Presse: un peu d'Histoire

Si je devais ramener mes passions à quelques mots synthétiques et conceptuels, ils seraient deux: ludique et histoire. J'aime les histoires, j'aime les raconter ou que l'on m'en raconte quel que soit le format et le média. A ce titre, j'aime autant les histoires imaginaires que la vraie, la nôtre, l'Histoire avec un grand H, qui est quand même une formidable saga.

Tout dépend de qui l'écrit, vous me direz. Or justement, le choix de manque pas dans les rayons Histoire de nos kiosquiers C'est bien simple, c'est l'opulence! A part les magazines télé et la presse d'actualité généraliste, je ne vois pas de rayon mieux garni, pas même la presse people - qui vend certainement beaucoup plus, mais centrées sur quelques revues fortes plutôt qu'une offre large.

Selon vos goûts, vous pourrez ainsi trouver des revues d'Histoire généralistes (Historia), parfois spin-off de "grande marque" (Geo Histoire, National Geographic), et une quantité intimidante de revues très spécialisées, en général autour du sujet de la guerre et avec une prédominance forte de la 2e Guerre Mondial et de la période Napoléonienne (bien aidé ces dernières semaines par le bicentenaire de Waterloo). A ce panel déjà large, il faut rajouter les hors-séries de la presse généraliste comme ceux du Monde ou du Point.

Du côté des généralistes, la revue "l'Histoire" est de loin ma préférée. Son style est à la fois précis et synthétique, passionné mais pas pédant. Comme le reste de la presse sur le sujet, elle offre surtout une approche plus grand public, loin des publications en librairie dominées par les études universitaires difficile d’accès, sans pour autant céder à un contenu trop léger.

Voici un petit tour de leurs collections et de leurs dernières publications.


La revue régulière

J'achète en fait rarement les numéros "réguliers" des revues d'histoire. La raison est simple: j'ai beaucoup de mal avec l'accumulation d'articles sur des sujets tellement variés qu'ils entretiennent souvent peu de rapport entre eux, si ce n’est de se situer dans notre passé. Le numéro d'été de l'Histoire fait exception, car il est quasiment entièrement consacré à un seul sujet, cette année la 2nd Guerre Mondiale s
ur le théâtre asiatique, un sujet bien plus original qu'il n'y parait de prime à bord.

"2nd Guerre Mondial" est en effet un terme aux contours flous, ne serait-ce que sur le plan temporel. Si la postérité la fixe entre 1939 et 1945 (1), la plupart des historiens s'accordent pour faire varier sa fin et son début selon les pays. Les conflits perdurent par exemple en Chine jusqu’en 49 et la victoire de Mao, et que dire du Vietnam, qui les subit jusqu’en 75, avec deux guerres conséquences directes de l’occupation Japonaise! Même topo pour les premières hostilités. L’Asie, ce n’est pas seulement le front pacifique, vision très américaine. Pearl Harbor n’est en effet que le résultat d’une logique d’expansion qui se concrétise dès 1937, avec les premières attaques du Japon sur le Chine, voir en 31 avec la prise de possession de la Mandchourie par les nippons.
(1) Et encore le placement exacte de ces bornes sont discutés: r les Russes fêtent la fin de la guerre le 9 Mai et non le 8, officiellement en raison du décalage horaire, officieusement pour d'évidentes et nombreuses raisons politiques.
Ce numéro replace le conflit dans cette (large) optique asiatique, offrant ainsi une vision souvent ignorée des manuels d'histoire en France. De nombreux articles clarifient aussi, au-delà des conflits, la situation sociale et politique de la région, faisant au passage volé en éclat quelques idées reçues comme la naissance d’un sentiment national au Japon, absolument pas marque de fabrique de la société Japonaise mais résultat d’une logique politique, psychologique et répressive parfaitement maîtrisée, au cours de la première moitié du XIXe.

Ce dossier offre de nombreuses clés pour comprendre le monde Asiatique moderne. Pour les rôlistes, c’est une lecture quasi indispensable pour compléter le dernier supplément Achtung Cthulhu sur le front pacifique!


