Quel dommage. Les couleurs de l'acier débutait pourtant si bien. Le roman raconte les tribulations d'un avocat répondant au nom de Loredan qui, loi oblige, fait ses plaidoiries en se battant à l'épée contre l'avocat adverse, le plus souvent à mort. Bon, c'est rigolo comme idée, mais un système de justice aussi mortel est quand même assez débile à mettre en place. Enfin, ça permet de placer quelques scènes de duel. Et donc notre avocat décide de prendre sa retraite car il sent bien que sa profession ne produit pas beaucoup de retraités. Il devient alors professeur d'escrime pour former les prochaines générations d'avocats. Sauf que la cité dans laquelle il exerce est soudainement menacée par une invasion de barbares des plaines. Aussi les notables décident de placer notre ex-avocat à la tête de la défense militaire de la cité car il est en fait l'un des derniers survivants d'une bataille qui a autrefois opposé les barbares avec l'armée qui défendait la cité. Et donc, paf, combat.
Pour complexifier l'affaire, il existe plusieurs sous-intrigues qui, à grands coups de hasard bien pratique pour l'auteur, viennent délayer le propos. Une histoire de vengeance, des magiciens invoquant des malédictions, une touriste qui possède des dons magiques hors norme... Et immanquablement quand on veut absolument pondre un volume de plus de 600 pages, l'intrigue finit par trainer en longueur pour cause de digressions. Les magiciens incompétents ont beau être aussi drôles que leurs homologues de chez Jack Vance, le bouquin patine dans la choucroute. Surtout que le héros est sympathique avec son mauvais caractère, mais le reste de la galerie de personnages n'est pas aussi réussie. En particulier le chef des barbares qui, après avoir passé quelques temps dans la cité pour étudier les défenses en place, rentre dans sa tribu pour apprendre sur le pouce à ses collègues comment construire 300 catapultes. Ben voyons, mon colon. Du coup, l'invasion barbare est aussi crédible que les promesses d'un programme électoral, ce qui n'aide pas à avancer dans la lecture.
Il m'aurait été facile d'invoquer Bob et d'aligner quelques bons mots pour descendre ce livre en flammes. Sauf que K. J. Parker a un réel talent pour foutre de multiples détails techniques dans son histoire. Elle explique comment sont forgées les épées, ce qu'utilisent les tanneurs pour obtenir telle teinte, quel bois est utilisé pour sculpter des flêches... C'est très efficace pour donner du corps à l'univers. On sent que cette femme est une "gosseuse de patente" (comme disent les Québécois), c'est à dire une bricoleuse éclairée. Son écriture respire l'artisanat, et c'est bon. Mais comme elle ne maîtrise pas son réçit, ses bonnes idées ne font pas long feu et la narration s'écroule sous son propre poids. Autre petit détail qui m'a agacé : elle utilise à un moment le mot "marketing" pour deviser sur le commerce local. Pour moi, ça brise autant la fameuse "suspension of disbelief" que si elle avait appelé un de ses personnages Lolo Ferrari.
Les couleurs de l'acier n'est que le premier volume d'une trilogie. Déjà que c'est étouffe-chrétien comme roman, je ne vais certainement pas m'enfiler encore 1300 pages pour avoir le fin mot de l'histoire. D'autant que je n'ai pas l'impression que l'auteur sache où elle va. L'humour dont elle saupoudre son histoire ne rend malheureusement pas le bouquin assez digeste. C'est rageant, les 100 premières pages du roman m'avaient pourtant fait saliver.
Pareil pour moi, j'ai abandonné la série après lecture du premier tome. Je n'ai même pas écrit de note de lecture tellement les révélations familiales de la fin m'avaient semblé grotesques, ce qui détonait avec ma première très bonne impression. J'aimais bien le ton cynique et la relation de Loredan avec sa collègue, par ailleurs férue de papeterie (le passage du marché aux plumes, encres et parchemins étant mon préféré !).
RépondreSupprimerVos avis confirment ce que j'ai lu çà et là. Encore une dilettante qui s'est dit qu'elle/il pourrait écrire de la fantasy en faisant une trilogie mélangeant clichés et poncifs et connaissances de son job ou hobby (musique archéologie anthropologie ou, ici, droit)... Je passe.
RépondreSupprimerK. J. Parker a fait du droit, a été journaliste et numismate.
RépondreSupprimerElle a écrit trois trilogies différentes, sans doute parce que c'est le format que demande le marché.
Bon ben voilà, pour une fois ma visite ici ne se conclut pas par une augmentation des livres de ma PAL! ;)
RépondreSupprimerJ'avais vaguement entendu parler de cette trilogie, mais je ne savais pas quoi en penser!
Merci pour cet article!
L'habillage a changé ou c'est moi ?
RépondreSupprimerRien à voir mais Milady lance une nouvelle collection intitulée Huginn et Muninn. Vous allez pouvoir vendre le nom.
RépondreSupprimer@ Atreyou : tu n'as pas la berlue, nous sommes en train de faire des rénovations. La mise en page risque de varier dans les jours à venir en fonction car nous faisons des tests.
RépondreSupprimer@ Gromovar : la nouvelle collection concernera quel genre de publications ?
Des beaux livres sur la culture geek. Le premier sera sur Dark Vador.
RépondreSupprimerScoop : la collection s'appelle comme ça car c'est Bob, le directeur de collection.
RépondreSupprimerCool !
RépondreSupprimer