Boneshaker fait partie des 6 finalistes du Prix Hugo 2010 du meilleur roman avec The city & the city de Miéville. Cory Doctorow, Mike Mignola, Scott Westerfeld... tout le monde est d'accord : c'est de la bombe de balle à pistons et à vapeur. Le mélange parfait entre du steampunk, des zombies et des combats de zeppelins. Il faudrait être particulièrement de mauvaise foi pour bouder son plaisir sur une telle lecture. Mauvaise nouvelle : ma nature jésuitique de perfide sophiste fait de la mauvaise foi ma raison d'être.
Or donc, dans le Seattle d'antan, un savant fou fabrique une machine foldingue financée par des Russes pour permettre l'extraction de l'or. Sauf qu'au dernier moment, le savant fou en question utilise plutôt son invention pour creuser sous une grosse banque afin d'en vider les coffres. Hélas, ce faisant, il perce une poche de gaz mortel qui se met aussitôt à remonter à la surface et à décimer la populace locale, qui n'avait rien demandé. Plus tard, les pouvoirs publics réagissent en construisant un haut mur tout autour de la zone sinistrée afin de contenir les émanations délétères. Car les ceusses qui respirent ce gaz se transforment en zombies.
L'action du livre débute 16 ans plus tard quand le fiston du savant fou (qui a disparu dans les évènements tragiques) fausse compagnie à sa mère pour s'infiltrer dans la zone interdite de Seattle afin de se faire une idée sur la culpabilité de son géniteur. Quand sa mère se rend compte de la disparition du gamin, elle fonce à son tour dans les ennuis. Et donc, le quartier sinistré est peuplé de zombies très très méchants, de survivants qui fouillent les décombres, de types qui récupèrent du gaz pour fabriquer une drogue puissant, de capitaines de zeppelins qui survolent les lieux...
Sauf que.
Déjà, le livre débute par 6 pages qui racontent factuellement la catastrophe initiale. C'est comme lire le résumé des épisodes précédents d'une série : on ne se sent pas concerné. Les informations contenues dans ce prologue auraient dû être racontées dans le récit par des témoins et non balancées comme ça.
Ensuite, les deux protagonistes que l'on suit séparément sont aussi plats que l'encéphalogramme d'une poule. L'adolescent en quête du père absent, la mère qui doit replonger dans son passé pour sauver son fils : deux portraits ratés.
La zone gazée est censée être peuplée de gens peu recommandables, mais au final chaque rencontre est l'occasion de croiser des Bisounours qui aident leur prochain assez facilement sans demander d'argent en retour.
Les zombies donnent bien quelques scènes à la Romero, mais n'apportent rien à l'ambiance. Le gaz pouvait rester juste mortel pour être angoissant, pas besoin d'en appeler aux zombies pour faire peur.
L'intrigue promettait des révélations sur la catastrophe initiale puisque les détails qui entourent l'accident sont nébuleux. Et bien, peau de zob. En dehors d'une surprise très minime dans les derniers chapitres, ce n'est qu'un long voyage pas très intéressant dans un quartier en ruines. Aucune communauté intéressante, ce sont juste des rencontres vaguement iconoclastes.
Les zeppelins sont de la partie, mais là encore, c'est juste pour faire beau : une scène d'abordage pour dire de faire spectaculaire, et au revoir Simone.
Et l'auteure, Cherie Priest, se permet d'écrire des choses réellement nouvelles. Par exemple, l'un de ses personnages dit "Si nous mourrons, je te tue." C'est aussi follement original que les blagues sur les belles-mères.
Au final, Boneshaker est une lecture qui m'a apporté autant de plaisir qu'un rapport de Pierre Mauroy sur la réforme de l'organisation des pouvoirs locaux pour l'avenir de la décentralisation.
Maintenant, pour être tout à fait honnête, il se pourrait bien que le steampunk ne soit pas ma tasse de thé. Cela expliquerait pourquoi je n'arrive pas à crier au génie avec le reste de la meute.
Gromovar est du même avis que moi.
Gromovar est du même avis que moi.
"Boneshaker est une lecture qui m'a apporté autant de plaisir qu'un rapport de Pierre Mauroy sur la réforme de l'organisation des pouvoirs locaux pour l'avenir de la décentralisation."
RépondreSupprimerJ'ai ri. Tu ne donnes franchement pas envie de le lire, surtout le passage sur les bisounours.
Merci de m'éviter ce calvaire que j'aurais peut-être acheté sans toi !
Encore un mortel-fatal de Cédric
RépondreSupprimerParangon de l'impitoyable critique
Qui nous épargne les romans de troll
Avec sa plume, juste et drôle
Tu n'es pas seul, j'ai pas apprecié non plus. Je n'ai vraiment pas compris les critiques elogieuses sur Amazon. Ils n'ont pas lu le meme livre ou ils sont tous des copains de Cherie.
RépondreSupprimer+1 pour cette critique !
RépondreSupprimerMoi qui me veut intarissable missionnaire du steampunk, j'avoue ne pas avoir très envie de découvrir ce bouquin. De toute façon,; je l'ai toujours dit, le steampunk c'est pas un truc pour les ricains.
LOVD
@ Steve
RépondreSupprimerJe pense sincèrement qu'il y a un effet de copinage entre les auteurs de genre. Ça transcende même les clivages des maisons d'édition : tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. Je déteste lire un commentaire élogieux d'un autre auteur sur la couverture d'un bouquin. J'ai toujours l'impression que c'est l'éditeur qui commande à l'auteur en question une gentillesse en guise d'attrape-nigauds.
@ Lord Orkan Von Deck
En vertu de quoi l'Europe aurait-elle le monopole du steampunk ?
J'avoue que l'explication "tu connais Wild wild west ? ben, c'est steampunk" est totalement infondée.
RépondreSupprimerPour moi, le steampunk s'applique mieux dans un univers urbain, dans une grande ville nébuleuse et tentaculaire ; ce qui nous fait garder la côte Est, ainsi que la région de San Francisco (approximativement). Je trouve que des grandes étendues désertes sur un continent encore partiellement colonisé met un frein aux principaux éléments qui fondent le SP.
Ensuite, il doit y avoir une opposition entre la modernité et le poids du passé qu'on ne peut trouver aussi aisément en Amérique. L'Europe est pleine de ces antagonismes temporels, sociaux, politiques.
En somme, je dirais que l'Amérique est trop récente et trop inexploitée pour être parfaitement intégrée dans une esthétique SP. Mais bien sur, l'intérêt du SP, c'est qu'on peut aussi réécrire tout cela et inventer une autre Amérique.
Mais sinon, lorsque je dis "le steampunk c'est pas un truc pour les ricains", ça ne veut pas dire que j'en donne le monopole aux européens : Le Japon est à mon sens parfaitement adapté à l'univers Steam.
J'ai détesté aussi : http://quoideneufsurmapile.blogspot.com/2010/04/bof.html
RépondreSupprimerC'est quand même dingue que des bouquins pareils arrivent en final de prix littéraire.
RépondreSupprimerElle a couché ^_^
RépondreSupprimer... c'est agréable de ne pas se sentir seul dans la non-appréciation, merci !
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