C’est l’histoire d’une
jeune femme qui se réveille amnésique dans un parc. Autour d’elle, il y a les
corps de plusieurs de ses agresseurs, qui revêtent des gants en latex (two by
two, hand in blue ?). Heureusement, dans la poche de l’héroïne se trouve une
lettre écrite par elle-même avant l’amnésie pour donner des instructions et des
explications à la nouvelle personnalité qui occupe le corps. Car en fait, la
demoiselle est un cadre important dans une organisation occulte qui protège le Royaume-Uni
des menaces ésotériques les plus folles et des dragons, vampires et autres
créatures. Cette organisation, nommée la Checquy (en référence aux échecs), emploie des individus qui ont
des pouvoirs surnaturels. Notre amnésique est d’ailleurs dotée de la
possibilité de contrôler les sens et mouvements des gens qui l’entourent. Et
donc elle cherche à déterminer qui au sein de son organisation a provoqué sa
perte de mémoire (qui lui a été prédite par un canard oracle, oui madame) tout
en repoussant les attaques d’une cabale d’alchimistes belges spécialisés dans
les modifications corporelles extrêmes.
Entendons-nous bien, je n’ai rien
contre l’absurde british, j’ai déjà passé des plusieurs heures de ma vie à
regarder des anglais se déguiser en grand-mère à la télé. Alors si un
Australien vivant en Ohio veut faire de l’espionnage loufoque, pourquoi pas ?
Encore faut-il que ça soit bien fait. Déjà, le coup de l’amnésie qui fait que
le lecteur est au même niveau de méconnaissance que le héros, c’est un cliché
narratif plus éculé qu’une blague des Grosses Têtes. Et les génies de l’espionnage
qui laissent une suite de lettres incriminantes dans les poches de leurs
vêtements dans l’espoir que leur moi prochain les lisent tout en y révélant des
secrets qui remettraient l’équilibre surnaturel en question, c’est pas bien
futé. Surtout quand les fameuses lettres sont tantôt rédigées comme des vraies
lettres puis basculent sans raison dans la narration pure avec des dialogues et
des descriptions qui ont le même style que le reste du livre. Et que dire de la
nouvelle personnalité de l’héroïne, qui par la magie de l’amnésie passe de
comptable peureuse à castagneuse dotée de répartie ?
Les plans des méchants sont débiles
(en même temps, quand on désigne des alchimistes belges comme antagonistes
principaux de son roman, on dit tout de suite au lecteur qu’on va un peu se
foutre de sa gueule), les manigances internes à la Checquy sont d’un ridicule
consommé (ahah, mon plan secret fonctionne parfaitement, même si j’aurai bien
du mal à vous en expliquer les motivations), les révélations poussives (dont un
magnifique « Et là, j’ouvre la porte, et je vois le traître que je cherche
depuis des mois, mais je ne dis pas son nom au lecteur, je termine le chapitre
abruptement, enchaîne avec une énième lettre de l’ancienne personnalité avant
de revenir avec un chapitre qui dit « Mais quoi comment, le traître c’était
donc vous ? », le tout sans aucune honte »), les pouvoirs sont à
efficacité très variables tout au long du récit, comme souvent dans ce genre d’intrigue
où l’auteur est bien content d’avoir des personnages obligés de faire ce qu’il
veut au lieu de PJ qui démontraient son scénario en moins de deux…
Bref 650 pages pas inspirées. Je ne
sais pourquoi, je me suis fait violence pour terminer ce truc, uniquement pour avoir
l’identité du traître (ce qui était bien évidemment décevant). Et là j’ai
compris que ce n’était qu’un premier livre et qu’une suite allait continuer la
saga. Bref, The Rook, c’est comme si quelqu’un avait lu The Laundry et décidé
que ça serait plus rigolo en remplaçant le cynisme par du vrai humour drôle. Et
des clichés, parce qu’on aime tous ça.
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