Dans les années 20, celles qui font les belles heures des lovecrafteries les plus indicibles, le grand patron d’une compagnie minière (Arthur Vining Davis) décida qu’il allait construire la plus grande mine usine de production d’aluminium au Québec, au monde même. Et comme c’était un patron de son temps qui se souciait de sa main-d’œuvre, il décida aussi qu’il allait construire une ville pour loger ses ouvriers. Il fit donc appel aux architectes urbanistes les plus modernes qui dessinèrent les plans d’une ville nouvelle : Arvida (pour Arthur Vining Davis). Les 270 premières maisons furent construites en l’espace de 135 jours. Et des ouvriers venus de loin vinrent s’y installer, s’y marier, avoir des enfants et mourir le dos brisé par l'usine. Pendant la seconde guerre mondiale, l'usine d’Arvida produisit l’aluminium nécessaire à l’effort de guerre. Mais de nos jours, Arvida n’est plus qu’un quartier comme un autre. Sa modernité, sa spécificité arvidienne a disparu. Les fils d'ouvriers ont fui pour aller s’en vivre à Montréal.
En plus de l’aluminium, Arvida a produit des légendes, des histoires abracadabrantes et des menteurs comme Samuel Archibald qui raconte dans ce recueil de nouvelles des menteries aussi démesurées et atypiques que sa ville de naissance. Des racontars de chasse et de pêche où les hommes sont sur la boisson du soir au matin. Des bobards familiaux avec des oncles et des tantes au caractère bien trempé (normal, dans une ville-usine). Bref, toutes sortes de boniments qui composent le fond de commerce d’un excellent conteur capable aussi bien de vous raconter le sadisme d’une japonaise que de la tentative ratée de faire passer une sud-américaine aux États dans un road-trip digne de l’imbécilité des films des frères Coen. C’est pas croyable, mais c’est si bien raconté qu’on le regrette bien.
Je n'ai pas lu le livre mais en tant que Chicoutimien dont le père est originaire d'Arvida, je dois dire que si l'auteur affirme qu'Arvida est une ville minière avec une mine d'aluminium et une population de mineurs, il ment une fois de plus :-)
RépondreSupprimerIl n'y a pas de mines d'aluminium au Saguenay (ni ailleurs dans le monde, en fait) : on importe la beauxite de l'étranger et on la raffine dans les usines de l'Alcan à Arvida pour en extraire l'alumine, qu'on transforme ensuite en aluminium. Donc pas de mineurs qui descendent sous terre avec des pioches ou autres, si c'est ce qui est décrit dans ce livre.
Des histoires et des légendes, il y en a en revanche.
Hélas, l'erreur vient de moi, j'ai mis une mine là où il y avait une usine. Ça prouve bien moins la duplicité de l'auteur que ma profonde ignorance. ;o)
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