En 2077, la vie n’est pas géniale à Vancouver. Il y a de
belles technologies à base de réalité augmentée et de nanotrucs, mais en
contrepartie les États ont fait faillite, et ce sont désormais les corporations
qui dominent le monde et asservissent la populace. Un groupe de terroristes
commet donc des attentats pour faire vaciller le pouvoir corporatiste, et cela
provoque la mort de milliers d’innocents. Arrêtés et condamnés, ils réussissent
toutefois à s’échapper en… voyageant dans le temps. Un truc quantique qui les
renvoie dans le Vancouver de 2012. Sauf qu’une des policières qui les encadrait
au moment où ils ont fait leur saut temporel est elle aussi aspirée dans le
vortex. Et tandis que les terroristes vont essayer de reprendre leur lutte en
agissant cette fois avant que les corporations ne prennent le pouvoir, la flic
isolée va essayer de les arrêter. Sauf qu’au contact de notre époque (qui est
plutôt rose quand on a connu 2077), la perception morale de cette
révolution va se modifier. C’est vrai qu’une vie sans corporation qui te traite
comme un esclave, c’est pas mal.
Surfant sur la tradition cyberpunk et la récente crise
économique qui n’aide pas à être optimiste, Continuum est une série télévisée
canadienne (oui, ça existe) qui mélange un peu tout : le mouvement Occupy
Wall Street, la série policière classique, la menace intérieure, le 11
septembre, Big Brother, les OGM… C’est vraiment dans l’air du temps. Les
terroristes du futur s’appuient sur les mouvements contestataires actuels pour
empêcher une situation sociale castratrice qu’ils ont bel et bien connue. Ce ne
sont pas des gens qui se battent pour une utopie de salon. Et de son côté, la
flic du futur sait que son propre mari est impliqué dans les affaires
corporatistes et qu’elle-même n’est que le soldat qui protège la forteresse
corpo. Sauf que tout ça est en devenir en 2012. On peut encore changer le cours des choses.
La série est centrée sur la flic qui est très bien vue du
scénariste car comme par hasard, quand elle déboule en 2012, sa superbe
technologie qui devrait ne pas pouvoir se connecter au réseau arrive quand même
à le faire car le créateur de la nanotenue de combat qui poutre tout est déjà
super fortiche en 2012. Il n’a que 16 ou 17 ans mais c’est un vrai petit Tony
Stark dans son genre : la grange dans laquelle il cache son laboratoire
contient plus de matériel informatique que le service informatique du CERN. Et
ce personnage de jeune informaticien qui va être le Bill Gates du futur va
faire avaler bien des couleuvres technologiques au spectateur. Il pirate des sites
en tapant sur son clavier d’ordinateur comme une secrétaire de direction qui a
bu trop de boisson énergisante, il te reconfigure à la volée la technologie du
futur qu’il n’a pas encore inventée, repère des gens dans la rue en moins de
deux grâce au réseau de caméras de sécurité… C’est le festival du cliché
informatique.
Malgré certaines facilités scénaristiques (donc un épisode
avec un jeu vidéo en réalité virtuelle qui rend les joueurs fous, oui madame,
on n’a peur de rien), il se dégage une bonne ambiance de cette série. Chaque
épisode débute par une scénette en 2077, et c’est loin d’être kitsch pour une
série canadienne. Bon, il faudra passer outre les incohérences policières et l’inévitable coéquipier au grand cœur, mais le tout fonctionne étrangement
bien. Pas au point de trépigner dans le canapé pour voir la suite, mais c’est
un récit efficace. Il suffirait juste que la technologie du futur ne fonctionne
pas uniquement quand ça arrange le scénariste et que le SWAT n'agisse pas comme des adolescents qui jouent à Counter Strike pour que la série soit
recommandable. La première saison boucle un premier arc en 10 épisodes qui retombe bien sur ses pieds tout en offrant une fin ouverte bien pratique si la série était renouvelée. Et c'est tout le mal qu'on leur souhaite.
