Ce qui est bien avec Brussolo, c'est que quand il se met à bidouiller du médiéval, il n'a aucun scrupule. Il ne donne aucune date de référence, reste flou quand il s'agit de situer l'action et minimise les repères pour se garder la plus grande latitude narrative possible. Pèlerins des ténèbres, c'est moyenâgeux, point barre. Les ayatollahs de l'Histoire, les spécialistes des chevaliers-paysans du lac de Paladru en l'an mil, crieront en vain à l'outrage : Brussolo s'amuse.
Marion est ymagière : elle sculpte de grossiers ex-votos tandis que son père massacre de la belle pierre à coup de burin. Elle est promise à l'apprenti de son père, un rustre sans talent. Suite à la disparition d'un groupe de pèlerins se rendant sur le difficile chemin du sépulcre de saint Gaudémon, des moines demandent à Marion de prendre à son tour le chemin du pèlerinage afin de mener une enquête discrète sur les conditions de voyage. Car saint Gaudémon a une étrange réputation : il circule autant d'histoires divines sur lui que de racontars hérétiques. D'où la présence pesante de l'ombre de l'Inquisition, qui surplombe la région.
Bon, que des moines envoient une jeune fille mener l'enquête, c'est aussi crédible que le personnage de Navarro, le commissaire de police de 82 piges qui sévissait sur TF1. Mais si le lecteur n'accepte pas d'avaler cette petite couleuvre, alors la suite du roman lui restera au travers de la gorge, car Brussolo a dans certains chapitres des idées encore plus folles. Son pèlerinage dans les montagnes, c'est par moment un voyage halluciné, avec des monstres, des complots et des révélations de dernière minute. Car Brussolo aime la démesure, l'outré. Il n'est pas là pour mimer une enquête plan-plan de frère Cadfael mais pour hésiter entre fantastique et réel. Il zigzague entre les jalons d'une aventure hérétique. Il ne raconte pas : il exagère.
Le hic, c'est que Brussolo est fort pour faire monter la sauce, mais il ne sait pas toujours où il s'en va. Il entasse les bonnes idées et monte une structure pas toujours très solide. Du coup, le roman ne se termine pas forcément avec le même souffle qu'il débute. Mais bon, les habitués de l'auteur ne seront pas surpris, c'est son style.
J'ai détesté.
RépondreSupprimerTout ce que je redoute chez Brussolo : le grand nawak.
RépondreSupprimerC'est vrai que ce roman est assez symptomatique du Brussolo en roue libre.
RépondreSupprimerJ'avais un MJ, autrefois, qui était du même tonneau. Tu jouais soi-disant à X-Files, et tu te retrouvais finalement à tuer un dinosaure avec une banane et le Graal.
Tu es sûr que tu ne jouais pas à Over the Edge ? :p
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