Hommage appuyé au Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, La brigade de l'oeil raconte le futur d'une dictature insulaire où l'impératrice locale a décrété que les images était l'opium du peuple. Une force d'intervention a rapidement brûlé toutes les images du pays à grands coups de lances-flammes puis a doctement crevé les yeux de tous ceux qui ne respectaient pas l'embargo imagier. Et le récit débute vingt ans après cette révolution, tandis que la jeunesse pure (qui n'a jamais vu une image) a été patiemment élevé dans l'idée que les films étaient menteurs, les images trompeuses et la télévision abrutissante. Il reste peu d'images à détruire, aussi la brigade de l'oeil n'est plus l'avant-garde révolutionnaire d'antan mais une petite force de lutte contre le trafic d'images. Car évidemment, les images circulent sous le manteau, et la résistance cache soi-disant un trésor de guerre de films et de photos.
Le livre alterne deux points de vue : celui d'un vieux capitaine de la brigade intransigeant hanté par le souvenir fuyant (puisque sans image tangible) de sa femme morte et celui d'un gamin de 17 ans qui traficote des images. Les deux trajectoires vont fatalement se croiser et faire de sacrées flammèches. Le lecteur en apprend finalement peu sur la dictature locale, c'est en vain qu'il attendra une révélation finale sur le passé de l'impératrice ou sur les magouilles révolutionnaires nécessaires pour faire tourner une pareille boutique. Ce n'est pas non plus une analyse de la logique dictatoriale ou de l'omniprésence de l'image, c'est plus un mélange de violence et de nostalgie pour les classiques du cinéma. Il y a du Inglourious Basterds dans cette histoire. J'ai eu toutefois l'impression de lire une nouvelle qui étire la sauce. Plutôt qu'il cite un par un les films du top 100 d'IMDB, j'aurais aimé que l'auteur donne vie à son île qui n'a jamais réussi à exister tout au long de la lecture.
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