Les hors-séries Paris Match

Bien que classé presse people, Paris Match se positionne sur un segment largement plus haut de gamme que la plupart de ses concurrents. La revue dispose, notamment, d'un fond photographique absolument exceptionnel. Lorsqu'elle met ce dernier, ainsi que sa capacité de production, au service des rédacteurs de l'Histoire, le résultat mérite un peu d'attention (2)
(2) l’Histoire s’associe régulièrement avec d’autres organes de presse pour publier des numéros spéciaux. Ce fut déjà le cas avec le magazine d’actualité Marianne autour d’un HS sur Corto Maltese.
Deux numéros sont ainsi sortis, l'un l'année dernière, l'autre cette année, consacrée, là encore, à la 2e Guerre Mondiale – sur la libération de la France et la chute de Berlin, respectivement. Si les aspects militaires ne sont pas ignorés, d’autres thématiques d’ordre politiques et sociales, connexes mais essentielles, sont abordées dans ces numéros. Le tout est accompagné d'une iconographie très riche, qui, Paris Match oblige, sait parfois ignorer les personnalités les plus connues pour celles plus terre à terre, mais plus représentatives, du peuple et de la vie "de tous les jours" - pour autant que l'on puisse utiliser un tel terme pour cette période.

Au même titre que le précédent numéro que j’évoque, les rôlistes trouveront une mine d’or dans ces pages, intrigues haut niveau pour nourrir un scénario ou des personnages plus consistants.

A noter que le dernier numéro paru à ce format, sur l'histoire des forces spéciales, s'est cette fois fait sans le concours de l'Histoire.


Les "Collections"

Cette série, qui parait à raison de 4 numéros par an, est tout à fait représentative de la démarche d'accès grand public à l'histoire, à l'opposé des approches universitaires et pointues. Avec moins de 100 pages, cela pousse forcement à la concision. Après quelques numéros successifs brossant l'histoire de quelques nations (Allemagne, Australie, Portugal...), généralistes vu la pagination, mais intéressants pour sortir un peu des images d'Epinal, le dernier numéro change d'optique avec un sujet plus transversal.

Derrière un titre, « L'Age d'or des Abbaye »,  fort peu aguicheur se cache en fait un sujet tout à fait passionnant. Les Abbayes, à leur apogée, ont en effet acquis une importance capitale dans la vie Européenne, et Française en particulier. Il y eu même des ecclésiastes pour assurer la régence en l'absence du Roi, en lieu et place d'un membre de la noblesse d'épée, c’est dire!

Ce numéro tisse une toile sur deux plans. Un plan général, d'une part, qui évalue les influences (considérables) des abbayes en général, et de quelques cas notables en particuliers. L'autre plan est plus pragmatique et concerne l'organisation et la vie pratique au sein des abbayes. L'intérêt pour donner corps et crédibilité à vos campagnes du Trône de Fer (entre autre jeu de rôle…) est immédiat, le tout sans s'en palucher des kilo-pages, et pour le simple prix d'une revue.

A noter que vient de sortir le dernier numéro de la collection, sur la Renaissance de François I. Son intérêt est, là encore, de ne pas aborder la période de manière chronologique, mais thématique. La vie à la cour, les arts, la science... Il n'existe pas de JdR sur la période (Te Deum se déroule sur la fin de la Renaissance plus que le début), mais il y a sûrement des idées à reprendre pour renforcer le côté Renaissance de vos parties de Warhammer, ou là encore comme source d’idée pour Games of Trone.

Commentaires

  1. (Le blog il est méchant, il mange mes commentaires... Ouin. Donc je disais):

    Je recommande pour les Suisses mais aussi pour les autres la revue "Passé Simple" d'archéologie et histoire romande, avec des articles sur des personnages / lieux / ... moins connus, le "côté Suisse" de certaines figures historiques, ou encore du debunkage (je sais pas comment on dit en français...) de mythe historique...

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