Épisode 9
Numéro 83 de la collection Fantastique / SF / Aventure, 1983
En deux mots
Nous sommes en 1997. Soudain, l’humanité perd le contact avec de
gros morceaux de Norvège, de Suède et de Finlande. Silence total, plus aucune
communication.
Le héros, membre d’un Institut de parapsychologie basé à
Chicago, entreprend de se rendre dans la « zone morte », et y
découvre une invasion extraterrestre pas tout à fait comme les autres.
Pourquoi c’est bien
Le Grand Kirn est un roman court, efficace, bien écrit et qui n’a pas trop
vieilli – enfin si, beaucoup dans ses aspects « science-fiction »,
mais assez peu pour ce qui est des ressorts de l’intrigue.
L’angle parapsychologique, télépathie, précognition et tutti quanti, ne me passionne pas plus
que ça, mais reste gérable, dosé juste ce qu’il faut pour donner un avantage
aux héros le moment venu, sans les rendre trop puissants au début.
La deuxième partie du roman, où l’on voit les envahisseurs,
soutenus par des foules d’humains enthousiastes, développer des partis
pro-invasion dans les régions épargnées, a un petit arrière-goût de guerre
froide, mais si on fait l’effort d’oublier les années 50, ça redevient assez
glaçant.
Pourquoi c’est lovecraftien
L’humanité aux prises avec une menace incompréhensible qui lui
tombe dessus d’un seul coup, sans avertissement ?
L’humanité, mi-fascinée, mi-trompée, collaborant à sa propre
destruction ?
C’est assez raccord, vous ne trouvez pas ?
Le livre se termine par « Car
nous savons maintenant que nous ne sommes pas à l’abri, hélas ! de menaces
venues des étoiles qui brillent la nuit au-dessus de nos têtes. » Cela
rend assez bien l’ambiance d’ensemble…
À un autre niveau, il n’y a qu’un très léger déplacement de
caméra à faire pour qu’on réalise que le responsable de tout ce chaos est en
réalité un shoggoth plus gros et plus malin que la normale, et que les « envahisseurs »
sont de simples bricolages biologiques, qu’il a peut-être trouvé dans des
ruines d’un avant-poste des Anciens.
Reste une grosse différence avec un récit lovecraftien : le
narrateur établit d’emblée que l’humanité s’en est sortie. Il y a eu des
millions de morts et des pays entiers ont été ravagés, mais la crise est finie
et il va nous expliquer ce qui s’est vraiment passé.
Pourquoi c’est appeldecthulhien
On a affaire à une poignée de héros s’efforçant de sauver la
Terre d’une invasion par des entités inhumaines. Bien sûr, personne ne comprend
ce qu’ils font, tout le monde les prend pour des cinglés (sauf les
envahisseurs), et ainsi de suite.
Alors certes, ces héros-ci ont des pouvoirs psis, mais
considérant qu’ils sont peu puissants, pas très fiables, et que leur
utilisation près des envahisseurs est dangereuse, ça fonctionnerait aussi en
jeu…
Par ailleurs, rien n’oblige les envahisseurs à agir de manière
aussi voyante. On peut tout à fait imaginer des variantes plus insidieuses où
ils prennent juste une poignée de villages et de petites villes et mettent leur
plan en œuvre plus discrètement… et seuls nos héros, qui cherchaient un
raccourci que jamais ils ne trouvèrent, ont vu l’horrible vérité et s’efforcent
de convaincre un monde incrédule que le cauchemar à déjà commencé. Là, vous
êtes complètement « dans les clous » de L’Appel de Cthulhu.
Bilan
Moyennant
un peu de bricolage, Le Grand Kirn
peut vous donner un début de campagne atypique avec invasion ouverte par les
forces du Mythe. Et à part ça, c'est un bon roman, efficace et vite lu.
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