Confessions d'un automate mangeur d'opium


En v'là du steampunk, en v'là
Et c'est du bon, croyez-moi
Tâtez-moi ces boulons ici
Touchez-moi ça
L'absinthe qui fait rêver
Est déjà là...

C'est la grande exposition universelle de Paris. Il y a des zeppelins qui survolent la Tour Eiffel. L'éther révolutionne son monde. Les automates font sensation dans les salons. L'Histoire se prend un coup de pied au cul pour culbuter dans l'uchronie. Margo est une jeune actrice insouciante qui triomphe sur les planches dans son interprétation de Juliette. Mais quand elle apprend dans les journaux que sa meilleure amie est morte après avoir lourdement chuté de son aérostat, elle ne croit pas à la thèse de l'accident. Elle embringue donc son frère Théo, un jeune aliéniste aux idées progressistes, dans une enquête qui va déboucher sur l'inévitable complot. Suspens, action et opium.

Confessions d'un automate mangeur d'opium est un roman écrit à quatre mains par Fabrice Colin et Mathieu Gaborit. Il est construit sur un schéma simple : un chapitre vu par les yeux de Margo, le suivant par celui de Théo. Sauf qu'au final, il n'y a pas une grande différence entre les deux personnages. Oh, il y a bien d'un côté l'actrice lesbienne qui ose et de l'autre le timide célibataire, mais on ne sent aucune réelle cassure entre les deux points de vue. À un tel point que je me suis parfois demandé au milieu d'un chapitre si j'étais en train de lire un chapitre de Théo ou de Margo.

L'intrigue déroule sa pelote sans trop se soucier des invraisemblances (l'actrice disparait pendant l'enquête, personne au théâtre ne s'en inquiète réellement). C'est une course en avant avec des passages obligés (le scientifique fou de service). Quand les deux héros déboulent dans un ministère pour raconter une histoire incroyable sans posséder de preuves tangibles, on leur fait une confiance aveugle. Du coup Margo et Théo se retrouvent, sans aucune raison scénaristique solide, propulsés dans une scène finale pas crédible qui cristallisent toutes les aspects boiteux du roman.

J'ai l'impression que la révolution industrielle du steampunk est toujours vue depuis les hautes strates de la bourgeoisie. On n'entend jamais parlé des prolos qui rendent possibles ces univers, c'est toujours des discussions de salon, des soirées mondaines et tout le tralala. Du point de vue social, ce roman survole son époque à toute vitesse sans laisser le temps au décor de prendre consistance. Comme si rester trop longtemps dans une scène risquait de permettre au lecteur de se rendre compte que c'est du carton-pâte.

Deux personnages fades, un scénario claudiquant : ma lecture n'a jamais décollé. Je ne sais pas si Colin est plus coupable que Gaborit, mais ce mariage ne m'apparait pas comme une réussite. Pour enfoncer le clou, la couverture invite autant au rêve qu'un discours de Jacques Chaban-Delmas sur la rigueur budgétaire.

PS : j'ai parfaitement conscience de faire du sous-Jean-Pierre Bacri depuis quelques billets, mais j'ai beau faire des efforts, de manger des carottes et tout, en ce moment je me focalise plus sur les défauts que sur les qualités.

Commentaires

  1. sans trop spoiler :

    - Pour l'épisode du théâtre : la lumière est coupée,personne ne voit plus rien,c'est ainsi qu'à lieu le "rebondissement"
    - Les personnages : Je ne suis pas d'accord avec toi. Même s'ils n'ont que peu de désaccords, ils ont de l'intérêt en tant que couple. Il y a une relation entre eux qui frôle l'inceste.
    - La fin est je te l'accorde baclée
    -Pour lire du steampunk de prolétaire, tu devras lire "l'age des lumières" de Ian Mcintosh

    Ma critique du livre arrivera bientot

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  2. Je n'ai rien contre le Bacri de la fantasy.

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  3. tout pareil que Le pendu...

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  4. Tout pareil que Le pendu et Atreyou ...

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  5. Tiens au fait je viens de faire la promo de ton blog sur le groupe Facebook " Fan de jeux de rôle " ( 450 membres ) dont je suis l'admin. ( je l'avais complètement oublié ce groupe...depuis longtemps... mais il a bien grandi durant mon absence ) lol

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  6. D'accord avec toi. Voila du livre tout pourri.
    Un détail : "L'age des lumières" est de Ian McLeod, mais c'est vrai qu'on y cotoie le prolo. Néanmoins si tu ne dois lire qu'un roman de McLeod, "Les iles du soleil" n'est pas steampunk mais il est bien meilleur.

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  7. Bah tous les bouquins ne sont pas bons non plus, je ne te rejoins pas sur la Brigade Chimérique mais là je veux bien te croire.

    +1 avec Gromovar pour "Les îles du soleil".
    Sinon L'age des lumières c'est pas vraiment du Steampunk, McLeod emprunte quelques ambiances.

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  8. toues mes excuse, j'ai confondu avec fiona mcintosh

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