Castle Waiting de Linda Medley



J'ai eu un succès considérable avec ma récente critique de Zita, la Fille de l'Espace (dont les ventes en France ont du doubler au moins grâce à mon billet), et je me suis donc dit qu'il valait peut-être le coup de vous parler de bande dessinées plus destinées à un public jeune voire très jeune que les critiques porno-chics de Cédric. Aujourd'hui, je vais essayer de vous expliquer pourquoi j'adore Castle Waiting, connu en Français sous le titre parfaitement littéral et parfaitement épouvantable de Château l'Attente (vous m'excuserez si je me cantonne au titre en Anglais pour la suite de cette chronique).

Je suis un amoureux des contes sous toutes leurs formes, et donc des contes de fées également. Castle Waiting commence comme une réécriture légèrement remaniée de la Belle au Bois Dormant, mais c'est une mise en bouche qui permet d'introduire le personnage central (bien que passif) de cette bande dessinée à savoir le Château abandonné de ladite Belle (qui une fois réveillée s'est rapidement carapatée avec son prince charmant) qui est devenu un refuge pour ceux qui vivent en marge de la société. Jain, jeune femme enceinte qui fuit visiblement un passé douloureux et un mari vengeur cherche le Château pour que son enfant puisse y naître en toute quiétude.

Passé l'introduction, le premier tome raconte l'arrivée de Jain au Château et la naissance de son enfant un peu spécial parmi les exilés qui y habitent (les trois demoiselles de la belle au bois dormant devenues vieilles filles, le majordome à tête d'oiseau, le chevalier à tête de cheval, Sœur Peace de l'ordre des Solicitines, la cuisinière et son gentil fils un peu benêt, etc.) puis se focalise sur une longue et délicieuse histoire de la vie de Sœur Peace et de son ordre religieux un peu particulier. Le second tome voit arriver au château deux nains (mais il ne faut pas les appeler comme ça, c'est malpoli) en quête d'une assistance un peu particulière.

Au-delà de l'indéniable talent graphique de Linda Medley, très ligne claire, ce qui fait la magie de Castle Waiting c'est la finesse des personnages et leurs attendrissantes bizarreries. Il n'y a pas à proprement parler de fil conducteur dans l'histoire principale, ce n'est finalement que le quotidien plutôt calme d'une vie de Château un peu (beaucoup) décalée. Mais ce quotidien présente mille opportunités pour raconter des histoires, et le passé des personnages est ainsi exploré petit à petit à travers ces mises en abyme narratives.

Au-delà du plaisir immédiat de la lecture de ce petit bijou, ce qui transparaît dans Castle Waiting c'est un amour des contes, à travers l'injection parfois subtile, parfois directe d'éléments tirés des grands classiques du genre. Le fait que Medley ait un humour particulièrement fin fait également partie de ce qui rend cette bande-dessinée si délicieuse.

J'ai lu Castle Waiting avec mes fils en Anglais (ce fut long et un peu laborieux, forcément) et ils ont adoré. Plusieurs scènes de la bande dessinée sont devenues des références chez nous, petites touches d'humour familial partagé. Contrairement à Zita, je ne pense pas que ça puisse être lu à une enfant de 5 ans, il y a trop de texte et sans doute des situations sociales trop subtiles pour qu'ils les comprennent, mais à partir de 7-8 ans ils prendront énormément de plaisir à lire cela seuls. Ce n'est pas une BD pour enfants à la base, mais c'est une BD 100% compatible enfants.


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