J'ai eu tort.
Alors que je parlais de Big Bang Theory, un lecteur (R.) avait pointé du doigt la série Community et j'avais regardé le pilote sans rire. J'en avais donc tiré la seule conclusion logique : ce n'était pas drôle. Après la première saison de Sons of Anarchy, j'ai eu besoin d'un peu de légerté. Je suis retombé je ne sais comment sur le second épisode de Community et j'ai souri. Au troisième, j'ai ri. C'est comme ça : des fois les circonstances ne se prêtent pas à un livre ou une série. Pour paraphraser Édouard Baer, je dirais que c'est avant tout une rencontre.
Community, donc. C'est une série comique sans rire enregistré. Au début, ça surprend. Ce n'est pas évident de déterminer soi-même ce qui est marrant et le moment précis où l'on doit rire. Ça prend plusieurs épisodes pour trouver le bon rythme. Les épisodes font 20 minutes et la première saison fait 25 épisodes. Et ça raconte quoi ? La vie d'un groupe d'étudiants qui fréquentent une université publique. Socialement, ces gens sont la lie du système éducatif. Étudier dans un "community college", c'est la honte. Seuls les pauvres et les crétins finissent par échouer là. Et justement, le pivot principal de la série, Jeff, doit reprendre ses études. Il a été avocat pendant des années mais a été expulsé du barreau quand on s'est rendu compte qu'il n'avait pas de vrai diplôme de droit. Ce baratineur né doit donc reprendre sa scolarité à zéro. Et le plus facile pour lui est de fréquenter une université de seconde zone où l'on peut obtenir un diplôme en suivant un cours de poterie, un autre de yoga tout en étudiant l'espagnol. Car Jeff est un branleur, un vrai. Pas question d'en foutre une rame. Il vise la note minimale pour passer, c'est tout.
Et autour de Jeff se met aussitôt à graviter un groupe d'étude composé d'une brochette de cas sociaux en quête d'un mâle alpha :
- une brunette coincée qui a eu des petits problèmes de dépendance
- la mère de famille afro-américaine qui doit changer de cap en milieu de vie mais heureusement, Jésus est son ami
- le retraité réactionnaire en quête de reconnaissance qui s'ennuie
- l'ex star de football américain du lycée qui n'a pas vraiment d'avenir
- la blondinette gentille et gau-gauche qui se refuse bien évidemment à Jeff
- le palestino-polonais atteint du syndrome d'Asperger qui perçoit le monde à travers un unique référentiel : les séries télévisées
À ces sous-doués, il faut rajouter des professeurs plus dingues les uns que les autres (dont senor Chang, le frère du rabbin Chang), un doyen bisexuel, la pire mascotte de l'univers, d'autres étudiants tout aussi perdus....
Et le tout est vraiment bien écrit. Ça fuse, ça part dans tous les sens. Un épisode entier avec un cours de navigation à bord d'un bateau bloqué sur le parking de la fac (avec l'Homme qui tombe à pic en invité, qui plus est). Un épisode qui s'inspire des films de mafieux. Des gags sur les juifs, les palestiniens et les noirs. C'est souvent fin, très souvent en rafale. Ça cartonne. Et toujours pas de rire enregistré. Étrangement, le personnage de Jeff est le moins intéressant du groupe même s'il sert de catalyseur pour la dynamique de groupe. Non, c'est Abed, le gars atteint d'Asperger qui est le plus intéressant du groupe. Contrairement au Sheldon de Big Bang Theory, Abed est agréable. Dans son monde, mais accessible. Sa manie de faire la voix off du récit, ses références télévisuelles, ses techniques de drague... c'est finalement lui qui porte la série à bout de bras. L'acteur qui bosse fort derrière ce personnage me fait halluciner à chaque épisode avec ses mimiques de vélociraptor dans Jurassic Park.
Pour ne rien gacher, c'est ancré dans la culture pop. Il y a des blagues sur Patrick Swayze ou Twitter. C'est moi centré sur le geek que Big Bang Theory, mais du coup ça tourne moins en rond.
Community, donc. Si vous ne savez pas à quel moment rire, on peut s'aider dans les commentaires.
Attend de voir l'épisode Paintball (saison 1) ou celui sur D&D (saison 2). Cette série est juste hilarante. Et contrairement à Big Bang, il n'y a pas un seul acteur qui porte la série, car l'ensemble du casting est vraiment très réussi, même si les scénaristes ont quelques faiblesses ça et là.
RépondreSupprimerBon, c'est bien parce que tu aimes bien, que je vais au moins regarder quelques épisodes :)
RépondreSupprimerJe confirme : l'épisode Paintball est très bien foutu. Des références de partout, c'est du solide.
RépondreSupprimerVivement que la saison 2 se termine que je puisse faire un rattrapage massif.
Attend de voir l'épisode sur D&D !
RépondreSupprimerTon billet m'a donné envie de regarder la série et ça me plaît bien ;)
RépondreSupprimerOk, je viens tout juste de voir l'épisode sur D&D. Du grand art. À la fois une moquerie de Donj', une mise en abîme et une fausse leçon de morale. Superbe.
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