Le Bureau des atrocités, c'est un petit peu les employés de l'IT Crowd qui percutent Night Watch pour finir par s'encastrer dans le Minister of silly walks. On y suit Bob, un employé du département informatique d'une officine ministérielle anglaise (la Laverie) qui a pour mission de lutter contre les dangers non-euclidiens qui menacent notre monde. En effet, Lovecraft avait raison, il y a bien des choses indicibles tapies dans d'autres plans d'existence et qui rêvent de se repaître de notre santé mentale. Et malheureusement, l'informatique moderne rend bien plus facile l'invocation de ces puissances lointaines et tentaculaires. Alors il faut compter sur la vigilance constante des petits gars de la Laverie pour déjouer les intrusions plus ou moins accidentelles de créatures dotées de couleurs hors du spectre. Sauf que… les présences terribles et spectrales qui hantent des lieux impossibles où elles ne sont pas mortes (puisqu'elles dorment à jamais) ne sont pas le seul danger qui menace notre bon vieux Bob. Il y a pire : l'administration de la Laverie. Son organigramme et ses procédures internes ont été rédigés par Franz Kafka. Il y a finalement pire que l'Indicible : c'est l'Incompétence.
Et donc Bob est envoyé en mission tel un OSS117 de l'Unix inter planaire. Très souvent dépassé par les évènements occultes comme par les manigances de ses petits chefs, il est confronté à divers menaces magiques : invocations par des terroristes barbus, visite d'une colonie planaire nazie, vache transformée en statue… C'est du grand nawak. Mais c'est finaud. Charles Stross croise deux flux : l'informatique et les lovecrafteries, deux cordes sensibles chez l'homme de bon goût. Il élucubre du blabla jargonneux sur la géométrie et les requêtes SQL en rendant constamment hommage au maître de Providence. Pour ne rien gâcher, les maladresses de Bob et le regard cynique qu'il porte sur ses employeurs et son statut d'agent de terrain à qui l'on ne dit jamais rien aident à faire passer la pilule. On se reconnait tous en Bob, il est notre alter ego plongé dans une aventure écrite par un Lovecraft qui aurait vécu pendant les pires heures de la guerre froide. Un roman de John Le Carré qui prendrait pour héros ceux de Big Bang Theory à l'université d'Arkham.
Mon seul reproche, c'est que le roman est en fait deux longues nouvelles. J'ai en vain attendu un lien entre ces deux enquêtes. Je m'attendais vraiment à ce que Charles Stross arrive à relier Oussama Ben Laden, des nazis et un basilic dans une intrigue plus globale, mais non. L'auteur finit par un chapitre explicatif où il indique qu'il n'a pas lu Les Puissances de l'invisible de Tim Powers et encore moins joué au jeu de rôles Delta Green avant d'écrire son roman, deux œuvres pourtant très très proches de son délire pour admin lovecraftien. Ironiquement, il existe désormais un jeu de rôles dédié à l'univers de la Laverie (The Laundry). Le ruban de Möbius est bouclé.
Je l'ai lu sans déplaisir, mais je l'ai quand même reposé en me demandant "et alors" ?
RépondreSupprimerJe pense que je suis pas le bon public pour ce bouquin en fait...
Je dois dire que je suis assez fan de la série. Le suivant, "Jennifer Morgue", est pour le moment mon préféré de la série. "Fuller Memorandum", le dernier en date est beaucoup plus sombre.
RépondreSupprimerEt perso, les deux "middle names" de Bob Howard, Olivier et Francis, m'ont fait hurler de rire. C'est une grosse blague de geek anglais.
C'est le hic avec les private jokes : ça ne fait rire que les initiés.
RépondreSupprimerJ'ai aimé cette lecture, mais pas au point de m’empiffrer avec d'autres enquêtes du même type.
La couverture ! La couverture ! AAAAAAAAARGH MES YEUX !!!
RépondreSupprimerUn bon souvenir pour moi. Je n'ai pas lu la suite car les critiques étaient très moyennes.
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