Les personnes avec qui je partage un certain goût pour
l'imaginaire sont unanimes : ne pas apprécier la Culture d'Iain M. Banks
est une preuve de mauvais goût, ou pire, le symptôme d'une longue privation du cerveau en
oxygène. J'ai pourtant essayé de conquérir la Culture par la face nord
en m'attaquant par deux fois à Consider Phlebas sans arriver à terminer le
roman, l'ennui m'ayant terrassé à chaque fois. Comme je sais être têtu, j'ai
donc demandé aux aficionados du cycle quel était le volume de la série qui
pourrait, à coup sûr, faire vibrer en moi la corde sensible d'un amoureux de la Culture qui s'ignore
encore. Et les réponses ont fusé : L'Homme des jeux est un le chemin royal pour
entrer dans cette saga. Toc-toc--badaboum : me voilà.
Jernau Morat Gurgeh est un joueur, un vrai. Il connaît
pratiquement tous les jeux de l'univers et de sa proche banlieue. Et il
s'ennuie. Il est expert dans toutes les variantes de tous les jeux de
stratégie, mais son cœur n'y est plus. Imaginez donc une vie passée entièrement
à jouer à un World in flames galactique et à la coinche bételgeusienne.
L'horreur. Et ne voilà-t-il pas que le département Contact de la Culture , celui qui
s'occupe des interactions avec les civilisations externes à ce vaste truc anarcho-avancé
qu'est la Culture ,
propose à notre héros d'aller se balader dans un autre système pour aller jouer
à un nouveau jeu qui est la raison d'être d'un empire galactique qui n'a pas
encore été phagocyté par la
Culture. Et vlan, Jernau Morat Gurgeh débarque dans un monde
rétrograde où il prend part à un tournoi qui va se révéler plus dangereux que
prévu.
Et je n'ai pas aimé ce livre. On suit laborieusement un type
dans un tournoi de wargame galactique qui se veut une allégorie sur la vie, la
société et la civilisation mais qui est peu intéressant en tant que moteur
scénaristique. Évidemment, ce n'est pas qu'un jeu de plateau, mais le héros met
des plombes à s'en rendre compte, contrairement au lecteur. Pour un stratège
hors pair, c'est dingue comme Jernau Morat Gurgeh est naïf et aveugle. Et puis
il y a ces drones au nom à rallonge (Flère-Imsaho ou Chamlis Amalk-ney) qui
sont ridicules. Les amis du héros sont insipides, interchangeables mais ont
droit à une longue exposition alors qu'ils disparaissent très rapidement du
récit. Et puis il y a cet empire galactique, que l'on ne décrit pas vraiment et
dont on se contrefout totalement. Bref, un héros sans relief, des
rebondissements poussifs, un interminable tournoi d'un jeu dont on ne peut pas
comprendre les règles, le tout dans un décor qui ne prend jamais vie. Un long
pensum SF.
Le pire, c'est que j'ai aimé la Culture (enfin, le peu qui
en est dévoilé). Ce machin sans loi qui semble toutefois tenir debout à l'air
intéressant, mais ce roman se déroule justement ailleurs, ce qui fait que la Culture est présente par
ricochet. Mais si les habitants de la Culture sont à l'image des personnages de L'Homme
des jeux, je crains devoir abandonner ici ma découverte de ce cycle car les
drones acerbes, les gens qui changent de sexe pour passer le temps me donnent
des boutons. Et pour enfoncer le clou, l'écriture d'Iain M. Banks est vraiment
plate. Je ne sais pas si c'est dû à la traduction, mais le style est… absent.
N'ayant, à ma connaissance, pas été privé d'oxygène, je vais
plaider l'inculture pour expliquer ma totale incompréhension du succès de cette
construction SF. Je le range avec le Docteur Who dans la catégorie des œuvres
qui me resteront étrangères malgré l'enthousiasme de mes semblables.
Mon sentiment rejoint le tien. J'ai aime certaines idées, apprécié le roman avec le mercenaire, aimé la vision de l'organisation politique de ce Space op immense qui me faisait penser a MeGa.
RépondreSupprimerJ'ai lu l'homme des jeux. Un peu apprécié. Tout oublié. Mais Cleer doit des choses a la Culture. Les amoureux des paradoxes apprécieront.
