Omar Khayyam est un jouisseur. Poète, philosophe, amant, amateur de vin : même dans l'Orient du XIe siècle, ce ne sont pas des valeurs partagées par tous, loin de là. Pour survivre à cette époque sans finir lapidé par des exaltés du prophète, il faut avoir des appuis politiques et être discret. Omar apprend donc à écrire ses poèmes les plus subversifs dans un livre qu'il tient secret. C'est l'histoire de ce livre qui nous est raconté dans Samarcande. Un livre qui changera de main à la mort d'Omar et qui servira à d'autres de support pour écrire des chroniques sur leur époque. Comme la naissance de la forteresse d'Alamût d'où descendra l’armée d'Assassins faisant la renommée du Vieux de la montagne, un ami personnel d'Omar. Un voyage dans le temps qui ira jusqu'aux premières années du siècle dernier et qui permettra au lecteur de constater à quel point plus ça change et plus c'est la même chose. Car comme l’auteur l’écrit si bien :
Les qualités qu’il faut pour arriver au pouvoir ne sont pas celles qu’il faut pour gouverner.
J'avoue avoir été déçu par le fait de ne pas apprendre grand-chose sur la ville de Samarcande car contrairement à ce que laisse penser le titre, ce n'est pas le sujet central du livre. La partie moderne m'a également moins inspiré que le tableau du XIe brossé par l'auteur qui raconte des histoires de califat et de schisme religieux avec une douce ironie. Voilà un monsieur qui me réconcilie avec l'Académie française (il faut dire qu'il pose son cul sur le fauteuil de Claude Lévi-Strauss) et qui me donne très envie de continuer de voyager en sa compagnie.
Procure-toi des danseurs, du vin et une charmante aux traits ravissants de houri, si houris il y a ; ou cherche une belle eau courante au bord du gazon, si gazon il y a, et ne demande rien de mieux ; ne t'occupe plus de cet enfer éteint, car, en vérité, il n'y a pas d'autre paradis que celui que je t'indique, si paradis il y a.
RépondreSupprimerJe garde un excellent souvenir des romans d'Amin Maalouf et notamment de "Samarcande", ainsi que de "Léon l'Africain"!
RépondreSupprimerLéon l'Africain est un classique qui se lit comme on boit un verre de pineau frai sur une terrasse d'un café une fin d'après-midi à la Rochelle.
RépondreSupprimerA lire absolument.
A lire également "Les Croisades vu par les arabes" qui n'est pas un roman mais bien les écrits des historiens arabes contemporain des croisades, avec le point de vue de l'auteur en toute fin sur les conséquences à très long terme entre Europe et Proche-Orient. La qualité d'écriture est la même que pour ses romans et l’intérêt historique est plus présent encore.
Merci, Léon l'africain est déjà dans ma PÀL, mais je vais également déborder sur les croisades vues par les arabes, c'est certain.
RépondreSupprimerSans vouloir tomber dans le travers de "balancer des noms", je glisserai deux mots sur mon plaisir à lire Le rocher de Tanios, en plus des ouvrages déjà cités plus haut.
RépondreSupprimerPour les amateurs de cases et bulles, je signale l'adaptation en BD du Périple de Baldassare par Joël Alessandra (scénario et dessin). Deux tomes sur les trois prévus sont déjà parus, avec un style à l'aquarelle qui donne beaucoup de lumière aux images.
Un grand merci à Cédric pour sa chronique grâce à laquelle je suis en train de dévorer le roman d'Amin Maalouf. Ça donne envie d'aller faire un tour du coté de Nichapur.
RépondreSupprimerJe pense tester Les Croisades Vues Par Les Arabes un peu plus tard.