Je n'aime pas les graffitis dans le sens où dans 99% des cas, c'est un nom mal tagué qui vient revendiquer un bout de mur ou une devanture de magasin. C'est généralement laid, sans contenu et gratuit. Reste que le 1% qui reste est un art qui sait parfois me ravir comme aucun musée n'en est capable. Une fresque folle à la bombe, un collage astucieux, un pochoir qui se prend pour un uppercut...
Banksy incarne cet art de la rue. C'est un artiste anglais dont l'identité n'est pas publiquement connue, et d'ailleurs on s'en fout. Voici pour faire très succinctement le tour de son oeuvre, une petite sélection tout ce qu'il y a de plus réductrice :
N'attendez pas de moi que je dise que Banksy est un génie car ce mot ne veut plus rien dire. C'est un poète anarcho-pictural. Il fait glisser l'univers de béton vers une absurdité captivante. Il est possible de s'en rendre compte en visitant www.banksy.co.uk
Faites le mur (Exit through the gift shop) est un film réalisé par Banksy qui raconte comment un français (Thierry Guetta) installé à Los Angeles s'est mis a filmé des artistes spécialisés dans le street art. Thierry est un compulsif, il les suit partout, tout le temps, que les flics débarquent ou non. C'est un obsession. Quand Thierry va finir par croiser Banksy, ce dernier va lui conseiller de devenir à son tour un artiste de la rue. Et ainsi nait Mister Brainwash, la nouvelle tendance qui fait fureur à LA.
Je n'en dis volontairement pas plus ici sur le film car il faut voir ça de ses yeux pour apprécier cette réflexion sur cette forme d'expression directe et évidente. C'est une plongée saisissante dans notre urbanité post-moderne.
Une fois que vous aurez vu ce film (ou bien si vous êtes vraiment allergique à tout ce dont je viens de parler), on peut en reparler dans les commentaires. Car une fois que ce film se termine, la réflexion ne fait que commencer...
Allez, je ne résiste pas à vous mettre un dernier Banksy, très symbolique de son style.
Je suis pour ma part persuadé que ce film n'est pas un "documenteur", il va encore une étape plus loin. Je crois que Mister Brainwash est une création de Banksy pour se moquer de la commercialisation de son art. Tout le monde tombe dans le panneau : c'est branchouille, c'est tendance, ça se vend comme des petits pains chauds.
RépondreSupprimerIl n'est pas dupe, le Banksy...
Bonjour, Excellent film qui va très très loin dans le post-pop-art-contemporain ! Bansky se construit son propre mythe (il doit y avoir un nombre de bobards dans tout ce qu'il montre à son sujet...) tout en éclairant le spectateur sur les turpitudes du milieu des galeristes et des artistes (doux dingues / affairistes tyrans), sur la connerie des amateurs d'art qui avalent n'importe quel blaba-buzz et qui croient faire du business... (pardon, en fait ils FONT du business)
RépondreSupprimerje trouve qu'il arrive à montrer qu'un artiste d'art contemporain est inéluctablement un pantin commercial et que seuls les plus malins -sans pitiés- s'en sortent, non pas en jouant les puristes de la rue (on parle street art ici) mais en faisant les clowns pour distraire son monde. Il est très fort, car ca marche !! Il construit son personnage qui lui permettra de péréniser sa cote présente et future sur le marché de l'art... tout en rendant impossible toute vélleité de démêler le vrai du faux. Ce film est plus que lucide il est extralucide :)
A mon avis, concernant surtout le début du billet, il faut différencier le tag (simple signature à deux balles et souvent moche signalant à la base l'appropriation du territoire par un gang et maintenant juste une expression d'un tagger) et le graff (qui lui est généralement une œuvre travaillée et dénotant des compétences graphiques et visuelles plus ou moins abouties).
RépondreSupprimerLe tag est donc au graff ce que la fanfiction est au roman ?
RépondreSupprimerNon, je dirais plutôt que le tag est au graff ce qu'une signature en bas d'un formulaire est à une toile peinte. :-)
RépondreSupprimerTrès bon film sur un artiste que j'aprécie beaucoup.
RépondreSupprimerPourtant Banksy est devenu extrèmement 'à la mode', ses oeuvres s'arrachent aux ventes aux enchères les plus côtées et certains vont même jusqu'à découper les murs où elles apparaissent pour se les aproprier...
Ca en devient vraiment absurde pour du street art ! C'est tout de même une forme d'expression ephémère, souvent illégale et anonyme.
Je crois qu'Exit Through The Gift Shop' est une forme d'autodérision, une réflexion très drôle sur l'aspect commercial de l'art.
Un effet positif de sa renommée c'est de rendre les gens curieux sur cette pratique artistique ! Aussi je vous conseille l'un des premiers documentaires sur le sujet : 'Street Wars', qui date déjà d'une vingtaine d'années. Ainsi également que le travail des artistes Blu ou Jr ainsi que les sites unurth et woostercollective.
Hmm... il faut ouvrir un blog sur blogger pour commenter avec son login Google ??
RépondreSupprimerNon, il faut que tu aies créé sur ton profil Google une version Blogger, qui te permet de commenter ou de publier des billets. C'est pas super intuitif et la plupart des gens le font par accident.
RépondreSupprimerEssaie ici pour en savoir plus.
J'aillais dire que le tag était au graff ce que le tweet est à la littérature, mais ta définition me plait mieux, Philippe.
RépondreSupprimerMerci pour Street Wars et les autres pistes, je vais les explorer.
Ce n'est pas évident de trouver Street Wars car cette année, ils ont sorti un film avec Steven Seagal portant le même titre.
RépondreSupprimerEt histoire d'enfoncer le clou, j'ai lu "Wall and piece" de Banksy. Une compilation de photos de son travail et de ses pensées sur la chose. Il y a des anecdotes savoureuses, des conseils éclairés sur l'art du brandalisme et on referme le livre avec une furieuse envie d'acheter une bombe de peinture. Reste qu'on a pas forcément le talent et l'inspiration pour passer à l'acte intelligemment.
RépondreSupprimerExcusez-moi pour cette étourderie, le film s'appelle Style Wars. On peut le trouver sur vimeo : http://vimeo.com/941073
RépondreSupprimerMerci pour le lien vers Vimeo, c'est très old school comme vidéo (purée, 20 ans), j'adore retrouver cette ambiance et pouvoir remonter aux sources du phénomène.
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