James
Ellroy. Je l’ai connu via L.A.
Confidential en film, puis j’ai essayé de le lire avec Le Dahlia noir, un polar inspiré par le meurtre de sa propre mère. C’était
intense. Ça cognait, quoi. Des flics violents, corrompus, avec une étrange
droiture. Mickey Cohen, des femmes fatales, des acteurs homosexuels, des matchs
de boxe… Je me souviens avoir peiné sur ces livres, il y a dix ou vingt ans. Et
après son quatuor centré sur Los Angeles et sa trilogie américaine, Perfidia est le premier titre d’un
nouveau quatuor prenant toujours pour cadre la cité des anges mais dans les
années 40 au lieu des années 50. Une bonne raison pour réessayer de lire du
Ellroy, quoi.
Et donc
quelques jours avant l’attaque sur Pearl Harbor, des flics du LAPD enquêtent
sur l’assassinat d’une famille japonaise. Forcément, ça va être délicat car le casus
belli japonais va rapidement mettre le
feu aux poudres d’un patriotisme aveugle. On va vite mettre les résidants
japonais en camp, par mesure de précaution et par peur d’une cinquième colonne.
Surtout que l’enquête va impliquer un scientifique du LAPD qui est d’origine japonaise.
Le hic ? Le
récit met en scène 88 personnages différents. C’est infernal. On est
constamment en train de passer d’un point de vue à l’autre. Oh, c’est bien
écrit, Ellroy est en total maîtrise de son style, mais on est noyé dans la
masse de protagonistes qui font vivre ce décor. Et bon nombre de ces
personnages étaient déjà présents dans l’un des sept précédents livres de l’auteur.
C’est donc du fan service permanent. T’as
vu, lui là, c’est un merdeux mais plus tard tu sais qu’il deviendra important.
Tu le sais, hein ? Et ça veut aussi dire que les scènes de boxe, les
éruptions de violence des flics sous tension, les magouilles entre chefs de la
police et de la mafia, les prostituées qu’on opèrent pour qu’elles ressemblent
à des stars d’Hollywood… tout ça je l’avais déjà lu dans les deux romans d’Ellroy
sur lesquels je m’étais déjà autrefois étouffé.
Pire, j’ai
eu tout du long l’impression que l’auteur était complaisant avec ses
personnages. Quand ses flics irlandais pintés traitaient leur prochain de
chinetoque ou de sale pédé, l’écriture semblait trahir la jubilation de l’auteur.
Bon, faut dire qu’Ellroy se revendique ouvertement conservateur et réac’, alors
ça teinte forcément son travail, surtout quand il s’entête à écrire des
histoires amorales dans un décor en dégradés de gris.
Bref, j’ai
trouvé ça poussif, pas nouveau et souvent gratuit. Je pensais en apprendre plus
sur la situation des japonais pendant la guerre, mais comme Ellroy s’en moque
éperdument, je suis resté sur ma faim. Ce nouveau quatuor sent bon l’éternelle
redite du polar qui veut faire absolument dans le noir c’est noir il n’y a plus
d’espoir (ohoh). Pas besoin d’en tartiner des tomes et des tomes, on avait
compris dès le début.
Tout à fait d'accord...
RépondreSupprimerEncore un surfait médiatique...
Marrant, le cheminement que tu as eu avec Ellroy est aussi précisemment le miens. Découvert avec le formidable film LA Confidential (le seul rôle d'envergure de Kim Basinger?), j'ai lu Black Dahlia avant d'aller voir la piètre adaptation de De Palma. L'écriture anarchique (s'il avait écrit de la SF, ca aurait été du cyberpunk à la Gibson) et la quantité effroyable de personnages ont eu raison de moi. Ellroy, no more.
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