Monty Python ! Petit précis d’iconoclasme



J’ai déjà publiquement dit mon attachement aux Monty Python en parlant de la biographie de Michael Palin. Je vais en remettre une couche aujourd’hui avec Monty Python ! Petit précis d’iconoclasme de Patrick Marcel (ci-devant traducteur du Trône de fer, entre autre). D’ailleurs écartons tout de suite le problème du conflit d’intérêt : oui, nous émargeons chez le même éditeur. Mais là s’arrête le copinage car j’ai acheté cet ePub avec mes deniers, ce n’est pas un renvoi d’ascenseur. Si je dis du bien de ce livre, c’est tout simplement qu’il a été écrit par un monsieur qui aime sa matière. Pas un fan transi mais quelqu’un qui reconnait que les Python n’ont pas toujours tutoyé l’excellence. Le livre est donc une mise en contexte du travail de la troupe. Les trajectoires individuelles, la rencontre, les turbulences de la création, les crises, la fin, l’après-fin… C’est bourré de détails sans pour autant devenir une hagiographie universitaire. Et surtout c’est écrit avec humour mais sans chercher le gag à tout prix.

Et on y apprend des choses passionnantes pour peu qu’on aime ces gars-là. Et comme en lisant la biographie de Palin, ce qui me frappe, c’est à quel point les sketchs incontournables des Python naissaient souvent de la contrainte technique ou budgétaire ou à quel point un détail permet parfois de magnifier une idée. Sacré Graal ! aurait dû se terminer chez Harold’s, par exemple. Mais la nécessité et le hasard ont fait que le Perroquet mort est désormais connu ainsi, et non comme un vulgaire sketch chez un garagiste tel qu’il était prévu au départ. Autre point marquant, c’est l’équilibre interne du groupe. Ils s’engueulent plus souvent qu’à leur tour, mais dès qu’on retire un membre des Python, le soufflé retombe. Leur dynamique n’est pas transposable chez d’autres. Si Graham Chapman n’avait pas cassé sa pipe (haha), on aurait sans doute vu le groupe se désintégrer à l’usure. À la place, on garde le souvenir d’un brillant collectif qui n’a pas eu le temps de mal vieillir comme Elvis. Et c’est tant mieux.

Les accusations de blasphèmes vis-à-vis de La Vie de Brian (qui ont été traitées dans un excellent téléfilm de la BCC il y a peu) démontrent bien que les intégristes de l’époque n’étaient certes pas barbus mais tout aussi agités du bocal. Certes, personne n’est mort à cause de ce film, mais l’acceptation du rire antireligieux reste tout de même un phénomène récent, même dans la vieille Europe.


Reste la question de l’influence des Pythons. Les suivants se sont logiquement construits en opposition à eux. Hugh Laurie et Stephen Fry n’ont pas eu d’autres choix que de les renier pour pouvoir exister. En France, Patrick Marcel regarde du côté des Nuls, des Robins des bois et d’Alexandre Astier.

Ce livre est un excellent voyage dans l’univers pythonien, sans doute pas LA bible définitive sur le sujet, mais une très belle ballade quand même. J’ai été par moment déconcerté par le traitement par média (radio, télé, cinéma) au lieu d’un choix plus chronologique, mais c’est véniel.

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