se laisse embarquer dans la quête de l'armure magique pour des raisons particulièrement connes. Si on ajoute à ça le prêtre qui fonde un ordre de mystiques sanglants qui lutte contre une Confrérie d'assassins sensés être super balèzes alors que même la petite copine de Waylander, qui est danseuse, arrive à les découper en rondelles, on obtient une soupe très insipide. Les personnages vont et viennent sans raison, certains débarquant comme par magie quand l'auteur en a besoin. Restent les nombreuses scènes où Waylander tue son prochain avec son arbalète et ses dagues, pour la plus grande jubilation du lecteur avide de meurtre.
Pour utiliser une analogie dont j'abuse souvent, Waylander est un peu au medfan ce que le porno est à l'amour. C'est efficace pour se branl... euh pour passer le temps, mais c'est totalement vide de sens.
Si au moins Gemmell avait un univers intéressant, mais non : les deux nations en guerre manquent totalement de personnalité. De plus, sans carte pour se représenter la géographie du pays, impossible de comprendre les tenants et les aboutissants de cette invasion.
De ce que je comprends, ce roman explique des points du background de l'univers de Gemmell qui sont utilisés dans d'autres romans de l'auteur. Mais ça sera sans moi. Bob ne m'aura pas sur ce coup-là.
Efelle m'avait pourtant prévenu en utilisant le bingo fantasy...
Ce livre est dans ma PAL. J'aime qu'on démolisse un livre de ma PAL. J'ai pas l'impression de l'avoir acheté pour rien. En même temps, depuis Le lion de Macédoine que je n'ai jamais pu finir, j'aurais peut-être été bien inspiré de tirer un trait définitif sur l'oeuvre de Gemmell. Et puis on m'a convaincu de lire Légende. Et puis je me suis laissé tenté par Waykander. Je suis faible, oh, si faible.
RépondreSupprimerah ! marrant, " LE LION DE MECEDOINE" je ne l'ai pas terminé non plus....
RépondreSupprimerC'est le seul Gemmel que j'ai lu. J'ai expié ma faute en m'admonestant copieusement et en me flagellant avec quelques orties fraiches. Mais cela a payer, j'ai retenu la leçon !
RépondreSupprimerJ'ai toujours trouvé tous les bouquins de Gemmel assez chiants dans la mise en place très longue des personnages et plutôt sympa sur la fin.
RépondreSupprimerCeci dit, c'est maintenant assez daté.
Daté ? C'est de la fin des années 80. Autant la musique des années 80 est datée, mais du medfan, ça peut pas devenir daté 20 ans plus tard, non ?
RépondreSupprimerQuand Gemmell est mort en 2006, j'avais demandé quel livre lire de lui pour avoir un aperçu du bonhomme, et je crois me souvenir que Philippe m'avait dit de lire "Légende" et de ne pas perdre de temps sur le reste.
J'aurais dû l'écouter, comme d'hab...
Disons que comme toute la production de Gemmel, c'est du roman de gare efficace.
RépondreSupprimerIl fallait lire Légende.
RépondreSupprimerD Gemmell écrit toujours la même chose de la même façon sauf Légende qui sort un peu du lot. De même, il s'interresse peu à l'histoire mais plus à ce qui va pousser le personnage à accomplir ce pourquoi il est placé là. Il en va de même pour la fin qui est souvent du genre ils gagnent et vivent heureux...
Légende reste sa pierre angulaire sur laquelle repose son univers, on a l'introduction des deux camps qui se font la guerre mais surtout l'introduction de l'armure de bronze.
Si tu as peu aimé Waylander, il est possible que tu sois deçu par le reste de la production de Gemmell qui se suit et se ressemble. D'un point de vue personnel, j'aime bien mais il est vrai que ceux avec Druss comme héros sortent un peu du lot (dont Légende)
Merci Cédric
RépondreSupprimergrâce à toi, je n'essaierai même pas de le lire. Ah, un livre (et même toute une série) enlevé de ma PAL avant même d'y être entré. La classe.
Je croyais que mon fantasy bingo d'août dernier sur cet opus t'avais prévenu ?
RépondreSupprimerTss Tss.
Pas lu Waylander, mais Légende c'est de la bonne bouse certified.
RépondreSupprimerEfelle, je suis impardonnable. Maudite mémoire de poisson rouge.
RépondreSupprimerPour Légende, non merci.
Je suis venu, j'ai lu, j'en peux plus.
Il faut vite se consoler en lisant de la "fantasy" française... que de la qualité et pas prétentieuse en plus...
RépondreSupprimerC'est vrai que troller en balançant des sous-entendus fielleux tout en restant peinardement caché derrière l'anonymat, c'est tellement mieux.
RépondreSupprimerD'autant que nous sommes assurément anglophobes sur Hugin & Munin. C'est vrai quoi, Scott Lynch, China Miéville, H.P. Lovecraft, Fritz Leiber, Robert Howard... C'est par copinage franco-français que nous en disons du bien, faut pas s'en cacher.
Moi j'aime bien son style. Il y'a un je-ne-sais-quoi qui me plaît. Enfin, les goûts et les couleurs hein! ;-)
RépondreSupprimerEn même temps je lis Gemmel comme un bon polar. Une lecture facile, rapide, distrayante, amusante. Ca change de l'heroic-fantasy à rallonge et à longues descriptions.
