Les Innamorati


Dans une Renaissance italienne à la sauce fantasy, plusieurs personnages ont de gros problèmes dans leur existence. Une créatrice de masques de commedia dell'arte qui n'est plus capable de façonner de nouveaux masques depuis que son ventre est vrillé par des épines suite à une malédiction. Un poète qui a renié son art au point de s'abaisser à devenir juriste. Un acteur qui bégaye quand il y a des hommes dans l'assistance. Une Sirène qui ne peut pas parler suite à une grosse bisbille avec Orphée. Une prostituée qui fuit une accusation de meurtre (mais pas que) tandis qu'un vieux soldat la poursuit de ses assiduités. Je ne vais pas tous les lister, mais ces personnages très intéressants ont un point commun : ils veulent tous se rendre au Labirinto, un lieu mystérieux qui a la réputation de pouvoir défaire les malédictions et de permettre de changer de vie à ceux qui survivent à sa visite. Et donc, fort logiquement, après un premier tiers de roman présentant ces personnages, tout ce petit monde se croise et cohabite dans le labyrinthe. Le lieu est peuplé d'êtres mythiques (Bacchus, ses ménades, des satyres et autres créatures) qui imposent des épreuves  symboliques aux voyageurs. Car la rédemption ou le pardon, ça doit se mériter.

Et autant la mise en place du roman m'a charmé avec ces personnages hauts en couleurs et de très belles scènes mettant en lumière une troupe de théâtre, autant je me suis profondément enlisé dans les deux derniers tiers. Les rêves éveillés de 400 pages, c'est long, surtout quand ils ont lieu dans un dédale onirico-mythologique. Les épreuves s'enchaînent, l'un ose enfin avouer son amour à l'autre, qui vient de comprendre qu'il n'avait pas totalement fait le deuil d'un amour qui le hantait depuis et l'empêchait de jouir de la vie. Je sais que c'est classique de ces histoires, mais j'y suis insensible. Il y a beaucoup de matière dans ce roman (le jeu des masques de commedia dell'arte qui parlent est épatant) mais j'ai trouvé ça lourd à avaler puis à digérer. Pourtant Midori Snyder écrit superbement, c'est de la belle ouvrage. Dommage que les 400 pages qui se déroulent dans le Labirinto tranchent autant avec les prémices du roman. La faute, aussi, à mon manque de culture mythologique qui m'a sans doute fait passer à côté de beaucoup de subtilités.

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