The Drop


Il serait facile de faire un jeu de mot sur le titre de ce énième Harry Bosch. C'est la goutte d'eau qui fait déborder un vase déjà trop rempli depuis plusieurs romans. C'est la baisse d'un cycle qui avait pourtant donné de bien beaux moments polaresques. C'est la chute d'un personnage qui aurait dû rester à la retraite depuis des lustres.

Harry bosse sur ses traditionnelles affaires non-classées : une fille morte il y a 20 ans. On connait l'adage de Bosch : tout le monde compte. Sauf que fils de son pire ennemi (le conseilleur Irving) est retrouvé mort après une chute de plusieurs étages. Suicide, accident, meurtre ? Harry va au turbin et brasse la merde. Et comme il est têtu, il enquête en parallèle sur son cold case.

Le suicidé est donc tombé d'une suite du mythique château Marmont. C'est un hôtel de légende où John Belushi est mort d'une surdose, où Jim Morrison a fait une chute qui aurait pu le tuer et où Led Zeppelin a fait de la moto dans les couloirs. Bref, un endroit branchouille où la légende hollywoodienne s'est souvent écrite. Sofia Coppola y a tourné un film complet, c'est dire si c'est tendance. On s'attend donc de cette scène de crime une description inspirée, la découverte d'un lieu iconique qui aura autant de personnalité que le héros. Et ben non. C'est juste un joli nom pour faire dans le vent : du Marmont, vous n'apprendrez rien. Oh, l'intrigue du suicidé tient la route, elle est même pas mal foutue, avec un petit retournement final bien comme il faut. Elle met le nez dans des magouilles intéressantes. Mais c'est raconté avec un rare manque d'enthousiasme. On a l'impression que Connelly est totalement prisonnier de sa série et qu'il se parodie. Une histoire d'amour d'une nullité affligeante avec une nana qui bosse dans la réinsertion de criminels sexuels. Des scènes avec la fille d'Harry où son papounet la dresse méticuleusement à prendre sa succession (on sent que Connelly assure la pérennité de la saga) en lui apprenant les ficelles du métier, l'art subtil du tir de précision et l'amour du blues. Des relations avec son partenaire Chu qui repoussent les limites du cliché boschien (Harry bosse seul... Harry ne parle pas... Harry est intraitable.. Harry est ulcéré d'être trahi... Mais Harry sait donner une seconde chance...). Et surtout, surtout, un nouveau tueur en série. Pas un petit : plus d'une trentaine de victimes au compteur. C'est risible. Et même insultant pour le lecteur.

Commentaires