Ender est un enfant, le dernier d'une fratrie de trois. Son frère et sa sœur sont comme lui des génies. L'Armée enrôle Ender car elle a besoin du stratège ultime pour repousser une invasion extraterrestre d'êtres insectoïdes dont on sait peu de choses. Ender rejoint donc une école militaire spatiale. À grands coups de simulation, il apprend à la dure comment être un bon petit soldat puis comment mener ses hommes au massacre. Car la Terre n'aura pas le droit à une seconde chance : il faut que ses forces soit menées par le plus fortiche des stratèges. Aussi, rien n'est épargné à Ender pour faire de lui l'arme ultime. Qu'est-ce qu'une enfance sacrifiée comparée à la survie de l'Humanité ?
Bien qu'il se situe dans le futur, j'ai voyagé dans le temps à rebours grâce à ce livre. Je me suis revu pendant le service militaire. Oh, je n'étais pas une recrue aussi exceptionnelle qu'Ender, j'étais juste un pioupiou parmi tant d'autres. Mais j'ai connu, l'espace de quelques mois, les exercices qui vous poussent à bout, le sergent qui vous mène la vie dure et qui cristallise la cohésion de votre unité en faisant de vous le souffre-douleur de toute la troupe, ce semblant d'esprit de corps, ces amitiés entre frères d'armes qui virent à l'aigre dès qu'il y a de l'avancement dans l'air. Et La Stratégie Ender, c'est tout ça, mais en démultiplié. J'avais la jeune vingtaine, je faisais juste mon service militaire. Lui est un gamin qui doit sauver le monde. Un gamin qui grandit en accéléré, en apesanteur, en apprenant à haïr un ennemi qu'il ne connait pas. On le manipule, on le façonne, on le teste. Et pendant qu'on le taille comme une pierre précieuse, son frangin et sa sœur font une OPA politique sur leur pays en se servant des réseaux sociaux pour acquérir de l'influence. Sur la terre comme au ciel.
Orson Scott Card écrit sur la perte de l'innocence. La formation militaire d'Ender est le formatage implacable d'un mioche qui aurait pu changer le monde si on ne l'avait pas dressé pour tuer. On se prend à penser à ces gamins envoyés dans un jeu vidéo nommé Irak. À se dire que les jeunes joueurs professionnels coréens de StarCraft II sont des Ender en puissance. Que les barbus islamisant sont nos aliens insectoïdes à nous. On voit poindre le 10ème anniversaire de vous-savez-quoi, et on se dit que ça été, c'est et ça sera un massacre. Pas juste des adultes qui s'entretuent pour des mots en -isme. Des gamins qu'on fait muter en enfants-soldats. Avec une Kalashnikov plus grande qu'eux. You're in the army, now…
Juste pour dire que le bouquin est simplement très bon et vous tient en haleine jusqu'au bout. Les prix obtenus en 1986 (Nebula, Hugo) ont été largement mérités.
RépondreSupprimerCordialement
C'est amusant de lire ton point de vue, frais, sur une oeuvre (un cycle) que je connais par coeur ou presque.
RépondreSupprimerSi tu as aimé, je te conseille de lire pendant que tu as ce livre en tête, la Stratégie de l'ombre, qui raconte la même histoire du point de vue de Bean, que OS Card a écrit plusieurs années plus tard. C'est un superbe tour de force.
Chacun des deux livres a ensuite donné naissance à un cycle distinct. Wikipedia permet d'y voir plus clair sur le sujet.
Dommage que la suite de la Stratégie Ender ne soit pas du même tonneau. Le propos, sur un thème différent, y est aussi intéressant mais engrossé de longueurs pénibles.
RépondreSupprimerMais oui, mais oui, "La stratégie Ender" est un bon bouquin : aucun doute là-dessus. Comme (presque) toujours chez Scott Card.
RépondreSupprimerMais, puisqu'il faut bien un mais, pourquoi vous priver de lire la nouvelle "Fin de partie" du même Scott C. ? Celle qui ouvre le recueil "Sonate sans accompagnement". C'est la même histoire, mais en plus court, plus ramassé, plus brutal. Rarement lu un truc aussi efficace. C'était le premier bouquin que je lisais de Scott C. et inutile de préciser qu'après je suis depuis devenu inconditionnel.
Sans oublier que la nouvelle qui donne son titre au recueil est sans doute (ne mégotons pas) une des plus belles nouvelles de SF de tous les temps et un des meilleurs textes jamais écrit sur la musique.
Bon, je me calme sur les superlatifs. Bonne lecture (ou relecture). Bisous à tous.
Ultrarat
ben le Sonate j'ai pas trop accroché perso, c'est... choquant, et la morale (si y'en a une ?) m'a échappée.
RépondreSupprimerSinon voilà une très bonne critique ^^ Je suis moi aussi une inconditionnelle du cycle. Tu comptes lire la suite ?
Étrangement, même si j'ai adoré ce premier Ender, je n'ai pas envie de continuer le cycle pour le moment. Je voudrais rester sur une bonne impression.
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