@Julien le naufragé :
RépondreSupprimerl'heroic-fantasy à rallonge et à longues descriptions.
Des noms, des noms !
@ Cédric :
RépondreSupprimer1°) Je crois que la teneur exacte de mon propos était "Si tu veux te faire une idée de Gemmell, lis Légende : ça te donnera une idée assez précise du reste de la bibliographie."
2°) Je crois que tu as laissé ton Troll Detector en mode "forum". Il est trop sensible. Notre gentil anonyme - qu'un bug a vraisemblablement empêché de se connecter, sinon il aurait utilisé un pseudo - veut en fait lancer un débat philosophique sur l'artiste et l'orgueil. A partir de quel stade l'orgueil d'un artiste se mue-t'il en vanité ? Peut-on passer des jours, des semaines, des mois, sur une production artistique, et douter de sa qualité ? La condition d'artiste empêche-t'elle d'être modeste ? Que vaudrait l'oeuvre d'un artiste qui dirait d'elle : "moi, j'fais juste du roman de gare, c'est rien que pour la thune, vous savez". Dali, Rodin, Hugo et Picasso auraient-ils été Dali et Picasso s'ils avaient été humbles et sans prétention ?
Merci, cher anonyme, pour votre contribution à ce débat. Revenez quand vous voulez !
auraient-ils été -Dali-et-Picasso- les mêmes ?
RépondreSupprimerJ'ai pourtant effacé plusieurs paragraphes où je titillais le point Godwin.
RépondreSupprimer> En même temps je lis Gemmel comme un bon polar.
RépondreSupprimer> Une lecture facile, rapide, distrayante, amusante.
C'est vrai que le polar peut parfois être léger, mais il est quand même chargé d'une dimension sociale/politique qui en fait autre chose qu'une sorte d'amuse-gueule littéraire.
L'Isola de McBain ou le Washington de Pelecanos (pour ne citer qu'eux) ne sont pas juste des décors pour des fusillades ou des interrogatoires. C'est des villes qui ont une âme... tout comme Lankhmar ou Arkham, ceci dit.
Je pense qu'il y a de la place pour de la fantasy "noire".
Du Fannoir ? Du mednoir ? On verra.
De la part de l'anonyme "trolleur" (le vrai, pas un "copycat"):
RépondreSupprimer"Ouf, j'ai cru un instant qu'il s'agissait d'un club très fermé d'intégristes de la "fantasy" qui considère les lecteurs de "Fantasy de gare comme des sous développés du bulbe..."
Il n'en est rien ! Je vais donc me flageller séance tenante avec des orties fraîches en demandant pardon au Créateur et je repasserai à l'occasion remettre mon grain de sel là où on ne me le demande pas... mais toujours comme anonyme parce qu'il ne faut pas exagérer tout de même : si on ne peut pas balancer des sous entendus fielleux sur la "Fantasy" française de manière gratuite... où va-t-on ?
Bon, sans racune et à la prochaine...
Eh ! Nous faisons constamment l'apologie des romans de gare, mais c'est par pour autant qu'on préfère pas monter dans un TGV tout confort plutôt qu'un TER défoncé.
RépondreSupprimerLégende ? Je l'ai lu.
RépondreSupprimerCa a donné plus ou moins le même commentaire que le votre:
http://ifisdead.net/livres/legende-de-david-gemmell/
Bref, je ne lierai pas Waylander donc finalement. Vais essayer les lions de la macédoine, cet auteur a bien du écrire un livre potable... vu combien il est populaire !
Non, je ne suis pas sûr qu'il ait écrit quelque chose de potable. Pour moi, c'est typique de l'effet boule de neige. Un jour, un type a trouvé ça génial. Un lecteur qui passait par là, pour ne pas avoir l'air bête a trouvé ça bien aussi. Un troisième s'est dit que deux bons avis ça voulait dire quelque chose. Etc. Et on se retrouve avec un auteur dont on cherche désespérément ce qu'il lui vaut une telle réputation. Mais sans être franchement nul, ça casse pas trois pattes à un canard.
RépondreSupprimerLe lion de macédoine, je ne l'ai pas fini et l'ai trouvé sec, voire aride. Sans beaucoup d'âme.
@Arutha
RépondreSupprimerBelle boule de neige, quand même, quand on voit les ventes. J'aimerais lire une défense un peu argumentée de Gemmel dans ces pages. Aucun gemmeliste prêt à nous livrer une analyse profonde de l'oeuvre et de l'auteur ?
Je passe. Suivant. ;o)
RépondreSupprimerUne critique ultra positive parmi d'autres :
RépondreSupprimerhttp://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/16912
J'ai l'impression que le succès provient d'une forme de classicisme (héros solitaire, objet magique, un royaume en danger...) qui permet de s'approprier le livre immédiatement.
Ensuite vient le style, aisé à lire, qui facilite le plaisir de lecture via une évasion rapide.
Je pense sincèrement que Gemmell répond parfaitement aux attentes de ses lecteurs. Ils veulent des ingrédients connus, cuisinés selon une recette qui a fait ses preuves par un cuisinier de renommée. Et je le dis sans condescendance.
C'est peut-être pour les lecteurs non-initiés à la Fantasy, non ?
RépondreSupprimer@Sylvain
RépondreSupprimerTrop initiés, plutôt. La fantasy, c'est nul. Il faut lire des vrais livres.
Waylander a y-il trouve l'armur de bronze?
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