Complètement d'accord. Il m'est tombé des mains aussi.
RépondreSupprimerPersonnellement, j'aime les bouquins de la Culture pour leur univers et pour les conneries des IA (y compris les noms des vaisseaux); le reste est assez oubliable et, en effet, les personnages de Banks (là encore, à part les IA), sont plutôt plats.
RépondreSupprimerIl va falloir que je change le mot de passe de la console, Cédric ne raconte que des bêtises en mon absence...
RépondreSupprimerMême Alias à l'honnêteté de reconnaitre que les personnages et les intrigues ne sont pas dignes du décor déployé.
RépondreSupprimerMais j'avoue que j'ai bien aimé le nom des vaisseaux.
En fait, j'ai bien aimé la présentation de la Culture qui ouvre le roman.
C'est un bon setting, mais ça fait deux mauvais romans que je lis dans ce décor, ce qui me fait penser que l'auteur est un homme d'idées, mais pas nécessairement un bon raconteur.
Je n'ai pas détesté cet Homme des jeux mais le fait est que je n'en ai gardé que peu (très peu) de souvenirs et que je n'ai pas eu l'irrépressible envie de connaître la suite. J'ai pourtant tenté L'usage des armes qui, lui, m'est tombé des mains. Je crois bien que c'est cuit pour moi aussi.
RépondreSupprimerEn effet il est préférable de dire Banks en anglais car il bénéficie de traducteurs de romans de gare comme la moitié de la SF...j'ai bien apprécié L'homme des jeux, mais rien n'arrive à la cheville de l'usage des armes. En effet, il faut s'accrocher, mais j'ai une copine qui n'a jamais lu de SF qui a bien réussi...et sinon Excession est très intéressant du fait du dialogue des IA. Matter (titre anglais) est assez nase malgré plein de bonnes idées, mais Against A Dark Background est pas mal du tout (la vous aurez des persos "épais") même s'il n'est pas dans la culture.
RépondreSupprimerEn même temps, si on aime pas on aime pas. Tout le monde a le droit d'avoir mauvais goût :)
Perso je lit avidement tous les Banks qui me tombent sous la main, même quand ce n'est pas de la SF comme Entrefer, mais j’admets que celui-là, je ne le recommande qu'aux passionnés : tout se passe dans la tête d'un accidenté dans le coma...
RépondreSupprimerEt la Culture est excellente, on la découvre dans Une forme de guerre, Excession ou L’usage des armes. Même s'il est souvent question de se confronter à des cultures différentes, voire incompatibles.
Je fais parti du fan club de Ian M. Banks et de son cycle de la Culture. Parce que "Une forme de guerre" est un sacré roman d'aventures avec une multitude de scènes d'action comme on n'en fait peu. Parce que j'adore les noms baroques de ses vaisseaux ("Turbulence atmosphérique claire", ça a quand même une autre gueule que "Foudroyant" ou "Charles de Gaulle"). Parce que ses drones ont une personnalité nettement plus rigolote que les avions sans pilote assassins de l'Amerik, et parce que "L'usage des armes" est un des meilleurs romans de SF de tous les temps. Eh oui, rien que cela. Comme quoi, les goûts et les couleurs... C'est un roman dont la noirceur glaçante m'a cessé de me hanter depuis sa lecture. Du sape opéra qui ressemble à une tragédie grecque. Du sape opéra qui n'hésite pas à se poser des questions comme : une société juste a t'elle le droit de se préserver en ayant recours à la plus extrême violence (celle que porte le service si bien nommé "circonstances spéciales") ? Intéressante question par les temps qui courent.
RépondreSupprimerAh là là, il ne faut jamais oublier de se relire. Sape opéra pour space opéra, c'est un rien honteux.
RépondreSupprimerPardon, pardon...
Je me suis demandé si c'était un jeu de mot volontaire sur soap opera.
RépondreSupprimerAh oui, cela aurait été rigolo.
RépondreSupprimerMais plus prosaïquement, je crains qu'il ne faille y voir la marque d'un correcteur automatique d'orthographe qui trop souvent n'en fait qu'à sa tête. Couché, sale bête !