Quand on retrouve l’Ingénieur, la pièce maîtresse de l’échiquier
politique local, au Bercail, le coin de Vigata (ville fictive de Sicile) où les
prostituées exercent leur charge, c’est le branle-bas de combat. Il est mort
dans sa voiture, le caleçon encore tout maculé de plaisir. On dépêche donc sur
les lieux le commissaire Salvo Montalbano qui va devoir trouver une explication
à ce merdier. Car merdier c’est. À peine la mort de l’Ingénieur connue, les
grandes manœuvres commencent dans son parti. Il Dottor Montalbano va devoir déterminer
ce qui a poussé ce notable méticuleux et discret à venir dans ce coin crapuleux
de la ville. Il n’avait pas à se déplacer pour avoir des rapports tarifés, ça
va à l’encontre de la logique. Il y a donc baleine sous gravillon.
Il existe à ce jour 26 enquêtes du bon commissaire
Montalbano. Parce que je suis un iconoclaste, j’ai débuté la série par le
premier volume publié par Andrea Camilleri, son auteur. Je ne peux pas donc pas
faire un portrait du commissaire, je le connais mal. À dire vrai, on en apprend
peu sur lui dans cette enquête. Il vit une passion pour une Génoise nommée
Livia qui ne partage pas sa vie. Il est accommodant avec la loi. Pas corrompu,
mais flexible quand il s’agit de rendre service ou de faire les bonnes choses
de mauvaise manière. Et c’est un peu normal puisqu’il exerce en Sicile, un
haut-lieu de l’ambigüité morale. L’écriture est magnifique, Camilleri trucule à
longueur de pages, c’est un vrai plaisir. Il parait qu’en VO, l’auteur se fait
plaisir avec différents niveaux de langues entre l’Italien et le Sicilien, mais
évidement ça perd un peu à la traduction. Traductor trahitor, comme on dit.
Je sens bien que c’est sur la durée que la carrière du
commissaire Montalbano se savoure. Ce court premier roman m’a laissé sur ma
faim mais m’a ferré du premier coup. Même si elle est pour de faux, Vigata
résonne de véracité sicilienne et de cynisme policier. C’est là-bas un drôle de
sacerdoce puisque les gens du coin vous crèvent les pneus chaque jour. D’un
autre côté, la Mamma qui prend soin du héros a vu un de ses fils être arrêté
par le commissaire et ne lui en tient pas particulièrement rigueur. C’est dans
l’ordre des choses.
Il existe une série télévisée de la RAI d’une vingtaine d’épisodes.
Car Camilleri (87 ans aux prunes) a vendu plus de 2 millions d’exemplaires de
ses enquêtes. Et il n’a commencé à raconter la vie de son commissaire qu’à l’âge
de 69 ans. Ça laisse rêveur…
J'ai la chance d'avoir pu lire en VO quelques aventures du commissaire et c'est le pied.
RépondreSupprimerLe téléfilm qui passe sur France 3 (en France, je crois) n'est pas terrible, à mon avis.