Going Postal


J'évoquais il y a peu l'adaptation télévisuelle de la BBC, The Colour of Magic, une mise en image des débuts des Annales du Disque-Monde de Terry Pratchett. Et à cette occasion, vous avez été plusieurs à me dire que Going Postal (Timbré en français), une autre adaptation du cycle, était d'une bien meilleure eau. J'ai donc suivi vos conseils.

Or donc, dans la belle Ankh-Morpork, où se tient ce scénario, deux compagnies d'égale indignité font un nouvel éclat de leur antique hargne. La poste traditionnelle est morte depuis qu'un système ingénieux permet de transmettre du texte avec des signaux lumineux via un réseau de tours. Et ce monopole agace le Patricien, qui condamne un arnaqueur de haut vol à devenir le prochain postier général de la cité. S'il échoue, c'est la corde. Et l'on apprend vite que si la poste est tombée en désuétude, c'est que les 5 précédents postiers généraux sont morts dans d'étranges circonstances. Ça joue dure dans le domaine concurrentiel de l'information.

Je ne sais pas si c'est le fait que je sois un fils de facteur et un philatéliste repenti, mais j'ai adoré l'intrigue de ce Going Postal. Car sous le prétexte de raconter des imbécillités sur le courrier, Pratchett se moque allègrement de nos habitudes modernes de communicateurs frénétiques. La course à la technologie et le marketing sont dénoncés à grand renfort de situations cocasses et de bons mots comme nous sommes en droit de l'attendre de la part de Pratchett. On se moque gentiment des collectionneurs de tout poil, on parle syndicalisme sous le couvert de parler de droit du travail chez les golems, c'est bourré de bonnes idées.

MAIS

Regardez bien l'affiche du film. Matez les costumes. Oukilé mon Disque-Monde médiéval en diable ? Depuis quand on porte le haut-de-forme à Ankh-Morpork ? Ce n'est pas du tout l'idée que je me fais de cet univers. Ankh-Morpork, c'est la cité de Cohen le Barbare et de Planteur J.-M.-T.-L.-G., ce n'est pas une sorte de Londres trop propret. Je sais que le Disque-Monde, contrairement à beaucoup d'univers fantasy, évolue et connait des révolutions, mais là, c'est un tout autre univers que celui que j'ai lu. Et les rares fois où des éléments plus classiques des Annales apparaissent (comme l'archichancelier ou la banshee), la juxtaposition des deux ambiances ne tient pas debout. Surtout que tout ce qui fait le charme du Disque-Monde est ici mis de côté. En fait, c'est une histoire qui pourrait très bien se passer ailleurs, elle n'a pas besoin du Disque-Monde pour exister. J'adore le steampunk, hein, c'est pas le problème, mais il n'est pas miscible avec Ankh-Morpork, à mon sens.

Ça reste un long téléfilm de 3h (là encore, comme pour le premier, il y a moyen de dégraisser le mammouth pour faire rentrer en 2 bonnes heures) avec bien plus de moyens techniques que dans The Colour of Magic mais il y a pour moi un net problème de costume et de décor.

Commentaires

  1. Anonyme4/1/11

    L'intérêt de l'évolution de Ankh-Morpork tout le long de la saga, c'était justement d'assister au passage de la cité-état quasi-médiévale à une sorte de reflet du Londre de la révolution industrielle mâtiné de nouveau monde US par l'accent mis sur cet aspect de creuset pour toutes sortes d'évolutions sociales ou de technologies steampunk pour le reste du disque : journaux, métro, communications et culture hacker, libération de la femme troll ou naine, sport de masse, cinéma & musique, banque, et surtout plus généralement un sens prononcé de l'entreprenariat et du capitalisme virile. Il me semblait ?

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  2. Alors ça vient de moi.
    J'aimais Ankh-Morpork la crasseuse. Ses théologiens débiles. Ses magiciens arrivistes. Son Guet qui use ses godillots en patrouille.

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  3. C'est marrant que tu écrives ça. J'ai pensé la même chose quand j'ai vu les premières illus de Josh Kirby.

    En lisant les premiers Pratchetts, je croyais que c'était du medfan, alors que ça vire tout très vite à l'arcanepunk. Je pense que ça tient au fait que Pratchett n'est pas un auteur très visuel. Il décrit beaucoup de choses, mais souvent en y glissant tellement de clins d'oeil et de jeux mots qu'on a du mal à se faire une idée précise de la façon don il voit son univers.

    Plus je regarde les illus de Kirby, l'illustrateur officiel je crois, et plus je m'aperçois que ça m'a jamais rien eu de très médiéval. On a toujours été plus dans du Dickens.

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  4. Ah quand même, les premiers bouquins sont medfan. Je n'ai lu que les 22 premiers livres, mais je n'avais remarqué que l'univers avait basculé à ce point dans la dickenserie steampunk.

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  5. En fait, c'est vachement subtil. Quand on s'amuse à faire la liste des objets magiques qu'on trouve au fil des bouquins, on se demande à quel moment on quitte le medfan.

    Dans "La Couleur de la Magie", il y a un appareil photo magique, un ordinateur druidique et tout un tas d'autres appareils qui détonnent déjà pour du medfan. Au fil des bouquins, ça fait une sacrée collection.

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  6. Ce débat autour des costumes me donne encore plus envie de voir ce téléfilm :D

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