J'ai juste une petite question : pourquoi parler de terroristes à propos des activistes qui fuient 2077 ? Sont-ce eux-mêmes qui se qualifient ainsi, ou le pouvoir qui, comme à son habitude, n'aiment pas ceux qui résistent. L'état vichyste qualifiait de terroristes les résistants en lutte contre son pouvoir fasciste.
RépondreSupprimerA.C.
Terrorisme : Usage systématique d’actes de violence par une organisation politique.
SupprimerQuand tu poses des bombes et tue des civils, tu n'es pas un activiste mais un terroriste. José Bové est un activiste, Liber8 sont des terroristes.
J'ai vraiment bien aimé cette série. Je lui trouve quelques défauts, mais plein de qualité. Même si en effet il manque un petit quelque chose pour qu'il y ait une vraie excitation à attendre le prochain épisode, c'est quand même un show un cran au delà de pas mal d'autres séries.
RépondreSupprimerPour l'épisode des jeux vidéos - qui fait partie du milieu de saison un peu plus faible que le reste par ailleurs - çà ne m'avait cependant pas choqué : (spoilers ...) la technologie de manipulation mentale utilisée vient du futur via le bad guy Lucas (le black), donc finalement çà passe bien. Après tu mets peut-être plutôt en avant le fait que la série place les jeux vidéos (certes avec une techno futuriste autour) comme coupables alors qu'ils sont déjà de nos jours régulièrement pointés du doigt (à mes yeux sans aucune raison valable).
Sur la série en elle même, je trouve les avis assez tranchés : certains détestent, d'autres aiment vraiment bien. Parmi ceux qui détestent, il y a souvent la critique comme quoi la série, quand on la lit au premier degré, est une ode au capitalisme / corporatisme : l'héroïne défend les corpos, les méchants terroristes qui veulent bouleverser le système ont des pratiques totalement condamnables (attentats de masses, meurtres, violence), etc. Mais perso' je préfère la lire un peu différemment et voir une critique du système, justement, en espérant que sur la 2e saison çà aille dans le bon sens, que le personnage principal finisse d'une manière ou d'une autre par retourner sa veste (plusieurs indices laissent penser que çà va se diriger vers çà). La dualité du petit génie est intéressante aussi, au final, il n'est pas bien clair de quel côté il est en 2077.
Enfin pour finir ce long commentaire, un petit lien vers une BD absolument géniale en rapport : Des lendemains sans nuage (scénarisée par Vehlamnn, dessinée par Gazzoti). C'est un petit bijou. Des histoires courtes. Le thème ? Le futur est dominé par un petit génie, devenu tyranique et immortel. Le monde entier a une puce implentée à la naissance dont une directive empêche de porter la main sur le tyran. Un ingénieur part dans le passé pour essayer de modifier le cours du destin du futur tyran en l'aidant ... à développer sa carrière littéraire, étouffée malencontreusement dans l'oeuf à son adolesence. Sauf que le petit génie est le pire des écrivains au monde ... vraiment bien.
http://www.bedetheque.com/serie-1661-BD-Des-lendemains-sans-nuage.html
Le mélange de thèmes, de clichés et de raccourcis scénaristiques fait que j'ai une relation sado-maso avec la série - n'en étant qu'à l'épisode 3, je réserve mon jugement (d'ailleurs, je n'ai même pas lu ton article =)
RépondreSupprimerJe te rassure, moi aussi j'étais ambivalent tout au long des 10 épisodes.
SupprimerCe n'est pas une franche réussite, mais il y a suffisamment de bonnes idées et d'enthousiasme pour accrocher.
Le mélange de thèmes, de clichés et de raccourcis scénaristiques fait que j'ai une relation sado-maso avec la série - n'en étant qu'à l'épisode 3, je réserve mon jugement (d'ailleurs, je n'ai même pas lu ton article =)
RépondreSupprimer